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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qui m’ont fait commettre une faute dramatique. Ce pauvre Baddlesmere était bien plus près de la vérité que moi.
    — Des prémisses ? Qu’est-ce que cela ? voulut savoir Maltote, mâchant pain et fromage.
    — Ce sont des points de départ. Par exemple : « Tous les hommes boivent de la bière. Maltote est un homme. Donc Maltote boit de la bière. » Mais la première prémisse, la majeure, est fausse. Tous les hommes ne boivent pas de la bière, ce n’est pas un fait avéré. Donc, toutes les conclusions qu’on tire sont fausses.
    Corbett approcha son escabeau de ses compagnons qui, adossés au mur, se partageaient le pain et le fromage, présentés sur un plat d’étain.
    — J’ai cru à l’existence d’un groupe rebelle au sein du Temple, bien décidé à exercer sa vengeance contre les Couronnes anglaise et française. J’en ai donc déduit que les assassinats perpétrés ici, à Framlingham, et ailleurs étaient l’oeuvre de ces conjurés. J’avais tort.
    — Alors que s’est-il passé, en réalité ? demanda Ranulf.
    Corbett se contenta de hocher la tête.
    — Avalez votre déjeuner.
    Il s’interrompit en entendant du bruit dans la galerie, puis dit d’un ton pressant :
    — Partons d’ici aussi vite que possible ! Ranulf, fais nos bagages ; Maltote, descends seller les chevaux. Nous devons être loin d’ici dans moins d’une heure.
    Maltote détala en s’emparant d’un bout de fromage. Ranulf remarqua les traits tirés de son maître et rassembla leurs affaires en hâte. Corbett rangea méticuleusement écritoire et plumes avant de s’assurer qu’ils n’oubliaient rien dans la chambre.
    — Cache les livres apportés par Maltote, ordonna-t-il d’une voix sifflante. Les trois sachets de poudre ?
    — Ils sont bien séparés, lui certifia Ranulf.
    Ils se rendirent aux écuries. Maltote avait déjà sorti les chevaux et s’employait à harnacher – non sans mal – le poney de bât qui, malgré sa petite taille, lui donnait du fil à retordre. Corbett s’attacha à vérifier harnais et sous-ventrières, un peu surpris de ce que le manoir fut si silencieux. Soudain il entendit un tintement de métal derrière lui et les jurons étouffés de Ranulf. Il fit volte-face : encadrés par leurs sergents et officiers, des soldats du Temple, armés et casqués, bloquaient toutes les issues de la cour, arbalète au poing.
    — À cheval ! commanda Corbett. Forcez le passage !
    Il éperonna sa monture. Un ordre claqua. L’un des arbalétriers leva son arme et un carreau vrombit au-dessus de sa tête. Il ne ralentit pas l’allure, mais s’efforça de maîtriser sa panique et de contrôler sa bête. Un autre ordre retentit. Cette fois-ci, le carreau lui siffla aux oreilles et un autre s’écrasa sur les pavés devant son cheval qui broncha en hennissant.
    — Moi, je m’arrête ! marmonna Maltote.
    Corbett tira sur les rênes. Jacques de Molay sortit des communs et traversa les rangs. Il avait revêtu son haubert, comme les commandeurs, et gardait la main sur le pommeau de son épée. Il s’approcha de Corbett et empoigna la bride de sa monture.
    — Nous quitteriez-vous sans prendre congé, Sir Hugh ?
    — Vous n’avez pas le droit de me retenir, rétorqua Corbett. J’ai la ferme intention de passer et c’est vous qui en subirez les conséquences.
    — Je vous en prie !
    Molay lui lança un regard suppliant sous ses paupières rougies.
    — Corbett, murmura-t-il, vous connaissez le nom de l’assassin, n’est-ce pas ? Je le lis sur votre visage.
    — C’est au roi d’en décider.
    — Non, Sir Hugh. Nous sommes sur un domaine templier. J’en suis le grand maître. C’est moi qui dois diriger et décider de tout ce qui s’y passe. La justice des templiers est aussi exigeante et consciencieuse que celle du roi.
    Corbett se détendit.
    — Et vous, Monseigneur, vous savez aussi qui est le criminel, n’est-ce pas ?
    — Je crois que oui. Mais le prouver est une autre affaire.
    — Si je reste, proposa Corbett, ai-je votre parole que justice sera faite et que vous me laisserez partir ?
    Jacques de Molay leva la main.
    — Je le jure sur la Croix !
    Corbett mit pied à terre.
    — Alors envoyez quatre hommes à York. Ne vous inquiétez pas : je leur fournirai mandats et laissez-passer. Qu’ils aillent voir Messire Amaury de Craon, l’émissaire de Philippe IV, au palais épiscopal.
    Corbett prit garde de ne pas élever la

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