Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
maître de lui-même, demeurait impassible. Raidi sous l’algarade, Hamilton l’accepta sans broncher.
    — Je vous présente mes excuses, mon Général. Mais je maintiens que West Point n’est pas l’endroit idéal pour y enfermer ce qui constitue notre seul trésor de guerre. Votre amitié a déjà repêché le général Arnold après ce Conseil de Guerre où il eut à répondre des finances de ses troupes durant l’expédition au Québec. N’allez-vous pas tenter le Diable ?
    — Il suffit, colonel Hamilton. Nous ne discuterons pas ce point plus avant. Venez, Messieurs. Votre première mission se trouvant ainsi heureusement remplie, nous avons à parler de celle que j’entends vous confier.
    Tournant les talons, Washington se dirigea à grands pas vers son Quartier Général, suivi de Gilles, un peu surpris d’avoir entendu un jeune officier oser contester aussi ouvertement une décision du Général en chef. Tim qui marchait auprès de lui se mit à rire.
    — Chez nous, chacun peut donner son avis, même sur les sujets les plus graves. C’est ça que nous appelons la démocratie…
    — La démocratie ! répéta le jeune homme, appréciant le son nouveau que ce mot antique venait de prendre dans la bouche de son ami. Sommes-nous revenus deux mille ans en arrière, êtes-vous donc les nouveaux Athéniens ?
    — Je ne sais pas si nous sommes les nouveaux… comme tu dis mais je sais bien une chose : c’est que nous en avons assez d’être les larbins du roi d’Angleterre. Nous voulons être nous-mêmes, tout bêtement ! Nous sommes assez grands pour ça ! Maintenant, allons voir ce que veut de nous le Grand Chef Blanc…
    Une heure plus tard, Tim et Gilles portant Igrak en croupe quittaient le camp de Peekskill montés sur deux chevaux qu’ils devaient à la générosité du Général, poursuivis par l’adieu bruyant des « Molly Pitcher » qui s’étaient massées sur la berge afin d’assister à leur départ. Le regard de Gilles s’attarda un instant sur une grande fille blonde qui se tenait debout auprès de Jeanette Mulligan et qui, au passage, lui envoya un baiser du bout des doigts. Ce ne pouvait être que Betty et il fut heureux de voir qu’elle avait des yeux clairs et que le soleil jouait si joliment dans ses cheveux. Plein de reconnaissance pour ce corps moelleux dont il avait tiré tant de plaisir, il lui rendit son baiser au vol.
    — On se reverra, Betty, cria-t-il dans le vent léger qui venait du sud.
    Elle eut un éclat de rire qui découvrit ses fortes dents blanches.
    — Si Dieu et les Habits Rouges le veulent, beau cavalier,… mais toi, autant que tu le voudras !…
    — Elle ferait mieux de dire : si les Sénécas le veulent ! bougonna Tim dont la joyeuse figure s’était considérablement assombrie depuis qu’ils avaient reçu leurs ordres. Si nous revenons entiers de cette aventure, on pourra considérer ça comme un vrai miracle. Ça sera déjà très beau si on n’y laisse que nos scalps.
    L’agréable rappel à sa nuit précédente avait mis Gilles de trop belle humeur pour qu’il consentît à la laisser entamer par les propos pessimistes de son ami.
    — Si je ne t’avais entendu ronfler toute la nuit, je dirais que tu as mal dormi, mon fils ! Ou alors tu n’as rien compris à ce qu’a dit Washington : nous sommes des messagers de paix. Nous allons rendre à Sagoyewatha un frère qu’il croit peut-être perdu et que le Grand Chef Blanc, dans sa magnanimité, lui restitue bien qu’il ait été fait prisonnier. C’est un geste amical, il me semble ? Nous allons, en quelque sorte, tendre la main des Insurgents à leurs libres frères rouges. Je ne vois pas pourquoi Sagoyawatha nous arracherait les cheveux pour ça !
    — Ma parole, il y croit ! explosa Tim. Il parle comme un livre qui se prendrait pour la Bible ! En fait de messagers de paix nous me faisons plutôt l’effet de fameux brandons de discorde. Tu oublies la seconde partie de la commission : faire entendre discrètement au chef du clan des Loups que son frère en Kitschi-Manitou, dieu du tonnerre, le chef Iroquois Cornplanter est en fait un ignoble individu qui ne songe qu’à rompre l’alliance des Six Nations pour s’emparer de ses biens et lui faucher sa femme par-dessus le marché. Eh bien ! laisse-moi te dire que si Sagoyewatha nous laisse nos tifs, Cornplanter, lui, ne nous ratera pas car il saura très vite à quoi s’en tenir. Il a des espions partout cet

Weitere Kostenlose Bücher