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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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premier à réagir : il recula violemment son siège et se rua dehors. Corbett et les autres se précipitèrent à sa suite. Une scène qu’on aurait dit tout droit surgie de l’Enfer les attendait aux cuisines, vaste salle aux dimensions de caverne, où poêlons, marmites et coquemars pendaient aux murs : près du four, l’un des cuisiniers hurlait, transformé en torche vivante, devant ses compagnons pétrifiés d’horreur. Le feu avait pris à son tablier et des flammèches couraient sur ses chausses et sur la serviette qu’il portait autour du cou. Le malheureux chancela soudain et s’écroula sur les genoux.
    Ranulf lui versa un grand seau d’eau dessus, et, aidé de Maltote, saisit de la grosse toile, près d’une panière, pour le recouvrir et étouffer le brasier. Corbett jeta un rapide coup d’oeil aux templiers. Jacques de Molay s’était détourné, face au mur. Odo et les quatre autres commandeurs ne pouvaient détacher leurs regards épouvantés du queux dont les plaintes se muèrent en gémissements avant de cesser entièrement. Enfin, la silhouette tordue de douleur s’immobilisa. Ranulf, les mains et le visage noircis par la fumée, ôta la toile. Le cuisinier gisait sans vie, carbonisé. Vision d’Apocalypse. Maltote eut un haut-le-coeur et fonça vers la cour.
    Les gens des cuisines – marmitons, queux, garçons rôtisseurs – s’écartèrent des templiers. L’un d’eux renversa un pot d’étain qui chuta avec fracas.
    — Il riait, murmura un cuisinier. Il riait, et la minute d’après, voilà qu’il prend feu. Vous avez vu ? Les flammes l’ont dévoré.
    Il fut terrassé par la panique et ses yeux roulèrent dans ses orbites. Puis il se reprit.
    — Nous plaisantions et il s’était mis à rire.
    Il se boucha soudain le nez, à cause de la puanteur.
    — Comment s’appelait-il ? demanda calmement Corbett.
    — Peterkin. Il habitait dans Coppergate, avec sa mère. Il était ambitieux, ça c’est sûr, il rêvait d’avoir sa propre rôtisserie.
    — Emportez le corps ! ordonna Jacques de Molay aux sergents qui s’agglutinaient sur le seuil du réfectoire. Recouvrez-le d’un drap et transportez-le à l’infirmerie.
    Les serviteurs continuaient à s’approcher de la porte en catimini. Le maître queux, épaules massives et crâne dégarni, s’avança d’un pas décidé, ôta son tablier de cuir et le jeta par terre.
    — Cela suffît ! grommela-t-il. Nous partons ! Même si vous essayez de nous retenir, nous aurons quitté le manoir dès demain matin !
    Il tendit la main vers les chevaliers.
    — Payez-nous ! Ensuite nous nous en irons !
    En apercevant l’abcès purulent et rougeâtre qui ornait la paume du gaillard, Corbett sentit son estomac se rebeller à la pensée de ce qu’il avait ingéré. Les autres cuisiniers firent écho aux réclamations de leur compagnon. L’atmosphère changea sensiblement. L’un des marmitons se saisit d’un écharnoir, un autre d’un hachoir encore rouge de sang. Derrière lui, Corbett entendit les sergents dégainer leur épée.
    — C’est ridicule ! s’exclama-t-il. Je suis le représentant du roi. Monseigneur, payez ces hommes et laissez-les partir quand ils auront satisfait à notre interrogatoire. Mais pas ici. Que Dieu ait pitié de ce malheureux, mais la pièce empeste !
    Jacques de Molay se tourna vers les commandeurs.
    — Assurez-vous qu’aucun danger ne menace le manoir. Notre souper est terminé. Sir Hugh et moi-même allons interroger ces braves gens. Ne vous inquiétez pas, Messire Ranulf nous protégera tous, j’en suis sûr ! ajouta-t-il avec un fin sourire diplomatique.
    Les chevaliers parurent sur le point de refuser. Main sur la garde de leur poignard, ils décochaient des regards peu amènes aux cuisiniers et à Corbett.
    — Allons ! les encouragea Molay de sa voix tranquille.
    Ils se dispersèrent. Corbett ramena les serviteurs au réfectoire et monta sur l’estrade, au pied de laquelle ils se regroupèrent, plus anxieux et effrayés à présent qu’ils se trouvaient hors de leurs cuisines. Ils piétinaient nerveusement, impatients de s’en aller.
    — Que s’est-il passé ? leur demanda Corbett.
    — Comme ils l’ont dit, le souper était fini, expliqua le maître queux. Nous rangions la cuisine. Peterkin était pâtissier. Il riait et causait tout ce qu’il savait en sortant les cendres du four, quand soudain le voilà qui se met à hurler. Je me retourne : il était en

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