Le grand voyage
motifs décoratifs, la longueur
et la large échancrure la différenciaient des vêtements mamutoï auxquels elle
était habituée. Les queues d’hermines blanches à la pointe noire, notamment, la
stupéfièrent.
Jondalar lui-même ne la reconnut pas. Il avait vécu tant d’aventures
depuis la dernière fois qu’il avait porté cette tunique qu’elle lui sembla
désuète et pour tout dire, démodée. Pendant les années qu’il avait vécues
auprès des Sharamudoï, il avait préféré s’habiller comme tout le monde, et bien
qu’il en eût fait cadeau à Darvo quelques lunes seulement auparavant, il avait
le sentiment de ne pas avoir vu cet habit traditionnel de son pays depuis des
lustres.
— Ça se porte large, Darvo, et avec une ceinture,
expliqua-t-il. Vas-y, mets-la, je vais te montrer. As-tu quelque chose pour l’attacher ?
Le jeune garçon enfila la tunique de peau richement décorée, et
tendit à Jondalar une longue lanière de cuir. Le Zelandonii demanda à Darvalo
de se redresser, et noua la lanière assez bas, à hauteur des hanches environ,
afin de lui donner un volume gonflant, et pour permettre aux queues d’hermines
de pendre librement.
— Tu vois ? Elle n’est pas trop grande, assura
Jondalar. Qu’en penses-tu Ayla ?
— Elle est bizarre. Mais elle te va bien, Darvalo.
— Oui, elle me va, approuva le jeune garçon qui leva les
bras et pencha la tête pour essayer de juger de l’effet produit. Je la porterai
peut-être la prochaine fois que je rendrai visite aux Sharamudoï du fleuve. Il
y a là-bas une fille que j’ai remarquée. J’espère que ma tunique lui plaira.
— Je suis content de t’avoir montré comment la porter...
avant mon départ, dit Jondalar.
— Ah ! Quand partez-vous ? demanda Darvalo avec
inquiétude.
— Demain, après-demain au plus tard, répondit Jondalar sans
quitter Ayla des yeux. Dès que nous serons prêts.
— Les pluies ont peut-être déjà commencé de ce côté des
montagnes, dit Dolando. Et quand la Sœur est en crue... tu te rappelles ?
— J’espère que ce sera moins terrible, avoua Jondalar.
Sinon, il nous faudrait un de vos gros bateaux pour la traverser.
— Si vous voulez aller en bateau jusqu’à la Sœur, nous
pouvons vous y conduire, proposa Carlono.
— Nous avons justement besoin de myrte des marais, précisa
Carolio. Et c’est là-bas qu’on en trouve.
— J’aimerais bien remonter le fleuve dans votre bateau,
répondit Jondalar, mais que faire des chevaux ?
— Tu disais qu’ils pouvaient traverser les rivières à la
nage. Pourquoi ne suivraient-ils pas le bateau ? Le loup monterait avec
nous.
— Non, c’est impossible. Il y a plusieurs jours d’ici à la
Sœur, et les chevaux ne peuvent pas nager à contre-courant aussi longtemps.
— Alors, il y a un passage par les montagnes, déclara
Dolando. Vous devrez revenir sur vos pas, puis monter et contourner un des pics
inférieurs. La piste est signalée, et elle vous mènera assez près de l’endroit
où la Sœur se jette dans la Mère. Arrivés aux plaines occidentales, vous
trouverez au sud une haute corniche d’où vous pourrez voir votre route.
— Est-ce un bon endroit pour traverser la Sœur ?
demanda Jondalar en se rappelant les tourbillons du courant.
— Non, peut-être pas. Mais de là, vous pourrez longer la
Sœur vers le nord et trouver un meilleur gué. Mais ce n’est pas une rivière
facile. Elle est nourrie par des torrents qui dévalent des montagnes, et ses
courants sont plus rapides que ceux de la Mère, et plus traîtres, dit Carlono.
Quelques-uns d’entre nous l’ont remontée une fois pendant presque une lune, et
elle était partout aussi rapide et dangereuse.
— C’est la Mère que je veux suivre, ce qui nous oblige à
traverser la Sœur, expliqua Jondalar.
— Alors je vous souhaite bonne chance.
— Vous aurez besoin de provisions, dit Roshario, et j’ai
aussi quelque chose pour toi, Jondalar.
— Nous ne pouvons pas nous charger davantage.
— C’est un cadeau pour ta mère, dit Roshario. Le collier
favori de Jetamio. Je l’avais gardé pour Thonolan au cas où il reviendrait. Il
ne prendra pas beaucoup de place, je t’assure. Après la mort de sa mère,
Jetamio a éprouvé le besoin d’appartenir à un lieu. Je lui ai conseillé de se
rappeler qu’elle appartenait aux Sharamudoï. Alors, elle a fabriqué ce collier
avec les dents d’un chamois et les arêtes d’un esturgeon,
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