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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pourquoi. Si bien que Concini, qui s’attendait à la voir enfin abattue et meurtrie, fut stupéfait de la trouver droite, aussi fière et aussi résolue.
    Il se retourna brusquement, comme s’il avait eu l’intuition d’une trahison de ses hommes, et il les vit raides, impassibles. Il les considéra un instant, le sourcil froncé, réfléchissant, et d’une voix radoucie :
    – Pourquoi n’êtes-vous pas sortis quand je vous ai fait signe ? demanda-t-il.
    – Monseigneur, nous n’avons pas remarqué.
    Concini les fouilla d’un regard perçant. Ils prirent leur mine la plus ingénue. Sans insister, Concini dit :
    – Je n’aime pas les distractions dans le service. Passe pour cette fois, mais n’y revenez plus. Maintenant descendez au rez-de-chaussée et ne montez que si j’appelle. Allez !
    Ils sortirent. Derrière eux, Concini ouvrit la porte toute grande et écouta. Ils descendirent l’escalier bruyamment. Concini ferma la porte et donna un double tour de clé en murmurant :
    – Demain, je réglerai leur compte à ces sacripants… Je n’ai plus confiance en eux.
    Il jeta un coup d’œil sur Bertille qui n’avait pas fait un mouvement, et, sans lui dire un mot, il reprit sa marche dans le rectangle qu’il avait adopté, loin d’elle. Et tout en marchant, il jetait des regards furtifs sur elle. Cette promenade dura un quart d’heure. Il ne pensait plus à s’en aller. Il ne pensait plus à lui accorder un délai. Son désir l’avait repris plus tenace, plus impérieux. Il murmura, comme pour s’excuser à ses propres yeux :
    – La maîtresse d’un truand ! J’aurais bien tort de me gêner ! Il se rapprocha d’elle, résolu à en finir :
    – Avez-vous réfléchi aux propositions que je vous ai faites ? dit-il, ramenant brusquement la conversation à son point de départ.
    – Vous m’avez fait des propositions ?… vous ?…
    Il pâlit, ses poings se crispèrent. Il hocha la tête comme pour dire : nous réglerons toutes ces impertinences. Et tout haut, s’efforçant de paraître calme :
    – Soit. Je vais donc me répéter. Je vous offre une somme de cent mille écus, une maison montée sur un pied princier, un titre : marquise, duchesse si vous voulez. J’ajoute autant de bijoux que vous en pourrez désirer. Attendez… ne vous fâchez pas, j’achève. En échange, je ne vous demande rien que ceci : autorisez-moi à vous visiter, à vous faire ma cour si mieux vous aimez… le reste viendra tout seul. Dites un mot, un seul : Oui ! et je sors à l’instant et vous ne me reverrez qu’en plein jour, libre, sans contrainte, sans appréhension. Répondez, dois-je me retirer ?
    Et tout en parlant, il se rapprochait sournoisement de plus en plus. Elle avait dû déjà faire deux pas en arrière. Elle s’aperçut que si elle le laissait faire, elle serait bientôt acculée au mur. Elle serra nerveusement le manche du poignard et l’avertit :
    – Ne bougez pas ! restez où vous êtes ! Il obéit, docile en apparence, et il insista :
    – Répondez-moi.
    – Vous m’avez demandé si vous me faisiez horreur. Je vous réponds : c’est plus que de l’horreur que j’éprouve pour vous. C’est du mépris et du dégoût. Je préfère la mort à votre contact répugnant.
    – Eh bien, tu seras à moi quand même ! rugit Concini.
    Il y avait déjà un moment qu’il préparait son coup. Il bondit brusquement.
    Elle leva le bras et l’abattit dans un geste foudroyant. Mais il la surveillait ; il avait prévu le geste. Il rejeta vivement le torse de côté. Le petit poing armé fut happé au passage par ses deux poignes tendues.
    Ce ne fut pas long. Ce bras blanc, ferme, potelé, ce faible bras de femme, il le tordit, le pétrit. Elle eut un cri déchirant : le poignard, échappant à ses doigts meurtris, venait de tomber sur le parquet.
    Avec un éclat de rire sauvage, il le repoussa d’un coup de pied violent et la saisit à pleins bras. Il ricanait toujours. Dans l’état de surexcitation où il se trouvait, joint à l’animation de la lutte, le masque de l’homme civilisé tombait sans qu’il en eût cure, les mauvais instincts de la brute reprenaient le dessus. Et oubliant de surveiller sa prononciation, il grognait entre deux éclats de rire, dans un baragouin moitié français, moitié italien :
    – Ah ! poveretta, tou croyais me faire ricouler !… Tou ne me connais pas…
Te voglio ! te voglio ! et porco dio !
tou seras à

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