Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
ramener le calme dans son esprit désemparé. Restait la question de l’attentat commis autrefois. C’était si loin !…
    Ce qui était moins excusable, c’était l’abandon de l’enfant. Mais cela se pouvait encore réparer. Déjà, avant de savoir ce qu’il avait appris si inopinément, il avait résolu de s’occuper de l’enfant de Blanche de Saugis. Maintenant qu’il était sous le charme puissant de cette radieuse jeunesse, de cette idéale beauté, il sentait naître en lui l’orgueil d’être le père de cette merveille. Et il se disait qu’il ferait pour elle, avec joie, cent fois plus que ce qu’il aurait fait par pur scrupule de conscience. A la dérobée, il admirait la gracieuse jeune fille et il se confirmait dans sa résolution de réparer royalement son long oubli et il se disait :
    – Jarnidieu ! cette belle fille sera l’ornement de ma cour. Je la doterai magnifiquement, je la marierai à l’un de mes amis, elle ne me quittera plus, et s’il ne tient qu’à moi, elle sera heureuse. Pour être tardive, la réparation n’en sera pas moins complète. Je lui dois bien cela.
    A évoquer un avenir qu’il voyait riant et paisible, à énumérer les bienfaits dont il se promettait de la couvrir, il s’attendrissait, et sous le coup de cet attendrissement, il lui tendit les bras, en répétant :
    – Ma fille !
    En la reconnaissant pour sa fille, en lui ouvrant ses bras, il croyait se montrer très affectueux. Il était persuadé qu’elle allait se jeter sur son sein, accepter avec joie et reconnaissance son étreinte, lui donner le nom de père.
    Il n’en fut pas ainsi.
    A son grand étonnement, Bertille ne bougea pas. Elle secoua doucement la tête et sur un ton d’inexprimable mélancolie, elle murmura :
    – Je n’ai pas de père, hélas !… Je n’en aurai jamais.
    Henri se mit à l’étudier attentivement, ce qu’il n’avait pas encore songé à faire, ébloui qu’il était par tant de grâce et d’exquise jeunesse.
    Il fut frappé alors de l’extrême réserve de son attitude d’une suprême dignité. Elle fixait sur lui un regard profond, un peu triste, nullement impressionné ni par la majesté royale ni par l’autorité paternelle.
    Et il comprit que cette jeune fille, dont le malheur avait mûri la raison, était un caractère énergiquement trempé qui ne se laisserait pas éblouir par le rang et la fortune entrevus, ni leurrer par des raisonnements captieux. Il comprit qu’il se trouvait en présence d’un juge sévère à qui il fallait rendre des comptes et non pas d’une enfant heureuse de trouver un père à qui le titre de roi que possédait ce père suffirait pour lui faire oublier tout un passé d’amertume et de tristesse.
    Il avait espéré éviter des explications plutôt embarrassantes en provoquant des effusions. Il vit, non sans ennui, qu’il s’était trompé.
    Mais au fond, comme il était juste, il se dit qu’elle était en droit, dans une certaine mesure, de lui garder rigueur de son abandon passé ; que, du fait de cet abandon, il n’avait aucune autorité sur elle, d’autant qu’il n’entrait pas dans son idée de la reconnaître officiellement, comme il avait fait de ses autres enfants naturels. Enfin, il s’avoua qu’il ne pouvait pas non plus faire intervenir son autorité royale, étant données les conditions particulièrement scabreuses dans lesquelles il s’était introduit auprès d’elle.
    Il résolut donc de se résigner à l’inévitable explication, à se montrer patient et bienveillant, à s’efforcer de la conquérir par de bonnes paroles et de bons procédés, quitte à parler en maître si elle se montrait irréductible.
    Pour lui montrer qu’il comprenait sa réserve et ce qui en était la cause, il dit sur un ton compatissant :
    – Vous avez beaucoup souffert, mon enfant ?
    Sans acrimonie, simplement, elle répondit :
    – J’ai été très malheureuse, en effet, Sire.
    – Par ma faute, je le sens. Il ne faudrait pas cependant me croire plus coupable que je ne le suis réellement. Plus tard, mon enfant, vous comprendrez que les princes ne vivent pas pour eux, mais pour les peuples dont ils ont la garde. Ils ne peuvent pas toujours suivre les impulsions de leur cœur.
    Vivement, elle interrompit :
    – Votre Majesté se trompe si elle croit que ma réponse sous-entend un blâme, si léger soit-il. Jamais il n’est entré dans ma pensée de demander la moindre explication au roi, en tout

Weitere Kostenlose Bücher