Le grand voyage
demain matin, la consola Roshario en
retenant ses larmes de son mieux.
Ce soir-là, Ayla déballa ses affaires et les étala avec les
cadeaux qu’on lui avait offerts, cherchant comment tout emporter en y ajoutant
la nourriture qu’on leur avait préparée. Jondalar en prendrait une partie, mais
il manquait de place, lui aussi. Ils avaient maintes fois discuté du bateau en
peau, se demandant s’il valait la peine de le garder eu égard aux difficultés qu’ils
rencontreraient dans les forêts montagneuses. Ils avaient finalement, non sans
réticence, décidé de le conserver en prévision des multiples cours d’eau à
traverser.
— Comment comptes-tu transporter tout ça ? demanda
Jondalar en contemplant d’un air effaré la pile de mystérieux ballots,
soigneusement enveloppés. Tu n’as que deux paniers. Es-tu sûre d’avoir besoin
de tous ces paquets ? Qu’y a-t-il dans celui-là, par exemple ?
— Ce sont mes affaires d’été. J’ai décidé de l’abandonner
si je ne peux pas tout prendre, mais j’en aurai besoin l’été prochain. Encore
heureux que je n’aie plus à me charger de mes vêtements d’hiver.
Jondalar se contenta de grommeler, mais l’importance du
chargement l’inquiétait. Il remarqua un paquet qu’il était sûr d’avoir déjà vu.
Ayla le transportait depuis leur départ, mais il ne savait toujours pas ce qu’il
contenait.
— Et celui-ci, c’est quoi ? demanda-t-il.
— Jondalar, tu ne m’aides pas beaucoup, reprocha-t-elle.
Prends plutôt ces rations de nourriture que Carolio nous a préparées et va voir
si elles rentrent dans tes paniers.
— Ho, Rapide ! Tout doux ! fit Jondalar.
Il tira sur la longe pour maintenir le cheval. Il caressa le
chanfrein de Rapide et lui flatta l’encolure afin de le calmer.
— Il s’impatiente, constata Jondalar. Il sent qu’on va
partir.
— Ayla ne va pas tarder, assura Markeno. Ces deux-là ne se
sont pas quittées pendant votre séjour ici. Tholie a pleuré tant et plus. Elle
aimerait tant que vous restiez, et franchement, moi aussi. Nous avons parlé à
plusieurs couples, mais nous n’avons trouvé personne avec qui nous unir. Et nos
vœux d’engagements ne peuvent plus attendre. Tu es sûr de ne pas revenir sur ta
décision ?
— Tu n’imagines pas à quel point j’ai eu du mal à la
prendre, Markeno. Qui sait ce que je trouverai là-bas. Ma sœur sera grande et
ne se souviendra probablement plus de moi. Je n’ai aucune idée de ce qu’est
devenu mon frère aîné. J’espère seulement que ma mère sera encore en vie. Ainsi
que Dalanar, l’homme de mon foyer. Ma cousine, la sœur de son second foyer,
devrait être déjà mère, mais je ne sais même pas si elle s’est trouvé un
compagnon. Et si elle en a un, je ne le connais certainement pas. En fait, je
ne connaîtrai plus personne, alors qu’ici, vous m’êtes tous proches. Pourtant,
je dois m’en aller.
Markeno fit signe qu’il comprenait. Un léger hennissement de
Whinney leur fit lever la tête, et ils virent Roshario, Ayla et Tholie, qui
portait Shamio, sortir de la case. Apercevant Loup, la petite fille se débattit
pour descendre des bras de sa mère.
— Je ne sais pas ce que va devenir Shamio quand le loup
sera parti, soupira Markeno. Elle ne le quitte pas. Si je la laissais faire,
elle dormirait avec.
— Trouve-lui un bébé loup, conseilla Carlono qui les avait
rejoints.
— Tiens, je n’y avais pas pensé, dit Markeno. Ce sera
difficile, mais je pourrais peut-être en dénicher un dans une tanière. En tout
cas, je lui promettrai d’essayer. Il faudra bien que je trouve quelque chose à
lui dire.
— Prends-le très jeune, si tu te décides, dit Jondalar.
Loup tétait encore sa mère quand elle est morte.
— Alors comment Ayla l’a-t-elle nourri ? interrogea
Carlono.
— Je me le demande, dit Jondalar. Elle prétend qu’un bébé
peut avaler tout ce que mange sa mère, à condition que la nourriture soit
tendre et facile à mastiquer. Elle lui préparait des bouillons, y trempait des
morceaux de cuir, et lui faisait sucer. Elle lui coupait aussi de tout petits
bouts de viande. Il mange la même chose que nous, maintenant, mais il continue
à chasser de son côté. Il lui arrive même de nous lever du gibier. Il nous a
aidés à chasser l’élan que nous avons apporté ici.
— Oui, mais comment lui apprendre à obéir ? demanda
Markeno.
— Ah, il faut une grande patience. Ayla a passé beaucoup
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