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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Tellers Point, ensuite le cousin est sans doute l’homme le mieux renseigné à cent miles à la ronde. Enfin, s’il se passait quelque chose de louche à West Point, il s’en apercevrait vite et pourrait vous donner un utile coup de main pour tenter de minimiser les dégâts, ne fût-ce qu’en appelant mon frère Ned à la rescousse !
    C’est donc en rendant grâce à la Providence qui avait mis sur leur route un pillard nommé Sam Paulding que Gilles et Tim reprirent leur voyage, bien décidés à ne plus s’arrêter pour autre chose que laisser souffler les chevaux.
    Quarante-huit heures plus tard, à la tombée du jour, ils purent voir briller les eaux de l’Hudson sous les derniers feux du soleil couchant et cette vue leur arracha, en dépit de la fatigue, un profond soupir de satisfaction que Tim traduisit en clair.
    — Nous ne sommes pas loin de Tellers Point. Reste à trouver la maison de ce Josué Smith. J’espère qu’il aura un lit ou à la rigueur une balle de paille à notre service.
    — Un lit ? Et s’il nous dit que Washington caracole à une centaine de miles de nous ? J’ajoute qu’il faudra sans doute y aller à pied parce que nos chevaux ne tiendront pas jusque-là. Il est vrai qu’on pourra toujours en voler d’autres, ajouta-t-il avec une superbe désinvolture.
    — Eh bien, pour un ancien futur curé, on peut dire que tu fais des progrès ! remarqua Tim. Avançons, maintenant ! La nuit tombe rudement vite, ce soir.
    Ils se mirent à remonter le long du fleuve qu’ils avaient atteint un peu trop en aval. Mais Gilles, qui fermait la marche, retint soudain son cheval et, doucement, rappela son ami.
    — Viens voir ! chuchota-t-il. Qu’est-ce que c’est que ça ?
    Ça, c’était un navire de guerre qui, sous voiles réduites et dans le plus grand silence, remontait lui aussi l’Hudson, fantôme redoutable glissant comme une ombre plus dense parmi les ombres du crépuscule.
    — Une corvette, marmotta Gilles, un véritable vaisseau de ligne en miniature. Regarde, sur les deux gaillards, ces belles caronades. Ajoutes-y la vingtaine de canons qu’elle cache pudiquement sous les lourdes paupières de ses sabords et tu auras une idée de ce qu’elle peut faire. Que vient-elle chercher ici ? ajouta-t-il en essayant de lutter contre l’impression pénible qu’il ressentait.
    — Autrefois, articula Tim lentement, on en voyait assez souvent : elles faisaient la navette entre New York et les forts du lac Champlain, Ticonderoga et Pointe-Couronne. Mais depuis le début des hostilités et surtout depuis que West Point a reçu ses nouvelles fortifications et la grosse chaîne qui barre le fleuve, aucun navire anglais n’est venu traîner ses vergues par ici.
    — Tu penses que c’est un navire anglais ?
    — Ouais ! J’en suis sûr ! Il a beau se balader sans ses couleurs, il fait encore assez clair pour que je le reconnaisse. C’est le Vautour , le bateau dont se sert habituellement sir Henry Clinton, pour ses tournées d’inspection autour de New York.
    La voix morne de Tim avait quelque chose de sinistre. Figés au bord du chemin, sous l’abri d’un gros arbre, les deux amis observaient l’élégant navire, étreints par la même angoisse que ni l’un ni l’autre n’osait exprimer. Se pouvait-il qu’il fût trop tard ? Que les forts de West Point eussent été déjà livrés par leur indigne défenseur ? Où pouvait donc bien aller le Vautour sinon à West Point même en admettant que le passage ne fût pas déjà largement ouvert vers le grand lac Champlain…
    — Il faut savoir ! fit Gilles d’une voix blanche. Cherchons ce Josué ou même allons jusqu’à West Point…
    — Un instant ! Je suggère de descendre d’abord jusqu’à l’eau afin d’avoir une meilleure vue du fleuve. Ce qu’il faut savoir c’est si le Vautour est seul ou bien s’il précède une flotte, auquel cas ce pourrait être le corps de débarquement destiné justement à West Point…
    — … ou, si la forteresse est déjà tombée, à reprendre Ticonderoga et Pointe-Couronne. Mais je trouve que ce bateau est bien discret dans ce cas : il a l’air de se cacher.
    — Faisons-en autant et surtout pas de bruit. Sur l’eau les sons portent et s’amplifient.
    Attachant leurs chevaux à l’arbre qui leur servait à se cacher, ils descendirent la courte pente à l’abri des buissons puis se glissèrent jusqu’au ras de l’eau à travers les herbes folles et

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