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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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innocent. Je vois que vous êtes capable de toutes les infamies pour arriver à vos fins. Mais je sais aussi que Jehan le Brave n’est pas de ceux qui se laissent prendre.
    – Eh bien ! rugit triomphalement Concini, c’est ce qui te trompe !… On peut si bien l’arrêter, qu’il est maintenant sous les verrous… Dans quelques jours, il subira le supplice infligé aux rég…, aux scélérats de son acabit.
    Le désir féroce qu’il avait de lui porter ce coup qui devait l’assommer, pensait il, lui avait fait oublier la prudence qui conseillait impérieusement de ne pas paraître savoir ce que tout le monde ignorait encore à l’heure présente. Il avait même failli prononcer le mot régicide. Il regrettait déjà son imprudence. Mais il n’y avait plus à y revenir.
    Le coup, d’ailleurs, avait porté au-delà de ce qu’il avait espéré. Bertille, de pâle qu’elle était, devint livide. Elle chancela. Elle dut s’appuyer à un meuble qui se trouvait là pour ne pas tomber. Elle pensa que le roi, après avoir paru pardonner magnanimement, s’était ravisé.
    Concini, qui la dévorait des yeux avec une joie funeste, ne put pas jouir de son triomphe comme il l’aurait voulu. Il fut distrait par une série de grognements inarticulés, suivie d’une grêle de jurons à faire frémir un corps de garde. Etonné, furieux, désappointé, il se retourna tout d’une pièce et reconnut ses trois estafiers qui, présentement, montraient des figures pour le moins aussi bouleversées que la sienne. Dans son saisissement, il ne sut que bégayer :
    – Que faites-vous ici, drôles ?
    Ce qu’ils faisaient ?… Ils avaient entendu parler de leur Jehan dans des conditions qui les avaient intrigués, ils avaient voulu savoir de quoi il retournait et ils avaient trouvé tout simple de rester, se disant qu’ils pourraient toujours se défiler à la douce, en jurant qu’ils n’avaient pas vu le geste qui leur ordonnait de se retirer. Et voilà qu’ils apprenaient brutalement que leur Jehan, qu’ils avaient quitté libre et insouciant il n’y avait pas deux heures, était maintenant arrêté, menacé d’être écartelé. Qui disait cela ? Concini : un homme bien placé pour savoir certaines choses avant tout le monde. Ah ! s’ils avaient su deux heures plus tôt ! Ils ne l’auraient pas quitté et alors on ne l’aurait pas eu. Leur douleur était réelle, profonde, et ils la manifestaient à leur manière : par des jurons variés.
    Concini s’était remis. Il s’avança menaçant sur eux, grondant furieusement :
    – Que venez-vous m’espionner ici ?… Je vous chasse !… Allez, hors d’ici, chiens ! dehors, vous dis-je !
    Les trois se redressèrent, se consultèrent du coin de l’œil et, au lieu de sortir comme il leur ordonnait, ils se dirigèrent vers leur maître avec des figures qui l’eussent fait frémir s’il n’avait été absorbé par ses pensées. Une seconde de plus, c’en était fait de Concini, qui n’eût jamais été marquis ni Premier ministre. Mais, à ce moment précis, Concini, changeant d’idée, s’écria :
    – Ou plutôt, non, restez… Voyons, toi, Escargasse, parle, répète à cette femme qui ne croit sur parole que les gens de votre espèce, répète-lui ce que tu m’as dit dans mon cabinet. Seulement, sois bref.
    Les trois respirèrent, soulagés. Ils eurent des sourires entendus et des clins d’yeux malicieux. Ils comprenaient la méprise. Dès l’instant qu’il s’agissait de l’arrestation qu’ils avaient signalée et qui n’avait jamais existé que dans leur imagination, ils pouvaient être rassurés sur le sort de leur chef. Ils reprirent instantanément leur attitude de respect outré et Escargasse déclara :
    – Monseigneur, nous vous avons signalé qu’un meurtre abominable a été commis et que nous avons vu arrêter le meurtrier, qu’on a quelque peu malmené, selon la coutume.
    Concini se retourna vers Bertille pour juger de l’effet de ces paroles. Alors, sur son dos, avec des mines hilares, les trois, d’un commun accord, se livrèrent à une pantomime effrénée. Des bras agités frénétiquement, de la tête, des yeux, des lèvres qui remuaient sans laisser échapper un son, ils disaient, ils criaient de façon très claire, qui ne permettait aucune fausse interprétation :
    – Ce n’est pas vrai !… N’en croyez rien !
    Et Bertille, à qui s’adressait cette expressive mimique, les crut sans savoir

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