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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sûreté de coup d’œil qui faisait honneur à sa pénétration, il avait découvert que dans le ménage Concini, Léonora était la force à redouter et à ménager, parce qu’elle était le cerveau qui conçoit et dirige, tandis que Concini n’était que le bras qui exécute.
    Concini lui était donc apparu comme une quantité négligeable, mais, soit prudence extrême, soit qu’il eût été guidé par une sorte de prescience, il avait résolu de ménager les favoris de la reine et, sans se déclarer ouvertement pour eux, d’éviter soigneusement de rien faire ou dire qui pût leur laisser croire qu’il était contre eux.
    Ceci était extrêmement difficile, périlleux même.
    La cour était comme un terrain miné où le moindre faux pas pouvait actionner la bombe qui faisait tout sauter et pulvérisait d’abord et avant tout le maladroit qui avait mis le pied dessus. On évoluait constamment au milieu d’un réseau très serré d’intrigues de toutes sortes, de toutes natures, et souvent des plus futiles. Toutes ces intrigues se mêlaient, s’enchevêtraient, se confondaient, se contrariaient, se combattaient, mouraient et renaissaient sans cesse, comme l’oiseau fabuleux de la mythologie. Et la lutte, pour être sournoise et toujours dissimulée sous le sourire et le masque de la politesse la plus raffinée, n’en était pas moins acharnée, mortelle.
    Dans ce milieu, il devenait impossible de demeurer neutre – à moins de se retirer. Fatalement, il arrivait un moment où l’on se trouvait pris dans une maille quelconque du filet. Il fallait se dégager : donc prendre parti. Et dès l’instant qu’on était pour celui-ci, on était contre celui-là.
    Richelieu avait entrepris de réaliser cette chose irréparable en apparence. Et il y avait réussi. Il convient de dire qu’il avait eu l’intelligence de négliger Concini pour ne s’occuper que de Léonora. On ne peut cependant pas reprocher à un courtisan – surtout quand ce courtisan se double d’un prélat très jeune, très riche, beau cavalier et grand seigneur – on ne peut pas l’empêcher de se montrer galant et empressé auprès des dames. Et lorsque galanterie et empressement savent, avec un tact parfait, se maintenir dans une juste mesure, susceptible de ne compromettre ni la dame ni le cavalier, tout est pour le mieux.
    De cette tactique habile, adroitement exécutée, il était résulté ceci :
    Au moment où, par suite des rumeurs qui couraient de la fin prochaine du roi [11] , la situation de Concini se précisait et s’annonçait des plus brillantes, tel un général passant la revue de ses troupes avant de livrer la suprême bataille, Léonora avait fait le dénombrement de ses forces, c’est-à-dire qu’elle avait dressé une liste de ceux sur lesquels elle croyait pouvoir compter, et, en regard, ceux qui étaient des ennemis déclarés. Et ils étaient nombreux, ceux-là.
    Et quand elle était arrivée à Richelieu, elle avait pu se dire, assez justement : « Celui-là n’est pas à moi. Mais il le sera, si je le veux, quand je le voudrai. »
    Richelieu arrivait donc au bon moment. Et il est à présumer que ce n’était pas un simple hasard qui l’avait fait se présenter à l’instant précis où Concini était absent de chez lui. Il est probable qu’il avait préféré traiter avec Léonora.
    En conséquence, l’évêque fut immédiatement introduit auprès de la Galigaï. Il portait ce même costume violet que nous lui avons vu la veille. Il avait fort grand air et, sa jeunesse aidant, il produisit une bonne impression sur Léonora qui l’étudiait de ce coup d’œil prompt et sûr de la femme à qui rien n’échappe, quand il s’agit de toilette surtout.
    Richelieu se rendit compte de l’effet qu’il produisait. Ses manières, déjà enveloppantes, se firent plus insinuantes, plus câlines, en même temps qu’il s’efforçait de donner à son visage une expression d’ingénuité en rapport avec sa jeunesse.
    Lorsque les longs préliminaires exigés par l’étiquette eurent été accomplis, l’évêque attaqua le sujet qui l’amenait.
    – Madame, fit-il d’une voix douce, si j’ai sollicité de vous la faveur d’un entretien particulier, c’est que ce que j’ai à dire, à révéler, pour mieux dire, intéresse particulièrement Sa Majesté la reine.
    – Monsieur l’évêque, dit gracieusement Léonora, si je ne craignais de paraître ne pas apprécier comme il convient le régal

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