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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fallait une revanche coûte que coûte. Il se redressa donc et, d’une voix très ferme, les yeux étincelants :
    – J’accuse cet homme du crime de parricide et lèse-majesté ! Je l’accuse d’avoir méchamment attenté aux jours sacrés du roi en mélangeant quelque drogue pernicieuse à l’avoine de ses chevaux !
    – Tu mens ! lança Jehan d’une voix tonnante.
    – Jeune homme, dit Henri d’un ton de souveraine majesté, devant le roi, nul n’a le droit de parler sans y être autorisé.
    Jehan allait répliquer. Un coup d’œil éloquent de Pardaillan obtint ce que n’avait pu obtenir l’ordre du roi et lui ferma la bouche. D’ailleurs, Henri reprenait aussitôt :
    – Je suis ici pour rendre à chacun la justice qui lui est due.
    Et se tournant vers le grand prévôt, d’une voix très calme :
    – Ce jeune homme vient de risquer sa vie en se jetant intrépidement à la tête de mes chevaux emportés. Avec l’aide de M. de Pardaillan, ici présent, il a réussi à les maîtriser. Si je suis encore vivant, c’est donc à lui que je le dois. Vous ignoriez cela, monsieur, sans quoi vous n’eussiez pas porté une telle accusation.
    Et, s’animant, il continua :
    – Vous ignorez aussi que, par deux fois, en moins de six semaines, j’ai failli être meurtri et n’ai dû mon seul salut qu’à l’intervention occulte de ce même homme que vous accusez… Vous ignorez encore, ce qu’il sait, lui, qu’on complote ma mort dans l’ombre et que l’attentat d’aujourd’hui se reproduira, peut-être demain, sous une autre forme. Vous ignorez vraiment trop de choses pour un grand prévôt, monsieur. En sorte que je me demande si je ne ferais pas bien de donner votre charge à ce jeune homme… puisqu’il sait tout ce que vous ignorez et qu’il serait de votre devoir de connaître.
    Pardaillan et Jehan échangèrent un coup d’œil. Il était clair pour eux que la colère du roi ne provenait pas de cette accusation, accusation dont il se souciait fort peu au fond. Mais le rusé Béarnais en prenait pied pour manifester son mécontentement de se voir si mal gardé.
    Neuvy, lui, se crut perdu. Il se vit relevé de sa charge, disgracié, relégué dans ses terres et peut-être jeté à la Bastille. Il se raidit, résolu à se défendre avec l’énergie du désespoir.
    – Je savais, Sire, dit-il, que cet homme a arrêté les chevaux du roi. Mais je sais aussi que c’est là une ruse diabolique de sa part. Il s’est vu découvert et il a trouvé ce moyen audacieux de se tirer d’affaire. Quant aux prétendus attentats passés ou à venir, que j’ignore, moi, grand prévôt, et qu’il connaît trop bien, lui, j’ai tout lieu de croire qu’il en est l’auteur.
    Et, sur un ton et avec un air qui ne manquaient pas de grandeur, il ajouta :
    – Sire, je vais de ce pas me constituer prisonnier. Si j’ai commis des fautes dans l’exercice de ma charge, qu’on instruise mon procès, je suis prêt à les payer de ma tête. Mais je demande en grâce qu’on instruise en même temps le procès de cet homme… On connaîtra le bien-fondé des accusations formelles que je porte contre lui.
    Henri IV n’était pas soupçonneux comme devait l’être son fils, Louis XIII. Il péchait plutôt par excès de confiance. Mais, en ce moment, il se trouvait encore sous le coup de la terreur – courageusement dissimulée, au reste – produite par le danger mortel auquel il venait d’échapper et, surtout, par les paroles de Jehan, confirmées par Pardaillan. L’assurance, très digne, avec laquelle venait de parler son grand prévôt, l’impressionna fortement et jeta le désarroi dans son esprit. Il jeta sur Jehan, qui demeurait impassible, un coup d’œil soupçonneux. Et il songea, désemparé :
    « Pourtant ! ventre-saint-gris ! c’est là une physionomie étincelante de loyauté !… ou je ne m’y connais pas ! »
    Ces paroles, il ne les formula pas tout haut. Il les pensa. Pardaillan les lut dans son regard expressif et il comprit ce qui se passait dans son esprit et que la manœuvre remarquablement habile de Neuvy allait amener l’arrestation immédiate de son fils. Il jugea le moment venu d’intervenir. Et il répondit à la pensée du roi avec cet air froid qu’il prenait dans les circonstances critiques :
    – Vous avez raison, Sire. Ce jeune homme n’est pas l’assassin qu’on veut voir en lui. Le sire de Neuvy, de bonne foi, je veux le croire, se trompe. Je

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