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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Saint-Jean-d’Acre, autrefois.
    Legrave esquissa un mouvement de recul en entendant le sifflement de colère émis par les autres templiers.
    — Quoi ? Que voulez-vous dire ? bégaya-t-il.
    — J’ai rencontré un chevalier, un templier, à la maladrerie d’York. Un homme retenu prisonnier pendant des années par les Assassins. Il ne m’a pas dit son nom. Il se faisait appeler l’Inconnu, mais il m’a parlé d’un templier anglais qui avait déserté son poste à Saint-Jean-d’Acre et causé, ainsi, la perte de ses frères d’armes.
    — J’en ai entendu parler, intervint Branquier.
    — Vous avez fui, n’est-ce pas ? insista Corbett. Et les Français l’ont su. Non seulement ils vous ont offert de l’argent, mais ils vous ont menacé de révéler votre lâcheté.
    Legrave acquiesça et, agité de sanglots silencieux, enfouit son visage dans ses mains.
    — Vous reconnaissez-vous coupable ? murmura Branquier.
    — Il doit être jugé ! tonna Symmes.
    — Il a été jugé ! répliqua Jacques de Molay, se dressant. Et déclaré coupable.
    Le grand maître dégaina son épée du fourreau accroché au dossier de sa chaise. Il fit le tour de la table et s’arrêta en foudroyant Legrave du regard. Il leva l’épée en la tenant par la garde, comme un prêtre brandit une croix.
    — Moi, Jacques de Molay, grand maître de l’ordre des Templiers, vous déclare – vous, Sir Ralph Legrave, chevalier du même ordre – coupable d’assassinat et de haute trahison. Qu’avez-vous à dire ?
    L’accusé leva la tête sans un mot.
    — Le jugement a été rendu, proclama Molay. L’exécution aura lieu demain, à l’aube.
    — Vous n’avez pas le droit ! s’exclama Corbett.
    — Retournez à votre chancellerie ! rétorqua Jacques de Molay. Vérifiez actes et statuts, chartes et autorisations royales. J’ai droit de haute et basse justice.
    Il scruta le visage du condamné.
    — Je vous le demande encore une fois : avez-vous quelque chose à ajouter ?
    — Rien, sinon que...
    Legrave parcourut la salle du regard pour la dernière fois.
    — ... tout cela va disparaître, murmura-t-il, car notre cause n’existe déjà plus. Nos jours sont comptés. Notre maison va s’écrouler.
    Molay alla sur le seuil et en revint avec des sergents. Symmes aida Legrave à se relever et le grand maître lui ôta son baudrier, symbole de son rang de chevalier.
    — Qu’on appelle un prêtre ! ordonna Jacques de Molay d’une voix rauque. Qu’il reçoive l’absolution.
    Le prisonnier fit demi-tour et, sans un regard en arrière, quitta la salle sous bonne escorte.
    Corbett s’avança vers le grand maître, mains tendues.
    — Monseigneur, je vous dis adieu.
    Molay lui saisit le poignet avec une telle force que Corbett prit peur et que Ranulf s’approcha en jurant.
    — Vous êtes notre invité, déclara le templier. Il est trop tard pour que vous repartiez. Vous êtes les envoyés du roi. Rendez-lui témoignage de notre justice.
    Le coeur de Corbett fit un bond dans sa poitrine. Molay avait raison. Il lui faudrait assister à l’exécution de Legrave. Le roi l’exigerait.
    — Des objections ? demanda le grand maître avec curiosité, sans relâcher son étreinte.
    — Je n’aime guère voir mourir mon prochain, répliqua Corbett. Surtout sur le billot.
    Jacques de Molay le libéra.
    — Ce sera rapide, affirma-t-il à mi-voix. Veuillez ordonner à vos serviteurs de se retirer. Branquier et moi avons à vous parler.
    — Messire, protesta Ranulf, ce n’est pas...
    — Sir Hugh n’a rien à redouter de notre part, le rassura Molay. Nul ne lui nuira. Vous avez ma parole.
    Sur un geste de leur maître, Maltote et Ranulf se dirigèrent de mauvaise grâce vers le seuil.
    — Attendez-le à l’hostellerie ! leur lança le templier. Cela mettra peut-être un certain temps. Vous n’avez rien à craindre.
    Une fois la porte refermée, Jacques de Molay invita Corbett à s’asseoir entre Branquier et lui.
    — Vous aviez deviné, dit Corbett.
    — J’avais compris l’inscription gravée par Baddlesmere, mais je ne voyais pas comment elle pouvait être vraie.
    — Et le rôle du roi Philippe ?
    — L’idée m’en a traversé l’esprit. Legrave était souvent absent du chapitre général, à Paris. Je me suis demandé s’il ne rencontrait pas des agents du roi de France. Celui-ci nous a toujours considérés comme une épine dans le pied. Nous lui rappelons constamment comment son

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