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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’affirme hautement… et le roi sait que je ne mens jamais.
    Henri IV fixa son œil rusé sur l’œil clair de Pardaillan et, doucement :
    – Je sais que vous ne mentez jamais, mon ami… Mais vous pouvez vous tromper.
    – Je ne me trompe pas, en cette affaire, affirma froidement Pardaillan.
    Henri le fixa encore un moment sans rien dire et, se tournant vers le grand prévôt :
    – Au fait, Neuvy, dit-il d’un ton très radouci, puisque vous êtes si bien renseigné, pouvez-vous me dire pourquoi cet homme me veut la malemort ?
    Neuvy respira. Le roi discutait, donc il n’était pas encore perdu. Et il croyait tenir l’argument irréfutable qui le convaincrait.
    – Le roi, fit-il, n’a pas certainement oublié dans quelles circonstances il a rencontré cet homme pour la première fois, sous certain balcon de la rue de l’Arbre-Sec.
    – Eh bien ?
    – Eh bien, Sire, cet homme est follement épris de… la personne qui… demeure à l’endroit en question. C’est la jalousie, qui s’est muée en haine féroce chez lui, qui arme son bras.
    Henri eut un sourire narquois. Son siège était à peu près fait maintenant. En effet, comment prendre au sérieux le mobile invoqué par Neuvy ? Jehan, il y a quelques minutes à peine, venait de lui dire qu’il savait qu’il était le père de Bertille de Saugis.
    – Vous croyez ? fit-il en fixant le grand prévôt.
    – J’en suis sûr, affirma catégoriquement Neuvy.
    Henri se détourna en souriant. Il jeta un coup d’œil à Jehan. Depuis l’intervention de Pardaillan, il se tenait immobile, les bras croisés, l’air souverainement indifférent. A le voir si calme, si absent, on n’eût certes pu soupçonner qu’il était en cause et que c’était sa tête qui était en jeu et qu’on voulait à toute force jeter au bourreau. De Jehan, le roi passa à Pardaillan et le considéra, sans mot dire, un sourire malicieux aux lèvres.
    Pardaillan répondit par un sourire identique, accompagné d’un haussement d’épaules dédaigneux, et :
    – Vous voyez bien !… Notez, Sire, que toutes les raisons qu’on donnera contre ce jeune homme seront à peu près de la force de celle-ci… Le vrai, comme j’ai déjà eu l’honneur de le dire à Votre Majesté, est qu’on veut se débarrasser de lui à tout prix.
    Henri coula sur Neuvy (qui écoutait sans comprendre) un coup d’œil gros de menaces. Pardaillan surprit ce coup d’œil et ajouta, en baissant la voix, pour Henri seul :
    – Je crois qu’il est de bonne foi… C’est un instrument inconscient.
    – Qui vous le fait supposer ? demanda Henri sur le même ton.
    – Mais… l’assurance avec laquelle il s’est mis en avant… Croyez-moi, Sire, les véritables intéressés n’auront garde d’intervenir eux-mêmes.
    – Peut-être avez-vous raison, fit Henri d’un air rêveur.
    Un moment, il considéra en souriant tour à tour Pardaillan et Jehan. Brusquement, il passa son bras sous celui du chevalier, s’appuya dessus, et l’entraînant vers le carrosse, avec cette familiarité affectueuse qu’il avait vis-à-vis de ses intimes :
    – Mon ami, dit-il, je crois qu’un entretien particulier est nécessaire entre nous.
    – Je le crois aussi, Sire.
    – Suivez-moi donc dans mon carrosse.
    Ceci, dit à voix haute, était un ordre d’avoir à s’écarter du carrosse royal. Neuvy et le cocher le comprirent ainsi et s’empressèrent de s’éloigner. Pardaillan se tourna vers Jehan, qui n’avait pas bougé, et avec une grande douceur :
    – Mon enfant, dit-il, veuillez m’attendre un instant… Nous n’en avons pas pour longtemps, le roi et moi.
    C’était une grande familiarité que se permettait Pardaillan. Henri IV, si familier qu’il se montrât, ne l’aurait probablement toléré à tout autre. Il fit mieux que la tolérer au chevalier. Il daigna se tourner lui-même vers Jehan et lui fit un geste amical de la main, pour l’engager à patienter un instant. Jehan répondit en s’inclinant respectueusement. Et Pardaillan eut encore un sourire de satisfaction, car si la révérence pouvait s’adresser au roi, le coup d’œil qui l’accompagnait indiquait clairement que c’est à lui qu’elle s’adressait.
    Concini et d’Epernon, tout en s’entretenant avec Bellegarde et Liancourt qui les avaient rejoints, ne quittaient pas des yeux le roi et les trois gentilshommes avec qui il s’expliquait. A défaut de paroles qu’ils ne pouvaient percevoir,

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