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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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font, à moi, ces histoires ? Le roi n’est-il pas de taille à se défendre ?…
    Il tapa du pied avec colère et bougonna :
    – Je ne peux pourtant pas assister impassible à l’assassinat de ce pauvre Sire !… Je deviendrais complice, moi ! Et puis, au vrai, je m’ennuyais… Toutes ces histoires me distrairont un peu… C’est toujours cela. Et puis ce me sera un exercice salutaire… Je me rouillais, Dieu me damne ! Je crois que j’étais en train d’engraisser !
    Là-dessus, Pardaillan se coucha et ne tarda pas à s’endormir.
    q

Chapitre 33
    L e lendemain matin, Pardaillan s’en fut en flânant à l’Arsenal, tout en haut de la rue Saint-Antoine. Il s’était dit en se levant :
    – Il y a, me semble-t-il, bien longtemps que je n’ai eu le plaisir de m’entretenir avec M. de Sully. Je crois bien que je lui dois une visite. Je ne veux cependant pas passer pour un ours et un malappris. Allons faire visite à M. de Sully.
    Dans l’antichambre, encombrée comme de juste, il heurta un gentilhomme et il s’excusa d’un mot poli. Le gentilhomme répondit par un mot aussi poli. Incident très banal, qui n’eut pas d’autre suite.
    Seulement, Pardaillan profita de la minute pendant laquelle il dut attendre le retour du laquais qui était allé porter son nom pour étudier à la dérobée l’homme qu’il avait heurté sans le vouloir.
    Ce gentilhomme n’avait cependant rien d’extraordinaire. Le costume qu’il portait avec une certaine élégance était irréprochable. Riche assurément par la qualité de l’étoffe, mais d’une simplicité qui faisait honneur au goût de son propriétaire.
    Le gentilhomme, nullement emprunté, allait et venait dans la cohue. Sa démarche était souple et aisée, son attitude pleine d’assurance.
    Pardaillan, après avoir, d’un coup d’œil, détaillé le costume, avait dévisagé l’homme. Et un mince sourire avait effleuré ses lèvres. Puis le sourire s’était fondu et il avait eu cette expression particulière de l’homme qui cherche à se souvenir. En effet, il se disait :
    – Où diable ai-je vu ces yeux ?… Et cette allure, cette démarche ?… Malgré le costume, malgré son assurance – trop d’assurance, mordieu ! – ce n’est pas un gentilhomme. Et cet accent ?… C’est un Italien, certainement… Où diable ai-je vu cet homme ?… Où ?… Quand ?…
    Il fut tiré de ses réflexions par le laquais qui venait le chercher. Il le suivit et oublia l’homme qui l’avait intrigué une minute.
    La cinquantaine. Front vaste, dégarni de cheveux. Barbe abondante, grisonnante, très soignée. Sourcils épais, œil perçant. Physionomie rude, manières brusques : tel était Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de Sully, ministre et ami de S. M. Henri IV.
    Il vint au-devant du chevalier, comme on va au-devant d’un ami : la main tendue, un sourire cordial aux lèvres. La visite le surprenait. Mais il n’avait garde de le montrer. Elle lui était agréable. Et ceci, il le laissait voir.
    Il fit un signe au laquais qui se hâta d’avancer pour le visiteur un fauteuil près de celui de son maître, contre la grande table de travail, encombrée de paperasses, et il ordonna :
    – Quand je frapperai, vous appellerez M. Guido Lupini. Le laquais s’inclina silencieusement et sortit.
    Les deux hommes s’assirent face à face. Lorsque l’échange de politesses, de rigueur, fut terminé, Sully fixa ses yeux perçants sur les yeux clairs de Pardaillan et, avec une imperceptible pointe d’inquiétude :
    – Avec vous, monsieur de Pardaillan, il faut renverser les formules ordinaires. Aussi je ne vous demande pas à quoi je puis vous être utile, mais je vous dis : Quel nouveau service venez-vous me rendre ?
    Pardaillan prit son air le plus naïf et :
    – Je ne viens vous rendre aucun service, monsieur de Sully. C’est vous, au contraire, qui allez me rendre service.
    – Aurais-je cette bonne fortune de pouvoir vous être utile ? fit Sully d’un air sceptique.
    Et gravement, avec une évidente sincérité, il ajouta :
    – S’il en est vraiment ainsi, parlez, monsieur. Vous savez que je vous suis tout acquis.
    Pardaillan remercia d’un sourire, et avec son même air ingénu :
    – Figurez-vous donc, fit-il, qu’à force de vivre à l’écart, comme un ours que je suis, j’ai fini par m’apercevoir que je ne sais plus rien de ce qui se passe. Parole d’honneur, monsieur, je suis aussi

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