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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ce qui me concerne, encore moins de censurer sa conduite à mon égard. Le roi est le maître. Il n’a de comptes à rendre qu’à sa conscience. Je prie Votre Majesté de croire que je ne l’oublierai pas.
    Ces paroles, auxquelles il était loin de s’attendre, surprirent agréablement le roi. Délivré de l’appréhension d’une explication pénible, il retrouva sur-le-champ sa bonne humeur. Quittant son fauteuil, il se mit à arpenter l’oratoire d’un pas vif et allongé et, tout en marchant, il s’écriait joyeusement :
    – Jarnidieu ! Voilà qui est bien dit ! Je vois que vous êtes aussi sage que belle… et ce n’est pas peu dire. Aussi je ne veux pas être en reste de générosité avec vous. Je confesse que j’eus des torts… Ne dites pas non ! J’eus des torts graves que je dois et veux réparer. Le soin de votre avenir me regarde désormais. Je veux faire de vous la plus heureuse, la plus enviée des femmes. Assurez-vous que vous me trouverez toujours prêt à réaliser vos désirs, autant qu’il sera en mon pouvoir.
    Gravement, elle répondit :
    – S’il en est ainsi, j’oserai donc demander une grâce au roi. En échange de quoi je le tiendrai quitte de tout ce qu’il croit devoir me promettre.
    – Parlez, et si ce que vous avez à me demander n’est pas impossible, foi de gentilhomme, c’est accordé, s’écria vivement le roi, charmé de la voir de si bonne composition.
    Bertille parut réfléchir une seconde… Non qu’elle hésitât à formuler sa demande, mais parce qu’elle cherchait les termes dans lesquels elle la présenterait.
    – Puis-je savoir, dit-elle, quelles sont les intentions du roi au sujet de ce jeune homme qui l’attend à ma porte ?
    Henri était loin de s’attendre à une pareille demande. Il s’arrêta net devant la jeune fille et fixa sur elle un regard scrutateur en songeant à part lui :
    – Voilà donc où le bât la blesse !
    Bertille supporta cet examen sans manifester le moindre embarras. Dans son regard si candide, si franc et si pur, le roi ne lut pas d’autre sentiment que l’anxiété. Il eut un demi-sourire malicieux et, avec une brusquerie affectée :
    – D’abord, fit-il, qui vous a dit qu’il a été assez fou pour m’attendre ?
    Avec une assurance déconcertante, elle dit ingénument :
    – Puisqu’il l’a promis !
    – Au fait, dit Henri en l’observant, vous le connaissez sans doute mieux que moi et savez par conséquent si on peut se fier à sa parole ?
    – Mais je ne le connais pas !… Je ne lui avais jamais adressé la parole avant ce soir !… Je ne sais son nom que parce qu’il s’est nommé à Votre Majesté devant moi, tout à l’heure !
    Il n’y avait qu’à la regarder pour être convaincu qu’elle disait vrai.
    Le roi ne douta pas un seul instant. Mais il avait son idée, et il poursuivit :
    – Si vous ne le connaissez pas, comment pouvez-vous savoir ?
    – Oh ! Sire, vous n’avez donc pas regardé son visage ?… Je ne suis qu’une petite fille ignorante, mais il me semble qu’avec une physionomie pareille on ne ment pas, on tient ce qu’on a promis.
    – Soit, mettons qu’il en est ainsi que vous dites. Que vous importe ce que j’ai décidé à l’égard de ce jeune homme ? Pourquoi, surtout, vous intéressez-vous à lui ?
    – C’est pour moi, pour me défendre, qu’il a osé braver la colère de Votre Majesté.
    – Eh jarnidieu ! de quoi se mêle-t-il ?… Et d’abord, pourquoi et de quoi vous défendre ?… Vous n’étiez pas menacée que je sache !
    – En êtes-vous bien sûr, Sire ?
    Henri tressaillit. La voix si douce, si mélodieuse de la jeune fille, venait de prendre brusquement une intonation sévère qui résonna à son oreille comme une accusation directe. Il voulut la dévisager, mais dans ce regard si clair, obstinément fixé sur le sien, il lut une expression de reproche si significative que, pour dissimuler son trouble, il se hâta de reprendre sa marche à travers l’oratoire, en lui tournant le dos.
    – Enfin, reprit-il après un silence, comment ce jeune homme s’est-il trouvé là à point nommé ?… Il passe donc ses nuits à veiller sur votre seuil ?… De quel droit ?…
    – Je ne sais pas.
    Et, en disant ces mots, pour la première fois, elle rougit. Henri, qui ne la perdait pas de vue, reprit :
    – Vous ne savez pas ?… Eh bien, je le sais, moi, et je vais vous le dire : c’est qu’il vous aime.
    Il

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