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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à fait. L’évidence lui était déchirante.
    — Ton pays est grand, chuchota-t-il. Pour un traître, combien de héros ? Essayons d’avancer un peu : on n’entend rien !
    Une bourrasque de vent qui s’éleva d’un seul coup et tourbillonna sous les arbres en hurlant leur facilita l’approche. Ils purent ainsi constater que les deux hommes n’en étaient guère encore qu’aux formules de politesse mais l’Américain, resserrant son manteau autour de lui, avait levé le nez et humé l’air.
    — Nous allons avoir une tempête. Mieux vaudrait ne pas s’éterniser ici. Avez-vous donné une heure éventuelle de retour au navire, Major ?
    — Non, Général. Le colonel Beverley qui m’y attend sait que nous en avons certainement pour longtemps. La nuit entière peut-être.
    — Parfait. En ce cas, il est inutile de rester ici. Josué !
    L’homme à la barque reparut au bout d’un instant. Dans la lumière, on pouvait constater que s’il était vêtu comme un paysan il n’en avait pas l’air. C’était un homme d’aspect énergique et froid dont les traits étaient fins et l’aspect distingué.
    — Général ?
    — Le temps se gâte et nous avons à débattre de questions longues et délicates, vous vous en doutez. Pouvez-vous, sans risque, nous donner l’hospitalité pour cette nuit ? Votre maison est si proche.
    — Ma maison est prête. J’avais pris, d’ores et déjà, mes dispositions car je savais que la nuit serait mauvaise. Tout le monde dort ou a été éloigné.
    — Parfait ! En ce cas, prenez la lanterne et guidez-nous. (Puis, se tournant vers l’officier anglais, Arnold ajouta :) Vous pouvez avoir entière confiance en Josué Smith, et en sa maison, Major. C’est un parfait honnête homme pour qui l’hospitalité est un devoir sacré.
    L’Anglais salua, sourit avec beaucoup de gentillesse.
    — Je n’en ai pas douté une seule seconde, Général, et je suis tout prêt à vous accompagner.
    Les trois hommes se mirent en marche dans le vent qui revenait au moment où tombaient les premières gouttes de pluie. Gilles et Tim leur laissèrent prendre de la distance. Ils avaient d’ailleurs besoin de se remettre de ce qu’ils venaient d’entendre. Gilles pensa tout haut :
    — N’y a-t-il qu’un seul Josué Smith par ici ?
    — Certainement et j’avoue ne pas comprendre grand-chose si ce n’est qu’Arnold ne doit pas être le seul coquin du coin. On verra plus tard ce qu’il convient de faire mais, pour le moment, il faut les suivre.
    — Et essayer d’en savoir plus. J’imagine que ce qu’ils ont de si long à discuter pourrait bien être le plan de livraison de West Point. Dans un sens c’est une bonne chose : cela prouve que rien n’est encore fait et que nous arrivons à temps !
    La lumière jaune dansait entre les arbres, de plus en plus lointaine. Elle s’éteignit tout à coup, une fois hors des arbres cependant ses poursuivants purent distinguer dans l’ombre mouillée quelques bâtiments de ferme, des toits bas derrière une haie. Tout cela parfaitement obscur mais, quand ils furent contre la haie, ils virent s’allumer deux fenêtres du rez-de-chaussée.
    — C’est là, souffla Tim. Allons voir et prions Dieu qu’il n’y ait pas de chien…
    Une simple barrière, faisant communiquer l’arrière de la maison principale avec un petit chemin, trouait la haie qui, de l’autre côté, descendait jusqu’au fleuve. Les deux compagnons la franchirent aisément sans que le moindre bruit vînt déceler leur présence puis s’immobilisèrent, attendant un aboiement, peut-être une attaque.
    — C’est idiot, fit Gilles. S’il a un chien, Smith a dû l’enfermer pour ne pas trahir la présence d’hôtes étrangers.
    Ils atteignirent, en effet sans accident, les fenêtres éclairées, s’installèrent dans une bande de groseilliers qui poussaient dessous, et purent apercevoir les deux officiers en train de quitter leurs manteaux que Smith s’apprêtait à emporter. Des fauteuils à bascule étaient disposés de part et d’autre d’une grande cheminée où flambait un bon feu. Une bouillotte fumait sur un trépied de fer et, sur une petite table placée devant le feu, un grand plateau était garni de pots d’étain, d’une bouteille biscornue à l’aspect vénérable, d’une écuelle de sucre scintillant et de quelques pots d’épices. Un peu plus loin, une table supportait une lampe que Josué Smith vint allumer et tout ce

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