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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le deuil.
    Elle se frappa la poitrine.
    — Robard est dans mon coeur. Si je ferme les yeux, je l’entends chanter à nouveau. La nuit, en me retournant sur l’oreiller, je le vois me sourire. Ce n’était pas un méchant homme, Sir Hugh, mais – le Seigneur me pardonne – il adorait jouer des tours plus pendables les uns que les autres.
    — Et ce n’est que maintenant que vous nous en parlez ! s’étonna Corbett.
    — Avant de quitter York et de vous rencontrer à Framlingham, Sir Hugh, intervint Claverley, je suis venu ici. Dame Jocasta m’avait promis de m’aider au cas où le Limner refuserait.
    Il se retourna vers la drapière avec un haussement d’épaules et laissa tomber, laconique :
    — Le Limner a été pendu.
    — Que le Christ lui accorde le repos éternel !
    — Cela fait des années que Dame Jocasta et moi, nous nous connaissons, reprit Claverley. Il est vrai, enchaîna-t-il avec un geste vif, que la fabrication de fausse monnaie est un art éminemment subtil, mais Dame Jocasta en connaît tous les rouages.
    Corbett contempla le soleil couchant par la fenêtre, au fond de la pièce. Une idée incongrue lui traversa l’esprit. Et si c’était elle, la faussaire qu’ils recherchaient ?
    — Mais il me serait impossible de frapper monnaie, se récria-t-elle comme si elle lisait dans ses pensées. Je n’ai ni forge ni métal précieux. Et, surtout, je n’ai eu vent d’aucune rumeur bien que je connaisse tous les secrets de cette ville.
    Elle tendit la pièce.
    — Et croyez-moi, les langues se délieraient là-dessus.
    Embarrassé, Corbett se racla la gorge et détourna les yeux.
    — Alors qui l’a fabriquée ? Qui est le coupable ? demanda Ranulf.
    Jocasta reposa son gobelet.
    — Je n’ai jamais vu de pièce comme celle-ci, Sir Hugh. La plupart des faux-monnayeurs dévaluent la monnaie frappée par la Couronne, n’est-ce pas ?
    Corbett acquiesça.
    — Alors, pourquoi produire des pièces d’or ? À moins que...
    Elle s’interrompit.
    — À moins que... ?
    — Eh bien, imaginons, Sir Hugh, que vous ayez trouvé de l’or. Pas sous les pieds d’un cheval, comme le veut le proverbe, mais dans une cache : des coupes, des gobelets, des aiguières, des croix. Que feriez-vous ?
    — Je l’apporterais au shérif ou aux juges royaux.
    Dame Jocasta éclata de rire, imitée par Claverley et Ranulf. La vieille drapière hocha la tête.
    — Je ne me moque pas de vous, Sir Hugh. Vous êtes honnête.
    Elle reprit son sérieux.
    — Qu’adviendrait-il alors ?
    Corbett souriait à présent.
    — Les clercs de l’Échiquier saisiraient le trésor. Ils l’examineraient, puis reviendraient me soumettre à un interrogatoire approfondi.
    — Qui durerait ?
    — Un an, peut-être deux, jusqu’à ce que je les aie convaincus et de mon innocence et que l’or avait bien été trouvé par pur hasard.
    — Exactement ! s’exclama-t-elle. Vous trouvez un trésor et, malgré votre probité, les clercs du roi s’en emparent. Tout ce que vous récoltez, ce sont des tracasseries à n’en plus finir.
    — Je vois, concéda Corbett. Et tout cela pour n’obtenir que la moitié de l’or, et encore ! Connaissant les gens de l’Échiquier, je m’estimerais heureux si j’en recevais le quart !
    — Aussi, intervint Ranulf, cet or...
    Mais il s’interrompit soudain.
    — Au fait, Messire, Maltote n’est pas revenu.
    — Il est sans doute attablé dans la taverne. Tu sais comment il est : il doit parler chevaux avec les palefreniers et les garçons d’écurie et engloutir de la bière comme si sa vie en dépendait. Qu’allais-tu dire ?
    — Que quelqu’un à York a dû dénicher un trésor, qu’il l’a fait fondre pour fabriquer ces pièces et qu’il mène grande vie à présent.
    — Bien raisonné, renchérit Dame Jocasta. C’est la seule explication. Si l’on apporte des objets en or et en argent à un orfèvre, il vous soupçonne tout de suite soit d’être un voleur, soit d’avoir découvert un trésor et d’essayer de filouter la Couronne. Il est facile de retrouver la trace d’un trésor, aucun orfèvre n’accepterait de se compromettre dans ce genre d’affaires.
    Elle fit sauter la pièce dans sa paume.
    — Celui qui l’a frappée possède une très bonne forge et de quoi acheter les instruments de fabrication.
    — Mais échapperait-il longtemps aux soupçons ? dit Claverley. Si l’on peut retrouver le propriétaire de coupes en or,

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