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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’une ruelle, en face de la taverne Au Chenapan. Il souleva le heurtoir en forme de tête de moine et le laissa retomber violemment. Personne ne répondit tout d’abord, bien que Corbett devinât la lueur des bougies par les fenêtres.
    — Ne vous inquiétez pas, le rassura Claverley avec un petit sourire. Elle est chez elle.
    Enfin la porte s’ouvrit brusquement. Une servante passa la tête par l’entrebâillement. Le shérif adjoint lui glissa quelques mots à voix basse et l’huis se referma. Corbett entendit un bruit de chaînes qu’on enlevait, puis le battant se rouvrit sur une dame fluette, vêtue d’une robe lie-de-vin et d’un voile blanc à bord doré sur ses cheveux gris, qui sortit et, en souriant, embrassa Claverley sur la joue, avant de dévisager Corbett de ses petits yeux en vrille qui étincelaient dans son teint bistre.
    — Veuillez entrer ! dit-elle d’une voix rauque. Laissez vos chevaux aux écuries du Chenapan.
    Tandis que Maltote s’éloignait avec leurs montures, la dame les mena à ce qu’elle appelait « son palais d’en bas », une vaste salle, fort agréable, qui devait faire la longueur de la maison. Par la fenêtre ouverte, Corbett aperçut des plates-bandes et un modeste verger de pommiers. Le luxe s’étalait dans cette pièce : la simple jonchée du couloir laissait la place à des tapis et de larges bandes de tissu aux couleurs éclatantes recouvraient les murs. Une tapisserie pendait au-dessus de la cheminée et des rangées de bougies à la flamme vacillante reposaient sur la poutre maîtresse qui traversait la salle.
    Claverley fit les présentations.
    — Sir Hugh Corbett, voici Jocasta Kitcher, dame marchande, drapière, propriétaire du Chenapan. Elle a, autrefois, voyagé par monts et par vaux.
    — Vous me flattez toujours, minauda Jocasta.
    Elle les fît s’approcher de l’âtre, tandis qu’une servante accourait des cuisines et disposait des sièges autour du feu qui se mourait. Il se produisit une certaine confusion. Ranulf renversa un escabeau, puis Dame Jocasta insista pour qu’ils « lui fassent honneur » en ordonnant que soient servis du vin et des massepains.
    Corbett avait l’estomac encore tout retourné par les exécutions, mais l’affabilité exubérante de cette dame si menue, ainsi que l’aura de mystère qui l’entourait, absorba bientôt son attention. Confortablement installé, il sirota son vin, surpris par sa fraîcheur et son arôme.
    Dame Jocasta se pencha vers lui.
    — Mes caves sont constamment inondées, déclara-t-elle. Oh, pas par les eaux sales, mais par l’un des ruisseaux souterrains d’York. L’eau glaciale garde le vin blanc au frais.
    — Sont-ils nombreux, ces ruisseaux ? demanda Corbett.
    — Oh, mon Dieu oui ! s’exclama la dame en faisant tourner sa coupe incrustée de nacre. York est une cité à double visage, Sir Hugh. Celui des rues, bien visible, et...
    Sa voix se fit murmure.
    — ... l’autre ville, située sous la première, avec son système souterrain d’égouts et de tunnels, datant des Romains et oublié depuis.
    Elle sourit.
    — J’ai de bonnes raisons de le connaître : mon mari et moi avons souvent emprunté ces passages souterrains. Oh, vous en faites une mine ! enchaîna-t-elle. Claverley ne vous a rien dit ?
    — C’est pour cela que je l’ai conduit ici, intervint le shérif adjoint. Je ne lui ai pas révélé tous nos secrets, Dame Jocasta, mais j’ai pensé que vous pourriez nous aider. Il y a un faux-monnayeur dans cette ville, se hâta-t-il de préciser.
    — Capturez-le et... au gibet !
    — C’est différent, cette fois-ci, affirma Corbett en lui tendant une pièce d’or.
    La drapière la prit dans sa main douce et tiède, chargée de bagues de prix. Elle l’examina avec un soupir d’admiration, la fit sauter d’une paume à l’autre, la soupesa soigneusement, puis étudia la tranche et la croix gravée sur chaque face.
    — De l’or pur !
    — En tout cas, reprit Corbett, elles ne proviennent pas des ateliers de la Couronne et ont été frappées sans autorisation royale. Je sais bien que les faux-monnayeurs s’emploient à transformer une bonne pièce en deux mauvaises, en mélangeant à l’argent des métaux et des alliages pauvres, mais je n’ai jamais entendu parler de faussaires qui fabriqueraient de fausses pièces avec de l’or fin.
    Dame Jocasta releva la tête.
    — Vous n’avez rien à m’apprendre sur la fausse monnaie, Sir

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