Le grand voyage
les chevaux avaient traversé le cours d’eau,
mais il faisait trop sombre pour distinguer les empreintes, et ils décidèrent
de camper au bord de l’eau. Oui, mais sur quelle rive ? S’ils traversaient
maintenant, les vêtements seraient secs le lendemain, mais Ayla craignait que
Loup perdît leur trace. Afin de l’attendre, ils dressèrent donc leur campement
sur la rive où ils se trouvaient.
A part les empreintes, ils n’avaient vu aucun autre indice, et
Ayla commençait à croire qu’ils n’avaient pas suivi le bon troupeau. Elle s’inquiétait
aussi pour Loup. Jondalar s’efforça de la rassurer, mais à l’heure où toutes
les étoiles scintillaient déjà dans le ciel, le quadrupède ne s’était pas
encore montré. Ayla devenait inconsolable. Elle veilla tard et quand Jondalar
réussit à la convaincre de venir se coucher, elle ne put s’endormir malgré sa
fatigue. Elle allait s’assoupir lorsqu’un museau froid et mouillé vint se
frotter contre sa joue.
— Loup ! Enfin, te voilà ! Regarde, Jondalar,
Loup est là ! s’écria Ayla en secouant son compagnon.
Soulagé, Jondalar fut content de revoir l’animal, mais il était
surtout heureux pour Ayla qui put enfin trouver le sommeil après d’être relevée
pour donner à Loup la portion qu’elle lui avait gardée : un ragoût de
viande séchée avec des racines, et une galette.
Dans la soirée, elle avait aussi préparé une infusion d’écorce
de saule qu’elle avait mise de côté, et il eut assez soif pour laper
entièrement le bol de potion calmante qu’elle lui présenta. Rassasié, il vint
se rouler en boule contre leurs fourrures de couchage. Ayla s’endormit en l’enlaçant,
et Jondalar se colla contre elle en l’entourant de ses bras. La nuit était
claire mais glaciale, et ils s’étaient couchés tout habillés, n’ayant ôté que
leurs bottes et leurs fourrures. Ils n’avaient même pas pris la peine d’installer
l’auvent.
Le lendemain, Ayla trouva Loup en meilleure forme, mais prit
néanmoins de l’écorce de bouleau dans son sac à médecines en peau de loutre et
prépara une décoction qu’elle mélangea dans sa nourriture. Il leur fallait
maintenant traverser la rivière, et les conséquences d’un bain glacé sur la
santé de l’animal l’inquiétaient. Allait-il prendre froid, ou, l’eau glacée en
décongestionnant l’hématome serait-elle bénéfique ?
L’idée de mouiller ses vêtements n’exaltait pas Ayla. Plonger
dans de l’eau froide ne l’effrayait pas – elle se baignait souvent
dans des rivières gelées – ce qui la retenait, c’était d’avoir à
porter par la suite des vêtements humides par ce temps glacial. Elle commença
par remonter le cuir de ses jambières au-dessus de ses mollets.
— Non, je préfère les enlever, décida-t-elle soudain en
délaçant ses jambières.
A la vue d’Ayla, jambes nues sous sa tunique, Jondalar ne put
réprimer un sourire et l’envie le brûla de se livrer à une occupation plus
agréable que traquer des chevaux. Mais il savait Ayla trop préoccupée par
Whinney pour penser à folâtrer.
D’ailleurs, pour drôle que fût l’accoutrement d’Ayla, il dut
admettre que l’idée était excellente. La rivière n’étant pas très large bien
que le courant fût rapide, ils pourraient donc traverser à deux sur Rapide,
jambes et pieds nus, et remettre leurs habits secs de l’autre côté.
— Tu as raison. Évitons de mouiller nos jambières, approuva
Jondalar en se mettant jambes nues.
Il attacha le panier sur son dos et Ayla souleva les fourrures
de couchage pour s’assurer qu’elles ne trempaient pas dans l’eau. Jondalar se
sentit un peu ridicule en enfourchant le cheval les jambes nues, mais la peau d’Ayla
collée contre ses cuisses lui fit oublier sa gêne. Si elle n’avait été aussi
impatiente de retrouver Whinney, Ayla aussi aurait été tentée de s’attarder
davantage, et elle se promit de remonter un jour nue à cheval avec Jondalar.
Pour le plaisir.
L’étalon dut briser la couche de glace pour pénétrer dans l’eau.
Le courant était vif et la rivière assez profonde. Ils eurent bientôt de l’eau
jusqu’à mi-cuisse et le cheval avait toujours pied. D’abord, Ayla et Jondalar
remontèrent leurs jambes pliées hors de l’eau, mais elles furent bientôt
engourdies et ils ne sentirent plus le froid. Arrivés à mi-parcours, Ayla se
retourna et vit que Loup était resté sur la rive. Fidèle à
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