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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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manoir et il ne bougeait pas. Moi, je me suis enfui.
    Le coeur de Corbett se serra. Un assassin rôderait-il dans la forêt entre Framlingham et York ?
    — Pensez-vous que ce cavalier masqué soit quelqu’un du manoir ? demanda-t-il.
    — Je l’ignore, mais cet endroit est maudit, affirma le cuisinier tout d’une traite. Certains d’entre nous y habitent. D’autres, comme Peterkin, logent en ville. Nous avons entendu parler de ce crime étrange sur la route d’York. La paix régnait dans ce manoir, Messire, avant l’arrivée des commandeurs et de leurs sergents. Ils chantent de drôles de mélopées la nuit et ils se lèvent à n’importe quelle heure. Interdit d’aller ici, interdit d’aller là... Et puis, la mort de Sir Guido ! C’était un homme d’une grande bonté, un peu austère, mais généreux. C’est ce dont se moquait Peterkin.
    Corbett se retourna brusquement.
    — Comment cela ?
    — Il affirmait que c’était le feu de Satan venu droit des Enfers qui avait foudroyé Guido.
    — Pourquoi ?
    L’homme jeta un coup d’oeil à la porte du réfectoire, puis à l’autre pièce d’argent que Corbett tenait entre ses doigts.
    — Eh bien, des bruits courent.
    — Lesquels ? insista le magistrat. Allons, mon ami, vous n’avez rien à craindre.
    — Un marmiton a vu l’un des templiers...
    Il hésita.
    — Vous voulez dire l’un des commandeurs ?
    — Oui. Je ne sais pas lequel, mais... euh... il l’a vu embrasser un homme. Vous comprenez, comme on embrasse une femme. Mais il ne l’a pas reconnu, je vous le dis tout de suite.
    — Vous en êtes certain ?
    — Oui. En arrivant dans un couloir, il a aperçu un commandeur. Celui-ci lui tournait le dos, mais il a reconnu le manteau. Je pense que l’autre était l’un des sergents, un jeune. Vous avez constaté comme il fait sombre dans ce manoir. Or ils se tenaient dans l’ombre. Le marmiton a eu si peur qu’il a pris ses jambes à son cou. C’est ce qui faisait rire Peterkin. Il tournait tout en plaisanterie. L’endroit, était-il en train de dire, sent le soufre. Et c’est à ce moment-là que l’horrible accident est advenu.
    Il s’empara adroitement de la pièce d’argent.
    — Et maintenant, je m’en vais.
    Il sortit à grands pas en direction du réfectoire. Corbett entendit des éclats de voix. Quand il gagna, à son tour, la salle, le maître queux entraînait ses compagnons vers la sortie.
    — Je n’ai rien pu empêcher, murmura Jacques de Molay. Ils sont en droit de se faire payer par l’aumônier et de partir. Votre avis, Sir Hugh ?
    Le grand maître s’avança dans le cercle de lumière que projetaient les chandeliers sur la table et s’assit pesamment, le visage dans les mains. Ranulf et Maltote prirent aussi place ; ils avaient bien bu et en ressentaient les effets.
    — J’ai été témoin d’accidents similaires, avança Ranulf. Des gens, victimes de brûlures dans des rôtisseries de Londres.
    — Pas comme cela, objecta Corbett en s’installant en face de Jacques de Molay.
    Celui-ci leva des yeux cernés, sous ses cheveux gris acier tout ébouriffés. Il semblait avoir vieilli de dix ans et son air habituellement serein, bien qu’impérieux, avait disparu.
    — Satan nous attaque de tous côtés, chuchota-t-il.
    — Pourquoi dites-vous cela ? demanda Corbett. Ce qui est advenu dans les cuisines peut très bien être accidentel.
    Molay se carra sur son siège.
    — Ce n’était pas un accident, Sir Hugh. Le crime sur la route d’York, l’attentat contre le roi, la mort de Sir Guido... et maintenant, cela !
    — Pourquoi Satan s’attaquerait-il à vous ?
    — Je l’ignore, gronda le grand maître, mais quand vous le rencontrerez, posez-lui la question !
    Il sortit à longues enjambées en claquant la porte.
    Corbett se leva aussi et fit signe à ses serviteurs de le suivre.
    — Écoutez ! Dorénavant, nous dormirons dans la même chambre et veillerons à tour de rôle. Prenez garde à ce que vous mangez et buvez. Interdiction de déambuler seul sur le domaine.
    Il soupira.
    — Pour autant que je peux en juger, la situation est la même que sur les marches de l’Écosse. La seule différence, c’est que nous connaissions notre ennemi alors, tandis qu’ici nous ignorons tout de lui.
    Ils regagnèrent l’hostellerie. Corbett s’arrêta soudain, le coeur battant à tout rompre : une silhouette avait surgi de la pénombre, mais ce n’était qu’un serviteur qui

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