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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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première vue, donne à supposer que la rue tirait son nom des rats dont elle était infestée, nous dirons qu’à l’origine elle s’appelait rue d’Aras. Il est probable que d’Aras, par corruption, on avait fait des Rats. Au surplus, on s’aventurerait peut-être un peu trop si, de l’explication que nous donnons pour ce qu’elle vaut, on inférait que la rue était préservée de la présence de ces incommodes rongeurs.
    Concini vint heurter d’une manière convenue à la porte de la maison située à l’angle de la rue et du quai. La porte s’ouvrit aussitôt.
    Si la maison avait un extérieur morne et rébarbatif, elle changeait complètement de physionomie à l’intérieur. C’était un merveilleux nid d’amour, le plus coquet, le plus élégant qu’on pût rêver.
    Bertille fut déposée, délivrée de son bâillon, dans une chambre meublée avec tous les raffinements du luxe le plus effréné, et dont la pièce principale était un lit large, profond, monumental, et qui sur son estrade de chêne, proprement ciré, drapé de dentelles d’un inestimable prix, se dressait comme l’autel du sacrifice dans ce temple consacré à Vénus.
    Sur un signe du maître, les trois braves se retirèrent discrètement. Mais faute d’instructions précises, ils demeurèrent dans la maison, attendant les ordres.
    Concini, en demeurant tête à tête avec Bertille, n’avait nullement l’intention d’employer la force brutale pour la réduire. Non pas que la violence le fît hésiter, mais parce que l’amour-propre aidant, il s’exagérait un peu la puissance de son charme et de sa fascination, réels dans une certaine mesure. Il se disait que jeune, beau, élégant, riche comme il était, il serait vraiment surprenant que là où une reine avait succombé, une petite fille ignorante, pauvre, obscure aurait la force de résister. Il avait donc résolu d’employer la douceur pour obtenir de plein gré ce qu’il pourrait toujours exiger de force le cas échéant.
    Il avait un peu présumé de ses forces. Il avait compté sans la violence de sa passion où il entrait plus de désir sensuel que d’amour véritable.
    En voyant la jeune fille qui se tenait debout, très pâle, mais résolue, toujours figée dans une attitude de souverain mépris, surveillant ses moindres gestes avec une méfiance, un dégoût non dissimulés qui à eux seuls constituaient la plus sanglante des injures, en la voyant plus jolie, plus excitante dans son pudique émoi, il sentit son sang bouillonner dans les veines. Et, oubliant qu’il n’était venu que pour préparer les voies en laissant tomber des offres et des promesses susceptibles d’éblouir, il arracha d’un geste violent manteau, chapeau, masque et apparut haletant, défiguré par la luxure, effrayant. Et les bras tremblants, tendus vers elle, la voix grelottante :
    – Ecoute, jeune fille, dit-il, tu ne sais pas qui je suis… je puis faire de toi la femme le plus fortunée, la plus enviée de ce royaume… Je suis riche… je suis puissant… Fortune, honneurs, puissance, je mets tout cela à tes pieds… Tu seras couverte des bijoux les plus rares et les plus précieux. Tu logeras dans une maison à toi, auprès de laquelle les plus luxueux palais paraîtront des taudis. Tu mangeras les mets les plus renommés dans des plats d’or dont le plus petit vaudra une fortune… Tu connaîtras les splendeurs de la cour, où tu brilleras comme une reine… Tout cela, je te l’offre pour un regard !… dis, veux-tu ?…
    La main crispée sur le manche du poignard, ses yeux clairs et lumineux fixés sur ses yeux à lui, troublés et injectés de sang, d’une voix qu’elle parvint à rendre assurée par un effort prodigieux :
    – Toute ma vie dans le plus misérable des taudis, couverte de haillons, du pain sec mendié sur le porche des églises, la misère la plus affreuse, la mort même, plutôt que la honte que vous m’offrez !
    – Je te fais donc horreur ?…
    En disant ces mots, il avait fait deux pas en avant.
    Elle crut qu’il allait se ruer sur elle. Elle leva le bras et prononça :
    – Un pas de plus… et vous êtes mort ! Il s’arrêta net.
    Elle crut l’avoir effrayé et sourit dédaigneusement.
    C’était l’étonnement et non la crainte qui l’avait cloué sur place. Il sourit à son tour et, se ressaisissant, le courtisan reparut. Il s’inclina avec grâce et complimenta sans ironie apparente :
    – Peste ! à vous voir si frêle

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