Le grand voyage
l’homme à l’imiter. Jeren tendit
craintivement la main vers le jeune carnassier.
Loup lui toucha la main de sa truffe froide et humide, et se recula.
Chez les Sharamudoï, Ayla lui avait souvent fait subir ce genre de
présentations, et il savait ce qu’elle attendait de lui. Ayla leva son regard
sur Jeren, lui prit la main, et lui montra comment caresser la tête du loup.
Quand Jeren lui adressa un sourire et tapota la tête de l’animal, Ayla put
enfin se détendre, soulagée.
— Loup ! annonça Jeren en se retournant vers ses
compagnons et en désignant l’animal.
Il ajouta d’autres mots, et prononça ensuite le nom d’Ayla.
Quatre hommes s’avancèrent dans la lueur du feu. Ayla leur adressa des signes
de, bienvenue, et les invita à s’asseoir.
Jondalar, qui l’avait observée, sourit pour marquer son
approbation.
— Oui, c’est une bonne idée, Ayla.
— Crois-tu qu’ils aient faim ? Il nous reste de la
nourriture.
— Alors, offres-en, on verra bien.
Dans une écuelle en ivoire de mammouth où elle avait déposé les
volatiles, Ayla prit quelque chose qui ressemblait à une boule de foin, et l’ouvrit.
Apparut un lagopède braisé entier qu’elle apporta à Jeren et aux autres. Il
embaumait. Jeren détacha une cuisse tendre et juteuse et son sourire après qu’il
l’eut goûté encouragea ses compagnons à faire de même.
Ayla servit aussi une perdrix avec la farce de racines dans des
bols et de petites écuelles en ivoire, en bois ou simplement tressées. Elle
laissa les hommes se partager les victuailles comme ils l’entendaient, et
sortit une grande jatte en bois qu’elle avait fabriquée elle-même. Elle la
remplit d’eau pour l’infusion.
Après le repas, les hommes se montrèrent beaucoup plus détendus,
même lorsqu’Ayla amena Loup pour qu’il les reniflât. Assis autour du feu, un
bol d’infusion à la main, ils tentèrent d’engager la conversation, la curiosité
de chacun ne pouvant plus se satisfaire de simples sourires amicaux ou de
gestes de bienvenue.
Jondalar commença.
— Haduma ? interrogea-t-il.
Jeren hocha la tête d’un air triste, et désigna le sol. Ayla
devina qu’elle était retournée auprès de la Grande Terre Mère. Jondalar comprit
également que la vieille femme, avec qui il s’était lié d’amitié, était partie.
— Tamen ? demanda-t-il ensuite.
Tout sourire, Jeren hocha vigoureusement la tête. Il désigna
ensuite l’un de ses compagnons et prononça quelques mots, dont le nom de Tamen.
Celui dont il était question, un tout jeune homme, sourit et Jondalar lui
trouva une ressemblance avec l’homme qu’il avait connu.
— Tamen, ah oui ! s’exclama Jondalar d’un air entendu.
C’est le fils de Tamen, ou son petit-fils. Je regrette que Tamen ne soit pas
là. Il parlait un peu Zelandonii, expliqua-t-il à l’adresse d’Ayla. Il avait
fait le Voyage jusque là-bas quand il était jeune.
Jeren promena son regard dans le camp, puis le posa sur Jondalar
d’un air interrogateur.
— Zel-an-don-yee... Ton... Thonolan ? demanda-t-il.
Ce fut au tour de Jondalar de secouer la tête avec tristesse. Il
pensa alors à désigner le sol du doigt, et Jeren, d’abord surpris, prit un air
grave. Il questionna ensuite Jondalar d’un mot que celui-ci ne saisit pas.
— As-tu compris sa question ? demanda Jondalar en se
tournant vers Ayla.
Bien que cette langue lui fût totalement inconnue, certains sons
lui paraissaient familiers. A la façon dont Jeren répéta sa question, Ayla eut
une idée. La main en forme de griffe, elle imita le rugissement du lion des
cavernes.
L’imitation était si parfaite que les Hadumaï sursautèrent, mais
Jeren fit un signe d’assentiment. Il avait demandé comment était mort Thonolan
et Ayla le lui avait expliqué. Un des hommes dit quelques mots à Jeren qui lui
répondit en citant un nom que Jondalar reconnut : Noria. Celui qui avait
posé la question sourit au géant blond en le montrant du doigt. Il désigna
ensuite ses yeux en souriant de plus belle.
L’excitation gagna Jondalar. Avait-il voulu dire que Noria avait
mis au monde un bébé aux yeux bleus comme les siens ? Ou bien le chasseur
avait-il entendu dire que l’homme aux yeux bleus avait partagé les Premiers
Rites avec Noria ? Jondalar était perplexe. Les autres montrèrent ses yeux
en s’esclaffant. Riaient-ils d’un bébé aux yeux bleus ? Ou s’amusaient-ils
des Plaisirs partagés avec un homme
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