Le grand voyage
aider Madenia, et une Cérémonie pour Honorer la Mère serait certainement
la bienvenue. Elle refuse de se lever. Elle ne s’est même pas déplacée pour
écouter le récit de vos aventures. Et pourtant, elle adorait ce genre d’histoires.
— Quelle terrible épreuve elle a subie ! s’exclama
Jondalar en frémissant d’horreur.
— Oui, en effet. J’avais espéré qu’elle s’en remettrait
plus vite. Une purification au Puits Chaud lui ferait peut-être le plus grand
bien, suggéra-t-il.
Mais il était manifeste qu’il n’attendait pas de réponse de
Jondalar. Il se perdit dans ses réflexions, visiblement absorbé par la
préparation du futur rituel.
— Sais-tu où est Ayla ? demanda-t-il à
brûle-pourpoint. Je vais lui proposer de se joindre à la purification. Elle
pourra nous être utile.
— Losaduna m’a tout expliqué, et ce rituel m’intéresse
beaucoup, avoua Ayla. Mais je ne suis pas sûre de vouloir participer à la
cérémonie.
— C’est une cérémonie importante, protesta Jondalar. Tout
le monde l’attend avec impatience.
Devant sa réticence, il se demandait si la cérémonie lui serait
bénéfique.
— Elle me plairait davantage si j’en savais un peu plus, concéda
Ayla. J’ai tant à apprendre, et Losaduna ne demande pas mieux que de m’instruire.
J’aimerais bien rester ici quelque temps.
— Nous devons partir bientôt. Si nous tardons, ce sera le
printemps. Nous resterons jusqu’à la Cérémonie pour Honorer la Mère, et nous
partirons tout de suite après.
— J’aimerais bien rester jusqu’à l’hiver prochain. Je suis
lasse de voyager, avoua Ayla.
Elle se garda bien d’exprimer ce qui la tracassait : ce
peuple est prêt à m’accepter, lui, mais le tien ?
— Moi aussi je suis fatigué du Voyage, admit Jondalar. Mais
une fois que nous serons de l’autre côté du glacier, il nous restera un peu de
chemin à parcourir. Nous nous arrêterons pour visiter Dalanar, et le reste sera
facile.
Ayla eut l’air d’approuver, mais elle avait l’impression que le
Voyage serait encore long, et que c’était plus facile à dire qu’à faire.
36
— Que devrai-je faire ? demanda Ayla.
— Je ne sais pas encore, répondit Losaduna. Mais étant
donné les circonstances, j’ai l’impression que la présence d’une femme serait
rassurante. Madenia sait que je suis Celui Qui Sert la Mère, mais je suis un
homme, et les hommes lui font peur en ce moment. Il vaudrait mieux qu’elle
puisse en parler, et il est parfois plus facile de se confier à un étranger
compatissant. Les gens n’aiment pas que quelqu’un soit le dépositaire de leurs
secrets douloureux, ils craignent qu’en voyant cette personne, les souvenirs
resurgissent et réveillent leurs souffrances.
— Mais y a-t-il quelque chose que je devrais dire ou
faire ? insista Ayla.
— Sois naturelle, laisse-toi guider par ta sensibilité,
conseilla Losaduna. Tu possèdes un don rare pour les langues, je suis stupéfait
par la vitesse à laquelle tu as appris le losadunaï. C’est une chance pour
Madenia.
Ayla rougit sous les louanges et détourna les yeux. Elle ne se
trouvait pas de dons extraordinaires.
— C’est très proche du Zelandonii, assura-t-elle.
Devinant sa gêne, il n’insista pas. L’arrivée opportune de
Solandia détourna la conversation.
— Tout est prêt, déclara-t-elle. J’emmènerai les enfants et
vous pourrez disposer de cet endroit quand vous aurez terminé. Oh, ça me
rappelle... Ayla, puis-je prendre Loup avec moi ? Le bébé s’est attaché à
lui, et Loup l’occupe. Si on m’avait dit qu’un jour je demanderais à un loup de
surveiller mes enfants ! s’esclaffa-t-elle.
— Oui, il vaut mieux que Loup t’accompagne, fit Ayla. Il
risquerait d’effaroucher Madenia.
— Allons la chercher, proposa Losaduna.
En se rendant au foyer où demeuraient Madenia et sa mère, Ayla
remarqua qu’elle était plus grande que Losaduna et se souvint de la première
impression qu’elle gardait de lui. Elle l’avait trouvé petit et timide. Elle le
considérait différemment maintenant. Certes, il n’avait pas une prestance
considérable, mais son attitude réservée et sa dignité tranquille cachaient une
profonde sensibilité et une forte personnalité.
Losaduna gratta à la peau de cuir brut tendue entre deux
perches. Une vieille femme souleva le rabat et les fit entrer. Elle sourcilla
en apercevant Ayla et lui jeta un regard amer.
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