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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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des jambes de cavalier, toutes déchiquetées, étaient encore accrochées aux étriers. La selle dégoulinait de sang. Le cheval était fourbu. J’ai transporté la dépouille près du rocher et l’ai enterrée, avec une prière. Ensuite, j’ai ramené la bête à la maison. J’ai jeté la selle dans un trou. Elle était invendable tellement le sang avait imbibé le cuir.
    — Et le cheval ?
    Osbert déglutit avec peine et montra la marmite.
    — On est en train de le bouffer.
    Ranulf cracha et toussa.
    — Nous ne mangeons pas toujours à notre faim, se justifia le verdier. Nous avons besoin de viande. Cerfs et biches ont fui la forêt. C’est bien trop près de la ville, ici.
    Il écarta ses paumes crasseuses.
    — Que pouvais-je faire, Messire ? Si j’emmenais ce cheval au marché, on me pendait comme voleur. Et si je le gardais, c’était la même chose. Il était malade, blessé à une patte. Je ne sais point trop soigner les bêtes. Je l’ai abattu et vidé, puis j’ai salé et mariné la viande, que j’ai cachée dans une cabane au coeur de la forêt. Je l’ai pendue au-dessus d’un feu de charbon de bois pour la fumer et la conserver.
    — Et qu’as-tu trouvé d’autre ? insista Corbett en prenant deux pièces d’argent dans son escarcelle. Dis-moi la vérité et elles seront à toi. Il n’y aura pas de poursuites pour ce que tu as fait.
    Osbert s’humecta les lèvres et hésita, mais sa femme le devança. Elle alla au fond de la pièce, monta à la soupente et en redescendit avec des fontes de selle en mauvais état, qu’elle laissa tomber aux pieds de Corbett.
    — Il y avait une petite somme, grommela Osbert. Mais j’ai acheté les oies avec. Voici ce qui reste.
    Corbett déversa le contenu sur le sol : un justaucorps, deux paires de chausses soigneusement ravaudées, une ceinture, de petits insignes de pèlerin en métal, des statuettes de saints, objets bon marché que l’on se procurait près de chaque église. Et enfin des parchemins que Corbett déchiffra, malgré l’encre presque effacée.
    — Wulfstan de Beverley, lut-il. Vendeur d’objets religieux et de reliques.
    Il échangea un regard étonné avec Claverley et Ranulf.
    — Pourquoi tuer ce pauvre diable ? Pourquoi lui trancher le corps par le milieu, faire fuir son cheval affolé en pleine nuit et brûler son tronc ?
    Corbett remit brusquement les sacoches à Claverley avant de se lever et de donner d’autorité les deux pièces à Osbert.
    — Prie pour l’âme de ce malheureux Wulfstan, à la prochaine messe.
    Osbert murmura :
    — J’ai fait ce que j’ai pu. Que Dieu l’accueille en Son saint Paradis. Désirez-vous autre chose, Messire ?
    — Dans la forêt, aurais-tu jamais vu un cavalier au visage dissimulé sous un masque et un capuchon ?
    — Oui, une fois, une seule fois, juste après avoir trouvé le cheval. Je coupais du bois au bord de la route d’York lorsque j’ai entendu du bruit. Je me suis caché dans la fougère. Un cavalier est passé. Il portait la bure, comme un moine. Il montait une rosse et sa cape était en lambeaux, mais j’ai remarqué une grande épée à double tranchant accrochée au pommeau de sa selle. J’ai cru que c’était un bandit de grand chemin, alors je ne me suis pas montré.
    Il grimaça.
    — C’est tout ce que j’ai vu.
    Corbett le remercia, ils sortirent de la chaumière, reprirent leurs montures et revinrent vers la grand-route. Une âpre discussion éclata entre Ranulf et Claverley à propos de la consommation de viande de cheval tandis que Maltote, blême, exprimait son dégoût d’une voix blanche.
    — Manger du cheval ! Manger du cheval ! ne cessait-il de répéter.
    — Tu y viendrais si tu y étais forcé ! s’exclama Claverley. Mon père m’a raconté que lors d’une grande famine dans la région de Carlisle, on avait même attrapé et vendu du rat comme mets de choix.
    Corbett talonna sa bête et ne s’arrêta qu’à l’endroit où l’on avait retrouvé les restes carbonisés de Wulfstan.
    — Que cherchez-vous ? claironna Claverley en le voyant mettre pied à terre et s’approcher des fourrés.
    — Je vous le dirai quand je l’aurai trouvé.
    Il s’enfonça un peu dans les fourrés et s’accroupit pour examiner les marques de feu sur la terre. Puis, dégainant son épée, il coupa les ronciers et les hautes herbes. Ce faisant, il distingua d’autres marques, plus modestes cependant. Et sur les arbres qui

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