Le grand voyage
les empreintes de sabots. La bande est passée par ici la
nuit dernière. La piste est claire. Je t’avais dit qu’on les retrouverait
facilement dès qu’il ferait jour.
Ayla observa les empreintes, et scruta l’horizon dans la
direction où elles semblaient mener. Ils se trouvaient à l’orée du petit bois
et la vue sur la vaste plaine était dégagée. Mais elle eut beau se crever les
yeux, elle ne vit pas l’ombre d’un cheval. Les traces étaient nettes pour l’instant,
mais pourraient-ils les suivre longtemps ?
La jeune femme n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Et à peine le
ciel s’éclaira-t-il passant de l’ébène à l’indigo, qu’elle se leva, bien qu’il
fût encore trop tôt pour distinguer les contours du paysage. Elle avait attisé
le feu, mis des pierres chaudes dans l’eau pour préparer leur infusion
matinale, pendant que la voûte céleste pâlissait graduellement vers le bleu.
Absorbée dans ses pensées, elle s’était attardée devant le feu
et Loup, qui avait rampé près d’elle, avait dû aboyer pour attirer son
attention. Elle en avait profité pour examiner sa blessure, et avait constaté
avec soulagement qu’aucun os n’était brisé. Un vilain hématome était déjà assez
douloureux. Jondalar s’était levé dès l’infusion prête, bien avant qu’il fît
assez jour pour suivre la piste des chevaux.
— Dépêchons-nous, qu’ils ne prennent pas trop d’avance,
déclara Ayla, impatiente. Nous pouvons tout entasser dans le canot et... ah,
non, suis-je bête... c’est impossible.
Elle venait de se rendre compte qu’en l’absence de la jument,
les préparatifs du départ n’étaient plus aussi simples.
— Rapide ne sait pas tirer le travois, nous ne pouvons donc
pas prendre le bateau, poursuivit-elle. Ni même emporter le porte-paniers de
Whinney.
— D’autant que si nous voulons avoir une chance de
rattraper les chevaux, nous devrons monter Rapide à deux. Ce qui signifie que
nous ne pourrons pas prendre non plus son porte-paniers. Nous ne devrons
emporter que le strict nécessaire.
Ils s’arrêtèrent pour évaluer la nouvelle situation à laquelle
les condamnait l’absence de la jument. De graves décisions s’imposaient.
— Les fourrures de couchage et le tapis de sol que nous
pourrions utiliser comme tente tiendraient roulés ensemble sur le dos de
Rapide, suggéra Jondalar.
— Oui, un simple abri suffira, approuva Ayla. Nous n’emportions
que ça avec les chasseurs du Clan. Nous maintenions la bâche levée sur le
devant avec un piquet, et calions les côtés avec de grosses pierres ou des os
pour l’empêcher de s’envoler.
Elle se rappela les expéditions de chasse auxquelles
participaient des femmes.
— Les femmes portaient tout, excepté les lances, et
devaient marcher vite pour suivre les hommes. Alors, nous nous chargions le
moins possible.
— Qu’emportiez-vous d’autre ? demanda Jondalar, piqué
par la curiosité. Comment être le moins chargé possible ?
— Nous aurons besoin de la trousse à feu et de quelques
outils. Une hachette à couper le bois et briser les os des animaux pour
découper la viande. Nous pourrons faire brûler des herbes et des crottes
séchées, mais il nous faut un outil pour couper les tiges.
Elle se basait aussi sur son expérience de solitaire, après son
bannissement.
— Je porterai ma ceinture avec les boucles pour ranger ma
hache et mon couteau à manche d’ivoire, décida Jondalar. Tu devrais aussi
emporter la tienne.
— Un bâton à fouir est toujours utile, et il peut servir à
supporter la bâche. Emportons des vêtements chauds au cas où il se mettrait à
faire vraiment froid, et aussi des protège-pieds.
— Ça c’est une bonne idée. Des protège-pieds, et nous
pourrons toujours nous envelopper dans nos couvertures de fourrure.
— Il nous faut aussi une ou deux outres...
— Attachées à la ceinture, avec une cordelette assez longue
pour les serrer contre notre corps, cela empêchera l’eau de geler.
— J’ai besoin de mon sac à médecines, et peut-être de mes
outils de couture, cela ne prend pas de place. Ah oui, ma fronde, bien
sûr !
— N’oublie pas le propulseur et quelques sagaies, ajouta
Jondalar. Crois-tu que je devrais prendre des outils pour tailler le silex, et
des morceaux de silex, au cas où un couteau se casserait ?
— Quoi qu’on emporte, il faut que ça tienne sur mon dos...
J’y pense ! Je n’ai même pas de
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