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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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il en est de même pour des pièces d’or.
    — Pas si cinquante ou soixante apparaissent sur le marché en même temps, objecta la drapière. C’est ainsi qu’agissait Robard pour écouler sa fausse monnaie. Plus on en distribue, moins il y a de risques. C’est ce qu’a fait ce faussaire. Il doit pouvoir se déplacer dans York et mettre ces pièces en circulation sans attirer les soupçons.
    Elle frotta la pièce entre ses doigts.
    — Et c’est là que réside la beauté du stratagème. Un orfèvre ou un banquier se contentera de peser les pièces sur son trébuchet. Après tout, ce n’est pas sa faute s’il se retrouve en possession de ces pièces. Il peut clamer son innocence, bien qu’ayant participé à une tromperie.
    Il en est de même pour le marchand de drap, de vin ou d’épices. Il est en droit d’être payé. Il accepte les pièces et oublie tout.
    Corbett se cala sur son siège.
    — Remarquable ! murmura-t-il. On trouve une cache remplie d’or que l’on fond ; on écoule les pièces et, ce faisant, on rend tout le monde complice. Et en même temps, on échappe à la loi et on devient riche, très riche.
    Il jeta un coup d’oeil à la drapière.
    — Et vous n’avez pas la moindre idée de...
    — Ne me regardez pas comme ça, Sir Hugh, se défendit-elle, malicieuse. Ce faux-monnayeur n’est pas un simple larron bâclant la frappe ou fondant l’or sur un vulgaire feu de charbon de bois. Ce renard roule sur l’or, car il a les moyens voulus et la cachette.
    — Mais ne pourrions-nous pas remonter la filière ? s’impatienta Ranulf. Il y a bien quelqu’un, quelque part, qui s’en souvient.
    Dame Jocasta désigna l’escarcelle de Corbett.
    — Sir Hugh, vous avez des pièces d’argent, n’est-ce pas ? Vous rappelez-vous qui vous a donné telle ou telle pièce ?
    — Moi, je m’en souviendrais si c’était de l’or ! insista Ranulf.
    — Ah vraiment ? Même s’il y avait de fortes chances pour que les clercs de l’Échiquier vous la confisquent ? Cela dit, ajouta-t-elle en rendant la pièce à Corbett, vous avez un argument de poids. Ce faux-monnayeur ne les écoule probablement pas auprès des marchands d’ici, car il finirait par être repéré.
    — Et donc ?
    Dame Jocasta, le regard perdu dans les flammes, contempla les petites bûches de pin qui, sur leur lit de charbon de bois, se fendillaient et éclataient en embaumant l’air.
    — Si seulement Robard était là, murmura-t-elle. Lui saurait.
    Elle releva vivement la tête.
    — Vous logez à Framlingham, le manoir des templiers, n’est-ce pas ?
    Corbett hocha la tête.
    — Pourquoi ne pas commencer par là ? suggéra-t-elle d’une voix douce. Ils ont des bois et des taillis aptes à dissimuler une forge. Ils importent de la marchandise et du ravitaillement. Ils connaissent banquiers et orfèvres. Et, si je ne me trompe, l’apparition de cet or sur le marché a coïncidé avec leur arrivée à York.
    — En effet, confirma Corbett. Le roi et la Cour sont restés hors les murs après avoir quitté les marches d’Écosse. Ce n’est que peu de temps après l’arrivée des commandeurs que ces pièces ont commencé à circuler.
    — Mais où se seraient-ils procuré cet or ? demanda Claverley.
    Corbett jouait avec sa bague de chancelier ornée des insignes du Sceau privé.
    — Ils ont fait don à notre souverain d’une grosse somme d’argent, soupira Ranulf, et ils possèdent des trésors que nul ne connaît.
    Corbett revit la salle secrète de Framlingham. Y avait-il un rapport entre cet or et les assassinats ?
    — Sir Hugh ?
    Il laissa là ses réflexions.
    — Pardonnez-moi, Dame Jocasta.
    Il se leva et effleura de ses lèvres la main de la drapière.
    — Soyez remerciée pour votre aide.
    — Vous n’êtes pas seulement chargé de démasquer un faux-monnayeur, n’est-ce pas ? Pas vous, le bras droit du roi ! remarqua-t-elle en fine mouche qu’elle était.
    Corbett lui caressa la joue du doigt.
    — C’est vrai, Dame Jocasta. Comme d’habitude, ajouta-t-il avec amertume, je pourchasse des démons, des hommes qui tuent pour des motifs que Satan seul connaît.
    — Alors prenez garde à vous, Sir Hugh, murmura-t-elle. Car ceux qui traquent les démons deviennent soit gibier soit démons à leur tour.
    Ranulf qui attendait dans l’ombre, sur le seuil, vit son maître sursauter, comme si les paroles de Jocasta avaient fait mouche, mais la tension disparut sur un sourire

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