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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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jusque-là.
    Etourdiment, le roi s’écria :
    – Affaire d’habitude… Coton ne veut pas le comprendre et il m’assomme de sermons à ce sujet.
    – Il est cependant facile d’arranger les choses.
    – Comment ?
    – Pardieu ! Sire, puisque votre confesseur prétend que jarnidieu signifie : je renie Dieu ; puisque vous prétendez que Coton vous assomme, reniez-le, dites : jarnicoton ! Vous vous soulagerez à votre aise, et vous vous vengerez du même coup de votre confesseur qui ne pourra plus rien dire.
    Le roi éclata de rire.
    – Par ma foi, vous êtes un joyeux compagnon, jeune homme !… Jarnicoton me plaît ! J’adopte jarnicoton et suis impatient de voir la mine que fera le digne père jésuite !
    Henri avait pris le bras de Pardaillan. C’était encore une de ses habitudes : il fallait toujours, en marchant, qu’il s’appuyât ainsi sur quelqu’un. Il entraînait doucement ses deux compagnons dans la direction du Louvre. Il paraissait admirablement à son aise et tout joyeux de sa promenade nocturne.
    Pas une fois il ne fit allusion à l’équipée du jeune homme qui marchait à sa gauche. Pas davantage il ne rappela le refus d’obéissance de Pardaillan et les paroles violentes qui avaient accompagné ce refus. Enfin, il ne souffla mot de la lutte soutenue contre les archers. On eût dit que tout cela était effacé de sa mémoire, n’avait jamais existé. Constamment il maintint la conversation sur ce ton de liberté familière qu’il affectionnait, riant de tout, plaisantant sur tout, mais ne faisant rien deviner de ses intentions et n’abordant que des sujets futiles ou insignifiants.
    Lorsqu’ils furent arrivés au bas de la rue, le roi, sans y prendre garde, fit demi-tour et reprit en sens inverse le chemin qu’ils venaient de parcourir. Ils repassèrent devant la maison de Bertille et se dirigèrent, toujours riant et plaisantant, parlant haut, vers la rue Saint-Honoré.
    Au beau milieu de la rue de l’Arbre-Sec se dressait la fontaine du Trahoir, construite sous le règne de François I er , il y avait près d’un siècle. Ainsi placée, au milieu de la chaussée, dans une voie assez étroite, on comprend que cette fontaine gênait la circulation. Les habitants faisaient entendre des plaintes fréquentes à ce sujet, mais l’administration, qui de tout temps a toujours été la même, jugea opportun de les faire attendre environ un siècle encore avant de se décider à la transporter à l’angle des rues Saint-Honoré et de l’Arbre-Sec, ou elle subsiste encore, rebâtie sur de nouveaux plans, bien entendu.
    Autour de cette fontaine, ombres tapies dans l’ombre, ils étaient trois qui, silencieux, la dague au poing, ramassés sur eux-mêmes, prêts à bondir, guettaient l’approche des trois promeneurs nocturnes. Ces trois-là étaient Escargasse, Gringaille et Carcagne, les trois braves que nous avons entrevus le matin même à la porte du logis de Jehan le Brave.
    Le roi, nous l’avons dit, s’appuyait sur le bras de Pardaillan, qu’il avait à sa droite, Jehan le Brave se tenait à sa gauche. En approchant de la fontaine, le groupe appuya à droite, en sorte que le jeune homme se trouva dans la nécessité de frôler le monument.
    Le roi et Pardaillan passèrent sans rien remarquer et sans que les trois malandrins aux aguets eussent bougé.
    Jehan le Brave laissa passer ses deux compagnons, s’arrêta, posa son pied sur le bord de la fontaine et feignit d’arranger son éperon. En même temps, du bout des lèvres, dans un souffle, il laissa tomber quelques paroles brèves, recueillies par les oreilles attentives des trois braves. Et tout aussitôt, l’air indifférent, il s’éloigna, rejoignit Henri IV et Pardaillan, qui ne parurent pas avoir remarqué cet arrêt bref, et tous trois, tournant à gauche, s’engagèrent dans la rue Saint-Honoré.
    Dès qu’il se fut éloigné, les trois braves sortirent de leur coin. Ils avaient des mines piteuses et déconfites et ils étaient pâles comme s’ils venaient d’échapper à un grand danger.
    – Eh bé ! murmura le provençal Escargasse, nous l’avons échappé belle !
    – Un peu plus et nous attaquions le chef, expliqua Carcagne.
    – Quelle grêle de coups se serait abattue sur nos crânes et nos échines ! confessa sans fausse honte le Parisien Gringaille.
    – Tais-toi, Gringaille, rien que d’y penser je me sens tout meurtri !
    – Mais aussi, comment s’imaginer que c’était

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