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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Hugh. Il y a quarante ans – oh oui ! je suis plus âgée que j’en ai l’air, ajouta-t-elle avec entrain, une lueur de gaieté dansant dans ses petits yeux –, il y a quarante ans, il ne fallait pas m’en conter. Mes parents n’arrivaient pas à me tenir la bride sur le cou. Par une belle journée d’été, je me rendis à la foire, près de Micklegate Bar, et j’y rencontrai le plus joyeux luron que la terre ait jamais porté, Robard, mon époux, un clerc qui avait eu des revers de fortune. Il ne supportait plus l’atmosphère étouffante des chancelleries ni la figure de carême de ses collègues.
    Elle s’interrompit : Ranulf s’étranglait avec son biscuit, mais un regard furibond de son maître le fit déglutir promptement. Puis il dissimula son visage en fixant son gobelet comme s’il s’y cachait une pierre précieuse.
    — Robard était un fieffé filou, poursuivit la vieille dame. Il chantait comme un pinson et dansait le branle mieux que personne. Il aimait les coups fourrés comme l’ours le miel. J’en tombai aussitôt amoureuse, et je l’aime encore, bien qu’il soit mort depuis dix ans.
    Claverley lui effleura la main en chuchotant :
    — Finissez votre récit !
    — Oui, oui !
    Elle leva la pièce d’or pour mieux la voir à la lueur de la chandelle.
    — Cela aurait plu à Robard. Son rêve était de s’enrichir, d’amasser assez d’or pour parcourir le monde en grand marchand ou noble combattant. Je m’associai à ses filouteries. Je me glissais hors de chez moi à la brune et le rejoignais au clair de lune. Nous nous couchions sur les tombes du cimetière St Peter, et il évoquait les aventures que nous pourrions vivre. Nous nous jurâmes fidélité, puis nous fiançâmes. Mais son désir de richesse l’amena à battre de la fausse monnaie. Il se tailla une réputation chez les truands, les simulateurs, les éclopés, les tire-laine et autres coupe-bourses, la lie de la société.
    Elle haussa les épaules.
    — Nous louâmes une petite forge près de Coney Street et... au travail ! Cela se passait à l’époque du père du roi, quand la cité n’était pas aussi bien gouvernée. Un jour, on nous arrêta. Au procès, on mit Robard au pied du mur : soit il tâtait de la corde de chanvre sur le Pavement, soit il se joignait à la croisade du prince Édouard. Bien sûr, il choisit la seconde solution. Les troupes se massèrent dans les prairies de Bishop’s Fields, de l’autre côté de l’Ouse. Robard, en tant que condamné, dut porter des chaînes jusqu’à son embarquement. Et je partis avec lui.
    — Vous êtes allée en Terre sainte ! s’exclama Corbett.
    — Oh, oui ! Trois longues années que nous avons passées là-bas, mais nous en sommes revenus riches. Nous avons acheté l’auberge en face. Robard devint propriétaire, tavernier et brasseur. Mes parents étaient morts. Je l’épousai, mais les vieilles habitudes ont la peau dure, Sir Hugh. Lorsque les truands apprirent notre retour, ils ne nous laissèrent aucun répit. Il recevait des visites au beau milieu de la nuit, mais il ne transgressa jamais la loi.
    Elle eut un petit rire gêné.
    — Ou si peu ! Il fut de nouveau poussé à fabriquer de la fausse monnaie, mais cette fois – je le jure devant Dieu ! — je n’y participai pas. Or, « lorsque orgueil va devant, honte et dommage suivent ». Les juges de la cour royale revinrent à York et on convoqua le grand jury. Des accusations furent portées contre mon mari.
    Claverley l’interrompit.
    — En tant que récidiviste, Robard était bon pour la hart. En outre, personne n’avait oublié ses premiers délits. Dame Jocasta alla voir les shérifs et ils conclurent un pacte secret. Robard bénéficierait d’un pardon royal si elle jurait solennellement d’informer shérifs et dizainiers de tous les crimes qui s’échafauderaient.
    — J’aidais donc la Couronne, ajouta Dame Jocasta d’une voix égale. Mon mari ne se douta jamais de rien. Oh, j’étais – et je suis encore – très prudente dans mes choix ! Je laisse courir les petits vauriens, les larrons de quatre sous, mais non ceux qui tuent, mutilent, violent ou commettent des sacrilèges dans les églises.
    En tant qu’aubergiste, j’entends toutes sortes de rumeurs et j’en fais état à qui de droit...
    — Et votre époux ne l’a jamais su ?
    — Jamais ! Personne d’autre, d’ailleurs, à part Claverley.
    Ses traits se durcirent.
    — Je ne porte pas

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