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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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et si délicate, qui donc eût deviné que vous cachiez l’âme guerrière d’une Bradamante ?… Au surplus, cet air intrépide vous sied tout à fait. Vous êtes ainsi mille fois plus adorable… plus désirable… oui, je dis bien, désirable au possible !…
    La pièce où ils se trouvaient était vaste. Rehaussée de deux larges marches, entourée de sa balustrade de chêne, ses quatre colonnes torses se dressant légères et supportant le dais de bois finement travaillé, portant au centre son écusson soutenu par deux amours ailés et d’où retombaient les lourds rideaux de brocard maintenus écartés par quatre amours espiègles et joufflus, l’estrade du lit se dressait au centre et contre le mur de fond. Elle occupait à elle seule un bon tiers de la pièce en longueur et en largeur. Entre les extrémités de l’estrade et les murs de côté, il y avait donc un espace, égal en longueur, qui tenait toute la largeur de la pièce.
    A droite, c’est-à-dire à la tête du lit : la porte d’entrée à double battant, masquée par une épaisse portière de velours. Face à la porte, une fenêtre dont les rideaux étaient hermétiquement clos.
    A gauche, c’est-à-dire au pied du lit : une petite porte dérobée : en face, une autre fenêtre. Entre cette fenêtre et le lit, une haute cheminée.
    C’est dans cet espace que se tenait Bertille, debout, entre la cheminée et l’estrade.
    Un peu partout : bahuts, tables, fauteuils, lit d’été, étagères surchargées de bibelots rares. Profusion de tableaux licencieux, bronzes, marbres, objets d’art. Sur la première marche de l’estrade, à la tête et au pied, deux énormes torchères.
    Concini, comme s’il voulait la rassurer sur ses intentions, alla se placer du côté opposé et se mit à fouler le parquet d’un pas nerveux, allant de la porte à la fenêtre et inversement, sans prononcer une parole, lui jetant à la dérobée des regards où luisait une lueur inquiétante. Il avait décidé de lui laisser quelques jours de réflexion, après quoi, si elle continuait à se montrer intraitable, il agirait. Il avait décidé sincèrement ; dix fois il avait ouvert la bouche pour le lui déclarer et toujours il avait reculé.
    Pourquoi ? C’est que, comme il l’avait dit en insistant, la jeune fille lui paraissait désirable au possible et que son désir, un instant assoupi, se réveillait plus impérieux, plus violent qu’il n’avait jamais été. Et puis, il y avait autre chose : il était jaloux. Il se disait, avec une inconsciente fatuité, que, pour que cette jeune fille lui eût résisté, à lui Concini, le seigneur le plus élégant de la cour de France, pour qu’elle eût rejeté les offres brillantes qu’il lui avait faites, pour qu’elle l’eût menacé enfin de le poignarder, il fallait que son cœur fût pris ailleurs.
    A cette pensée, il se surprenait à, grincer des dents, à mâchonner d’horribles menaces à l’adresse de ce rival inconnu. Bientôt l’obsession fut si forte, qu’il laissa éclater sa pensée inquiète.
    – Enfin, s’écria-t-il brusquement en se rapprochant d’elle, vous réfléchirez aux propositions que je vous ai faites… Il n’est pas possible que je vous inspire une horreur insurmontable… Ou bien, alors, c’est que vous en aimez un autre !…
    L’insistance avec laquelle il la fixait, l’expression de son regard, le ton, l’attitude, tout était menaçant chez lui. Cette menace révolta la jeune fille :
    – Et quand cela serait ? lança-t-elle en se redressant. Il grinça :
    – Ah ! prenez garde !
    – A quoi ?… Je suis en votre pouvoir et je ne tremble pas.
    – Votre amant !… Je puis le broyer !
    – Allons donc ! Vous vous vantez ! S’il apparaissait, vous fuiriez lâchement ! Vous ne sauriez où vous terrer !
    – Quelque misérable truand !… C’est ce qui convient à une fille telle que toi !
    – Le plus digne, le plus loyal, le plus chevaleresque des gentilshommes, dont la rude main se serait déjà appesantie sur cette face de pleutre !
    Ces paroles délirantes, furieuses, d’une part, suprêmement dédaigneuses de l’autre, se succédaient, se choquaient rapides comme des battements de fer dans un duel à mort.
    – Je veux lui manger le cœur !… le brûler de ma main à petit feu !…
    – Le rôle de bourreau doit, en effet, vous convenir à merveille !
    – Je veux le voir à mes genoux, criant grâce et merci ! Malheur

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