Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
flammes !
    Il claqua des doigts et l’un des marmitons délaça son fin tablier de cuir et le tendit au magistrat.
    — C’est un comme ça qu’il portait.
    Corbett examina le tablier avec curiosité : du cuir peu épais, une bride qu’on passait autour de cou et une cordelette qu’on nouait à la taille. Cela protégeait des taches et des étincelles, certes, mais pas du genre d’embrasement qu’il venait de voir.
    — Qu’avait-il aux mains ?
    — De gros chiffons de laine qui lui montaient jusqu’aux coudes, répondit le maître queux.
    — Montrez-moi ce qu’il faisait, lui ordonna Corbett. Nous serons seuls, vous et moi.
    L’autre allait protester, mais le magistrat descendit de l’estrade et lui brandit une pièce d’argent sous le nez.
    La pièce disparut comme par enchantement et ils revinrent à la cuisine. Le cuisinier se dirigea vers la vaste cheminée qu’entouraient deux grands fours encastrés dans le mur.
    — Il travaillait ici, expliqua-t-il en ouvrant la porte en fer.
    Corbett y jeta prudemment un coup d’oeil, mais recula vite devant la fournaise. Du charbon de bois brûlait, empilé sous une grille d’acier. Le cuisinier prit la pelle à enfourner et désigna le four.
    — Vous comprenez, Messire, Peterkin plaçait les tourtes sur la grille, refermait la porte et attendait qu’elles cuisent. Il savait exactement combien de temps cela prendrait.
    Un sourire triste apparut sur sa face luisante de graisse.
    — C’était un bon cuisinier. La viande de ses tourtes était toujours tendre et délicieuse, et la croûte dorée et légère. Il laisse une mère, qui est déjà veuve.
    Le clerc mit une pièce d’argent dans la paume noirâtre du maître queux.
    — Donnez-la-lui, alors. Qu’elle profite de la présence du roi à York pour faire appel à sa générosité.
    — Comme si cela servait à quelque chose ! grogna l’autre.
    — Détrompez-vous. C’est moi qui m’occuperai de cette pétition. Bien, que faisait donc Peterkin ?
    Le cuisinier montra, sur le sol, un plateau en fer, plein de cendres.
    — La cuisson achevée il faut éteindre les fours. Peterkin insistait pour le faire lui-même en préparation du lendemain. Il savait très précisément comment les nettoyer et comment éteindre le charbon de bois. Eh bien, il ratissait les cendres dans ce plateau lorsqu’il poussa ce hurlement.
    — Qu’est-il arrivé, à votre avis ? s’enquit Corbett en s’éloignant du four.
    L’homme lui emboîta le pas.
    — Je l’ignore. Oh, ce n’est pas la première fois que je vois des gens se faire brûler, surtout quand ils versent de l’huile sur le feu – de mauvaises brûlures aux mains et au visage. Parfois, nous nous ébouillantons les pieds ou les jambes. Il prit un linge sous son tablier de cuir et épongea sa face baignée de sueur.
    — Mais, Messire, chuchota-t-il en s’approchant si près du magistrat que celui-ci sentit son odeur rance, je n’ai jamais rien vu de tel. Un bon chrétien transformé en torche en quelques secondes !
    Corbett revint à la porte de derrière, laissée grande ouverte. Une odeur âcre et tenace de chair brûlée flottait encore dans l’air. De la grand-salle lui parvenait un faible brouhaha de voix tandis qu’au-dehors, dans l’obscurité, résonnait le cliquetis des cottes de mailles. Du seuil de la pièce, il contempla les reflets de la lune dans les flaques qui parsemaient la cour pavée.
    — Qu’avez-vous vu exactement ? demanda-t-il. Je veux dire dès que vous avez vu que Peterkin brûlait.
    — Les flammes.
    Le cuisinier lissa son tablier.
    — Sur le devant de son corps, sur sa poitrine, son ventre, ses mains. Oui, même les chiffons étaient en feu.
    — Et ce soir, n’avez-vous rien remarqué de bizarre ?
    — Non, Messire.
    — Vraiment rien ?
    — Nous avions de la besogne par-dessus la tête.
    — Et personne n’est entré ? Soit avant le repas, soit pendant la journée ?
    — Eh bien...
    — Quoi ? Qu’avez-vous observé ?
    Le maître queux grimaça.
    — Il y avait bien ce cavalier...
    — Quel cavalier ?
    — Un homme qui portait masque et capuchon et avait une épée à double tranchant accrochée à la selle.
    Le cuisinier, mal à l’aise, racla des pieds sur le sol.
    — Je ne l’ai aperçu qu’une fois. Je... euh... j’attrapais des lapins à la lisière du bois. Lui, on aurait dit l’ombre de la Mort, immobile sous les arbres. Il gardait les yeux fixés sur le

Weitere Kostenlose Bücher