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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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empressement :
    – Madame, si vous daignez promettre de ne pas appeler à l’aide, de ne pas bouger…
    – Je n’appellerai pas, je ne bougerai pas, assura la jeune fille.
    – S’il en est ainsi, madame, croyez que je suis très heureux d’accéder à vos désirs qui sont des ordres pour moi.
    Et Concini lui-même, secoué d’un long frisson au contact de ce corps désiré qui l’affolait, arracha les écharpes qui l’immobilisaient, le manteau qui lui dérobait la vue de ces traits d’une pureté idéale, qu’il avait hâte de contempler.
    Bertille n’eut pas un mot, pas un geste de remerciement à l’adresse de celui qui venait de lui rendre la liberté de ses mouvements. Elle ne daigna même pas l’honorer d’un regard. Il semblait qu’elle ne l’eût même pas aperçu.
    Avec un calme stupéfiant, que Concini admira intérieurement, elle se redressa sans hâte et s’assit, commodément. Elle aspira longuement une bouffée d’air frais, rajusta son corsage, rejeta derrière l’oreille quelques mèches de cheveux qui la gênaient, arrangea, de quelques menus gestes vifs et gracieux, les plis de sa robe chiffonnée et croisa fortement ses mains sur son sein. Geste en apparence très naturel, mais qui lui permettait d’avoir constamment sous la main l’arme sur laquelle reposait son salut.
    Et Concini la vit ainsi toute blanche, enveloppée dans les plis harmonieux du prestigieux manteau d’or qu’était son opulente chevelure. Il vit la resplendissante beauté, l’éclatante fraîcheur, le velouté de la chair douce et parfumée, l’harmonie impeccable des lignes, la grâce juvénile des attitudes empreintes d’une souveraine dignité, et, émerveillé, ébloui, il ferma les yeux sous le masque et porta la main à son cœur comme pour en comprimer les tumultueux battements.
    Les trois sacripants eux-mêmes, sous le charme de cette radieuse apparition, traduisirent leur impression par leur habituel sifflement, indice de la plus extrême admiration. Et, par un revirement dont ils étaient sincèrement ébahis, ils commencèrent d’éprouver une étrange sensation de malaise à la pensée de la besogne qu’ils accomplissaient. Et dans leur cœur racorni, l’aube d’un sentiment inconnu, qui ressemblait presque à de la pitié, se levait en faveur de cette enfant qui leur apparaissait belle et pure et immaculée, autant et plus que ces représentations en images de madame la Vierge, qu’ils admiraient de confiance quand, par hasard, ils s’égaraient dans une église, ce qui leur arrivait quelquefois.
    Cependant, si Concini avait connu la jeune fille, il aurait été frappé de sa pâleur. Ses yeux bleus, si doux, brillaient d’un éclat fiévreux qui lui aurait donné fort à penser. Mais Concini ne la connaissait pas. Il fut dupe de son calme apparent.
    Sans regarder le ravisseur qui se tenait debout et découvert devant elle, dans une attitude respectueuse, comme perdue dans un rêve, de sa voix harmonieuse, elle dit :
    – Vous vous exprimez comme un gentilhomme que vous n’êtes pas…
    – Madame ! gronda Concini en pâlissant. Imperturbable, elle continua :
    – … parce que un gentilhomme, digne de ce nom, ne s’abaisse pas à faire violence à une jeune fille… Mes désirs sont des ordres pour vous, avez-vous dit ? Soit !… Je désire donc retourner paisiblement chez moi. Laissez-moi aller et j’oublierai…
    – Madame, interrompit Concini d’une voix désespérée, vous me demandez précisément la seule chose que je ne puisse vous accorder… pour le moment du moins.
    Avec un air de dédain écrasant qui exaspéra Concini, de sa voix paisible, presque indifférente, elle insista :
    – Je disais bien : vous n’êtes pas un gentilhomme, cela se voit, du reste… Vous êtes le plus fort, faites de moi ce que vous voudrez… Je ne m’abaisserai certes pas à discuter plus longtemps avec vous.
    Emporté par la passion qui grondait en lui, Concini éclata d’une voix basse, ardente :
    – De grâce, madame, écoutez-moi… Vous ne savez pas quelle passion furieuse, sauvage, est entrée en moi, dès l’instant où je vous ai aperçue pour la première fois… vous ne savez pas que depuis cet instant, je passe des nuits sans sommeil, à balbutier votre nom si cher et si doux !… Oui, je sais, j’ai usé de ruse et de violence envers vous, vous l’avez dit : je me suis avili à une besogne déshonorante pour un gentilhomme. Mais je ne suis pas

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