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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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leva.
    — J’en ai terminé, Monseigneur. Il n’existe ni groupes rebelles ni conspirateurs parmi les templiers. Nous nous trouvons simplement en présence d’une tentative de discrédit à leur encontre, visant à ce que le roi Édouard dissolve l’ordre et aplanisse ainsi le chemin pour Philippe le Bel. Legrave était l’instrument du complot dont les racines plongent dans l’âme diabolique des conseillers du roi de France.
    — Moi aussi, j’en ai fini.
    Amaury de Craon se leva si brusquement que son siège se renversa avec fracas.
    — Monseigneur, je refuse de rester ici une minute de plus pour entendre des sornettes et des insultes envers mon souverain et moi-même. Nous ne manquerons pas d’élever de solennelles protestations auprès du roi Édouard et auprès du Temple de Paris.
    — Libre à vous de quitter ces lieux quand vous le désirez, dit sèchement Jacques de Molay. Comme vous l’avez souligné, vous êtes un envoyé accrédité auprès de la Couronne. Je n’ai aucune autorité sur vous.
    Le Français ouvrit la bouche pour répliquer, mais il se ravisa et, suivi de son clerc vêtu de noir, se dirigea dignement vers le seuil, en regardant droit devant lui. Ce ne fut qu’en passant devant Corbett qu’il se départit de cette attitude. Il le fixa avec tant de haine que celui-ci en frémit. Le clerc attendit que la porte se referme violemment et que décroissent les appels de Craon réclamant ses chevaux et ordonnant à ses serviteurs de le rejoindre, pour déclarer :
    — Il va retourner à York et protester énergiquement auprès de notre souverain. Demain, à cette heure-ci, il sera en route pour le port le plus proche afin d’embarquer pour la France. Moi aussi, je dois prendre congé, à présent.
    Il observa Legrave. Les mains entrelacées, le templier contemplait les ténèbres, remuant les lèvres sans bruit. Corbett espérait pouvoir lui épargner l’ultime humiliation.
    — Vous ne pouvez pas partir, déclara Jacques de Molay.
    — Mais vous m’avez donné votre parole !
    — Lorsque toute cette affaire sera finie. Ce qui n’est pas le cas.
    Il se tourna vers Legrave.
    — Sir Ralph Legrave, commandeur de cet ordre, qu’avez-vous à répondre à ces accusations ?
    Symmes, assis près du traître, lui empoigna le bras et le secoua. Legrave se dégagea, comme s’il voyait quelque chose dans les ombres au fond de la salle.
    — Votre réponse ? insista Molay, implacable.
    — J’appartiens à l’ordre des Templiers.
    — Vous êtes accusé de crimes abominables, répliqua Branquier. Votre cellule et vos biens vont être passés au peigne fin.
    Legrave sortit de son hébétude.
    — Ce n’est pas la peine.
    Il effleura sa bouche.
    — Vous trouverez les preuves dans ma chambre.
    Il jeta un bref coup d’oeil à Corbett en se mordillant la lèvre.
    — Eux ne trouveront peut-être pas, mais vous, si. Craon m’avait prévenu à votre sujet. J’aurais dû vous abattre tout de suite. Nous avons mérité de mourir.
    Il haussa la voix.
    — Nous sommes des templiers, des hommes qui ont juré de combattre l’Infidèl. Mais maintenant, regardez ce que nous sommes devenus : des banquiers, des marchands, des fermiers. Des hommes comme frère Odo, revivant les gloires passées, ou comme Reverchien et son stupide pèlerinage quotidien, ou Baddlesmere avec son penchant pour les jeunes gardes, ou Symmes et son faible pour la boisson ou encore Branquier et ses livres de comptes... Quel espoir pour nous ? Je me suis fait templier, poussé par une vision, aussi noble et sacrée que la quête du Graal.
    Du geste, il menaça Jacques de Molay.
    — Le roi de France a raison. C’est la fin de notre ordre. Pourquoi garder nos richesses ? L’ordre devrait être dissous, rattaché à d’autres et chargé d’une autre mission.
    — Mais vous, que vous a-t-on offert ? demanda Corbett, curieux de savoir ce que Philippe le Bel avait proposé à ce Judas.
    — D’être chevalier banneret à la cour de France, de recevoir manoirs et domaines, d’être relevé de mes voeux. De pouvoir rattraper le temps perdu, de me marier et d’avoir un héritier. Au moins, cela, c’est un but. Tôt ou tard, la tempête va s’abattre et la maison des Templiers, bâtie sur le sable, va trembler et s’effondrer, et cette chute lui sera fatale.
    Corbett s’approcha de lui.
    — Vous êtes un menteur ! lança-t-il. Et un pleutre. Vous avez déjà trahi vos frères à

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