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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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il est arrivé un malheur. Seulement, on ne savait ni qui elle était ni d’où elle venait !
    Le chevalier fronça les sourcils.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous ne pourriez pas être plus clair.
    — Non. Parce que vous voyez, monsieur, j’ai passé une partie de ma vie à bourlinguer et j’ai vu bien des choses mais une histoire comme celle-là ça m’a rendu malade ! Je ne pourrais pas vous la raconter. D’ailleurs, c’est pas moi qui en ai été le témoin…
    — Parce qu’il y a eu un témoin ?
    — Oui. Un sabotier de Campénéac qui a des habitudes de braconnage dans la forêt de Paimpont. Il était caché dans un arbre et il a tout vu. Et comme il a du mal à s’en remettre, il raconte volontiers son histoire à qui lui paie à boire.
    — Comment s’appelle cet homme ?
    — Guégan. Oh ! il est pas difficile à trouver…
    L’un des postillons, qui s’était intéressé à la conversation de l’aubergiste avec ce gentilhomme inconnu, se leva et vint vers eux.
    — Faites excuse, monsieur, mais j’ai entendu Le Coz vous parler de Guégan. Il est encore plus facile à trouver que vous ne croyez parce que je l’ai vu arriver tout à l’heure avec un plein sac de sabots à vendre. C’est demain jour de marché et il passe la nuit chez son neveu, le boulanger. Si vous êtes disposé à lui payer le coup, il vous racontera le grand malheur de la belle fille rousse.
    Le cœur de Gilles manqua un battement.
    — Rousse ? C’était une mariée rousse ?
    — Oui. Guégan dit qu’elle avait des cheveux qui brillaient comme du cuivre. Mais je veux pas vous raconter cette affaire-là, ça serait pas honnête pour Guégan… et puis il la raconte tellement mieux que moi…
    — Et puis, coupa Le Coz, t’as envie de l’entendre encore… et de te faire arroser en même temps que Guégan, pas vrai, Joël ? C’est pour ça qu’ t’es tout prêt à courir le chercher, le Guégan !
    Le postillon grimaça un sourire en louchant sur le tonnelet d’eau-de-vie.
    — J’aime à rendre service, moi… et puis c’est bien vrai que je ne déteste pas un petit coup. D’autant que la malle de Rennes sera sûrement pas là avant une grande heure.
    — Allez chercher cet homme ! ordonna Gilles. J’offre à boire à qui voudra pour entendre cette histoire.
    — Oh, fit Le Coz, n’ayez crainte ! Guégan viendra point tout seul ! Il a eu tellement peur cette nuit-là qu’il n’ose plus sortir dans les ténèbres.
    Joël était déjà parti dans un vacarme de lourdes bottes tandis que Gilles se remettait à fumer avec une sorte de rage pour essayer de lutter contre l’angoisse qui lui venait. C’était comme un pressentiment qu’il s’efforçait de repousser de toute la force de sa raison et dont, cependant, il ne pouvait se défaire. Pardieu ! Il y avait au monde d’autres filles rousses que Judith de Saint-Mélaine et, en Bretagne, d’autres filles de bonne famille qui avaient pu, depuis trois mois, revêtir la robe de mariée mais quelque chose lui disait que Judith était au centre de l’histoire, abominable si l’on en croyait les réticences de Le Coz, qu’il devait se préparer à entendre.
    Le postillon revint au bout de dix minutes, remorquant deux hommes dont l’un, vêtu comme un paysan d’une veste en peau de chèvre, montrait un nez d’une belle couleur rouge au milieu d’un visage recuit par d’assez nombreux hivers. L’autre dont les habits gardaient un léger saupoudrage blanc devait être le neveu boulanger. Les deux nouveaux venus saluèrent Gilles gauchement.
    — Joël m’a dit, fit celui qui devait être Guégan, que vous vouliez entendre cette malheureuse histoire, mon gentilhomme… mais je me demande s’il y a sûreté pour moi.
    — Pourquoi pas ? Si vous n’avez été que spectateur vous n’avez rien à craindre de moi…
    — Il veut dire par là, coupa Le Coz, que si par hasard vous aviez des relations avec les fermes… comme, cette nuit-là il braconnait…
    Le chevalier haussa les épaules et tira une pièce d’argent de sa poche.
    — Je ne croyais pas ressembler à un gabelou. Parle sans crainte, brave homme ! Demande ce que tu veux boire et en outre, je te donne ceci… pour le dérangement.
    — Je sais ce qu’il préfère, dit Le Coz. Du rhum !
    — Alors, du rhum pour tout le monde.
    L’arrivée des pichets fut accueillie avec une satisfaction générale. Le second postillon vint se joindre au groupe et

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