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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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adieu à un condamné et levait sa chope de bière en son honneur. Claverley attendit que la porte de la prison s’ouvrît. Il s’engouffra alors dans l’entrée lugubre. Le portier le reconnut.
    — Nous en avons bientôt terminé, Claverley ! s’exclama-t-il. À la nuit tombée, York sera débarrassée de sa vermine.
    — Je suis venu voir le Limner, déclara le shérif adjoint d’une voix tranchante, en se penchant sur l’encolure de son cheval. Où est-il ?
    Le portier leva sa trogne d’amateur de bière.
    — Qu’est-ce que vous lui voulez ?
    — Lui parler.
    — Alors, allez lui causer en Enfer !
    Claverley étouffa une exclamation de dépit et frappa le pommeau de sa selle.
    — Cette fripouille est morte, précisa l’autre avec un gros rire. On l’a pendu, il n’y a pas une heure.
    Conscient de l’impatience de ses compagnons et de la nervosité des chevaux dans ce lieu confiné, Claverley dévida un chapelet de jurons bien sentis.
    — Et maintenant ? lui demanda Corbett.
    Claverley cracha aux pieds du portier avant d’adresser au garde du Sceau privé un signe de connivence.
    — On ne peut rien faire, mais je vais vous révéler un de mes grands secrets.
    À l’autre bout d’York, un homme se mourait. L’Inconnu gisait sur un lit de camp, ses cheveux trempés de sueur étalés sur l’oreiller blanc.
    — C’est la fin, murmura-t-il. Je ne partirai pas d’ici vivant.
    Le franciscain, assis près du lit, ne le démentit pas, mais lui serra plus fort la main.
    — Je ne sens plus mes jambes, marmonna l’agonisant.
    Il eut un sourire forcé.
    — Au temps de ma jeunesse, mon père, j’étais excellent cavalier. Je chevauchais comme le vent.
    Il bougea légèrement la tête.
    — Qu’y a-t-il après la mort, mon père ?
    — Dieu seul le sait, mon fils. Mais je pense que c’est comme un voyage, une seconde naissance. Un bébé se débat pour ne pas quitter le ventre de sa mère, comme nous nous débattons pour ne pas quitter la vie, mais ensuite, comme après la naissance, nous oublions et entamons le voyage. Ce qui importe, ajouta le franciscain, c’est d’être prêt pour ce long périple.
    — J’ai péché, chuchota l’Inconnu. J’ai péché contre le Ciel et la Terre. Moi, chevalier du Temple, défenseur de Saint-Jean-d’Acre, j’ai commis l’horrible péché de haïr et de vouloir me venger.
    — Dites-moi tout cela, mon fils. Confessez-vous et recevez l’absolution.
    Il n’eut pas besoin de le répéter ; l’agonisant, les yeux rivés au plafond, se mit à raconter sa vie : sa jeunesse dans une ferme de Barnsleydale, son entrée chez les templiers, les derniers jours sanglants de Saint-Jean-d’Acre et cette amertume accumulée au fil de ces nombreuses années dans les cachots du Vieux de la Montagne. Le franciscain l’écouta attentivement en ne l’interrompant que pour poser des questions de sa voix douce. Le chevalier répondit à toutes. À la fin, le moine le bénit en prononçant distinctement les paroles de l’absolution. Il lui promit, ensuite, de lui apporter le viatique après la messe du matin. L’Inconnu, alors, lui agrippa la main.
    — Mon père, en vérité, je dois confier ce que je sais à quelqu’un d’autre.
    — À un templier ? Les commandeurs sont réunis à Framlingham.
    L’Inconnu ferma les yeux avec un soupir.
    — Non, le traître peut se trouver parmi eux.
    Il ouvrit ses lèvres craquelées, luttant pour mieux respirer.
    — Le Conseil royal est à York, n’est-ce pas ?
    Le franciscain fit signe que oui. L’Inconnu lui pressa plus fortement la main.
    — Pour l'amour de Dieu, mon père, je dois parler à un de ces conseillers. Un homme en qui je puisse avoir confiance. Je vous en prie, mon père.
    Les yeux, dans ce visage maigre et défiguré, étincelèrent de vie.
    — Vite, avant que je ne rende mon âme à Dieu.

 
    CHAPITRE VIII
    S’éloignant du Pavement, Claverley emmena ses compagnons vers le quartier de la cathédrale, à la tranquillité plus raffinée. Les façades qui enserraient les larges rues propres étaient peintes de rose et de blanc, les poutres portantes d’un brun noirâtre vernies avec parfois un filet doré autour des portes et des fenêtres. Un courtil entourait chacune de ces demeures de trois ou quatre étages. Du verre garnissait les croisées au rez-de-chaussée et de la corne ou du lin huilé celles des étages. Claverley s’arrêta devant une maison, située à l’angle

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