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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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glissa contre son flanc, atteignit la poignée du couteau de chasse pendu à sa ceinture et se referma fermement dessus. En même temps, il se dégageait doucement des plis de la couverture, prêt à résister à toute attaque… Mais déjà des mains tâtonnaient sur lui tandis qu’une odeur de savon et d’herbe mouillée envahissait ses narines.
    Vivement, il saisit l’une des mains… et comprit qu’il s’agissait d’une femme au très léger cri qu’elle poussa.
    — Qui êtes-vous ? chuchota-t-il… Que voulez-vous ?
    — Chut !… Tu vas réveiller ton ami. Jeanette Mulligan m’envoie… je suis Betty, sa nièce. Quant à ce que je veux…
    — Eh bien ?
    Elle eut un petit rixe étouffé et il sentit tout à coup deux mains chaudes glisser contre sa poitrine par l’ouverture de sa chemise de daim, en écarter brusquement les deux pans.
    — Jeanette veut que je te souhaite la bienvenue au nom des filles d’Amérique, souffla Betty, moqueuse. Elle dit que tu devrais être content parce que tous les Français ne pensent qu’à ça !
    Et d’un seul coup, elle se jeta contre lui. Une poitrine tiède et dure, des cuisses fermes, un ventre brûlant, une bouche humide, tout cela parut s’incruster sur le jeune homme qui referma instinctivement les bras.
    Quand ses doigts touchèrent la peau douce d’un dos nu, il sentit la fille frémir longuement comme sous une décharge électrique qui se communiqua irrésistiblement à son propre corps. Retrouvant soudain la grande faim d’amour qu’il s’était découverte dans les bras de Manon, Gilles accepta joyeusement ce cadeau inattendu. L’honneur des Français était en jeu. Arrachant le reste de ses vêtements, il étreignit furieusement un corps qui parut se creuser sous lui pour mieux le recevoir et donna libre cours à son appétit de plusieurs mois.
    Quand, aux approches de l’aube, la toile de tente se souleva de nouveau pour laisser fuir cette femme que seules ses mains connaissaient, Gilles permit enfin au sommeil de l’engloutir comme une vague bienfaisante en songeant seulement que l’Amérique était un pays merveilleux et l’état de guerrier le plus beau du monde. Quant à Tim, la tempête charnelle qui s’était déchaînée à deux pas de lui ne l’avait pas troublé un seul instant. Il n’avait pas cessé de ronfler…
     
    Du bout de sa longue vue, le Général Washington désigna la rive droite de l’Hudson en direction du nord.
    — À moins de dix miles d’ici se trouve West Point, notre plus solide défense sur le fleuve et le nœud de notre position stratégique. Les fortifications, que nous devons d’ailleurs, comme presque toutes celles de la région, à un jeune officier du Génie polonais, le Colonel Kosciusko, sont bâties sur un rocher inaccessible et défendues par une île basse couverte de batteries à fleur d’eau. En outre, une énorme chaîne barre l’Hudson à cet endroit. La position est imprenable… sinon par trahison. C’est là que la compagnie de Miliciens du général Allen que j’ai chargée de prendre livraison de l’or viendra le déposer. Ainsi je serai sûr qu’aucun penny n’en sera soustrait dans un autre but que les soins de l’armée. Vous voyez, ajouta-t-il avec ce demi-sourire qui lui donnait tant de charme, que j’apprécie à sa valeur le prêt des Français.
    — Je n’en ai jamais douté, mon Général, répondit Gilles. Et dès l’instant que vous êtes sûr de la place et de son gardien… N’avez-vous pas dit qu’elle pouvait tomber par trahison ?
    Le visage du grand chef reprit d’un seul coup toute sa sévérité.
    — Vous n’êtes pas Américain, Monsieur, sinon vous n’oseriez jamais émettre un tel doute. Le général Benedict Arnold, qui commande West Point, est l’un de nos plus authentiques héros, le vainqueur de Saratoga, notre plus grande bataille…
    — Mais son train de vie est ruineux et il est sans cesse à court d’argent…, fit une voix qui, cette fois, était bien américaine.
    Washington se retourna comme si une guêpe l’avait piqué.
    — Je sais que vous n’aimez pas Arnold, Hamilton, que vous lui reprocherez toujours son mariage avec Miss Shippen dont la famille est l’une des plus influentes du parti Tory 1 mais de là à l’imaginer capable d’une infamie. Dois-je vous rappeler qu’il est mon ami et que je crois en lui ?
    La colère faisait imperceptiblement vibrer sa voix mais le visage de cet homme exceptionnellement

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