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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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abattue, son bâton blanc, signe de sa fonction, glissé à la ceinture ; le soldat qui galopait derrière lui portait les armoiries splendides de la Maison du roi. Tous s’écartèrent sur leur passage et, quelques minutes plus tard, recommencèrent pour un templier qui éperonnait son cheval couvert d’écume.
    — Je croyais qu’aucun templier ne devait quitter Framlingham ? s’étonna Claverley.
    — Un messager, probablement, dit Corbett. Je me demande de quelle nouvelle urgente il est porteur.
    Ils pressèrent leurs montures et arrivèrent bientôt en vue de Botham Bar, dont la grande herse évoquait des crocs acérés au-dessus des passants. Quant à la porte, elle était surmontée de piquets arborant des têtes de criminels et encadrée de potences rudimentaires où, dans la brise de cette fin d’après-midi, se balançaient de sinistres pendus portant leurs pancartes d’infamie autour du cou.
    — Les juges royaux n’ont pas chômé, remarqua Claverley. On a vidé les prisons toute la journée d’hier.
    — Où nous emmenez-vous ?
    — Voir le Limner.
    — Qui ?
    — Le Lévrier. C’est le surnom que j’ai donné au meilleur faussaire d’York.
    Après avoir franchi Botham Bar, ils remontèrent Petergate, puis passèrent près des latrines publiques nauséabondes, construites près de St Michael-the-Belfry, avant d’atteindre le coeur – fort animé – de la cité. Les étals étaient encore abaissés dans les rues bondées et les tavernes faisaient des affaires en or. Un homme gisait au mitan de la rue, ivre mort, tandis qu’un de ses compagnons de beuverie, allongé près de lui, s’efforçait de repousser des porcs errants, au grand amusement des passants.
    Le pilori n’avait pas désempli. Des malfaiteurs y étaient attachés par le cou, d’autres par les bras et les jambes. Un apprenti avait les doigts coincés dans des poucettes pour avoir volé de la nourriture à son maître. Deux putains qu’on avait tondues agonisaient les badauds d’injures, pendant qu’un cornemuseux éméché essayait de noyer les cris qu’elles poussaient lorsqu’un dizainier abattait sa canne sur leurs fesses nues. Corbett et ses compagnons durent s’arrêter quelques instants au coin d’une rue : des sergents municipaux venaient d’investir une auberge à la recherche de vin piqué et de sortir trois barriques qu’ils avaient les plus grandes difficultés à mettre en perce, car l’aubergiste, son épouse et sa famille déversaient sur eux et les passants le contenu pestilentiel de leurs pots de chambre.
    Les sergents finirent par rétablir l’ordre et, guidés par Claverley, Corbett et ses serviteurs poursuivirent par Patrick Pool pour arriver aux Shambles, où ils furent assaillis par les odeurs fétides et la poussière. L’étroite rue des bouchers et des volaillers, bordée de hautes maisons à colombages, était maculée de sang noir et de déchets, sur lesquels grouillaient les mouches. Chats et chiens errants se disputaient les abats. Les commères, à la recherche d’un bon morceau de viande fraîche, s’agglutinaient autour des carcasses de porc éventrées et des stalles présentant oies, poulets et autres volailles décapitées. Enfin Claverley perdit patience. L’épée au poing, il cria : «  Le roi ! Le roi !  » {30} et se fraya un passage jusqu’au Pavement, le vaste parvis de l’église de All Saints.
    Une foule énorme assiégeait la sinistre geôle municipale, située sur la place, car on procédait à des exécutions aux potences à trois branches, érigées devant son portail principal. Les condamnés sortaient de la geôle et montaient sur l’estrade, puis sur une échelle où le bourreau leur passait la hart autour du cou. Puis il repoussait l’échelle et les pendus gigotaient un moment pendant que la corde de chanvre se resserrait et les étranglait lentement. Ce n’était pas la première fois que Corbett assistait à ce genre de cérémonie. Les juges royaux arrivaient dans telle ou telle ville du royaume ; on vidait alors les cachots, on instruisait des procès expéditifs et le verdict tombait rapidement. La plupart des accusés n’avaient même pas le temps de protester. Des dominicains, en habit blanc et noir, allaient d’une potence à l’autre donner l’absolution à voix basse. Les spectateurs qui se pressaient là saluaient parfois une apparition par des vociférations ou des insultes. De temps en temps, un parent ou un ami criait

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