Le grand voyage
l’examina de près. Elle avait le grain du
bois, et pourtant c’était bien une pierre. Elle n’avait jamais rien vu de
pareil. C’était du lignite, un charbon brun, à mi-chemin entre la tourbe et la
houille. Jondalar était réveillé et il s’approcha d’elle par-derrière. Elle lui
sourit et lui tendit la pierre.
— Solandia prétend qu’ils brûlent ça pour faire le feu,
dit-elle en remarquant que la pierre avait laissé une tache dans sa main.
Ce fut au tour de Jondalar d’examiner la pierre d’un air
incrédule.
— Ça ressemble à du bois, mais c’est pourtant de la pierre,
fit-il. Mais ce n’est pas aussi dur que du silex. Ça doit se casser facilement.
— Oui, dit Solandia. Les pierres qui brûlent cassent
facilement.
— Où les trouvez-vous ? demanda Jondalar.
— Au sud, près des montagnes, il y a des champs entiers de
pierres qui brûlent. Nous utilisons du bois pour commencer le feu, mais ceci
brûle plus fort et dure plus que le bois.
Ayla et Jondalar se regardèrent d’un air complice.
— J’y vais, dit Jondalar.
Lorsqu’il revint, Losaduna et le fils aîné, Larogi, étaient
réveillés.
— Vous avez des pierres qui brûlent, nous, une pierre à
feu, déclara Jondalar d’une voix triomphante. Une pierre pour faire jaillir le
feu.
— Et c’est Ayla qui l’a découverte ? demanda Losaduna
comme s’il connaissait déjà la réponse.
— Comment l’as-tu deviné ? s’étonna Jondalar.
— Peut-être parce que c’est lui que a trouvé les pierres
qui brûlent, intervint Solandia.
— Ça ressemblait tellement à du bois que j’ai voulu
essayer, et ça a brûlé, expliqua Losaduna.
— Ayla, montre-leur, demanda Jondalar en lui tendant la
pyrite de fer, le silex et de l’amadou.
Ayla arrangea l’amadou, cala la pyrite pour l’avoir bien en
main, la partie usée vers l’extérieur, et prit le morceau de silex. Avec l’habitude,
elle déclenchait toujours l’étincelle du premier coup. La minuscule flammèche
tomba sur l’amadou et en soufflant deux ou trois fois, Ayla fit apparaître une
flamme qui provoqua des murmures d’approbation.
— C’est stupéfiant ! déclara Losaduna.
— Pas davantage que vos pierres qui brûlent, protesta Ayla.
J’aimerais t’en offrir une pour ta Caverne. Nous en avons d’autres. Nous
pourrons peut-être faire une démonstration à la Cérémonie.
— Oui, ce serait le moment idéal ! Et j’accepte ton
présent avec joie, déclara Losaduna. Mais nous devons vous offrir quelque chose
en échange.
— Laduni nous a déjà promis de nous donner ce dont nous
avons besoin pour traverser le glacier, dit Jondalar. J’ai un Droit à Venir sur
lui, mais il nous aurait donné de quoi manger de toute façon. Les loups nous
ont volé nos vivres.
— Vous pensez traverser le glacier avec les chevaux ? demanda
Losaduna.
— Bien sûr fit Ayla.
— Comment allez-vous les nourrir ? Et l’eau ?
Deux chevaux boivent davantage que deux hommes, où trouverez-vous l’eau alors
qu’il n’y a que de la glace dure comme le roc ? demanda Celui Qui Sert.
Ayla lança un regard interrogateur à Jondalar.
— J’y ai pensé, dit-il, et je crois que nous allons
emporter de l’herbe sèche dans le canot.
— Et pourquoi pas des pierres qui brûlent ? fit
Losaduna. Vous n’aurez qu’à choisir un endroit pour faire du feu sur la glace.
Peut importe qu’elles soient mouillées, et vous serez moins encombrés.
Jondalar prit le temps de la réflexion, et un sourire radieux
illumina alors son visage.
— Excellente idée ! s’exclama-t-il. Nous les
emporterons dans le bateau. Il glissera aussi bien sur la glace s’il est
chargé, et nous prendrons aussi quelques pierres pour supporter le foyer. Je me
suis longtemps creusé la tête... je ne sais comment te remercier, Losaduna, tu
me soulages d’un gros souci.
En surprenant par hasard une conversation, Ayla apprit qu’elle
parlait avec un accent mamutoï, bien que Solandia penchait plutôt pour un léger
défaut d’élocution. Elle avait beau faire des efforts, elle n’arrivait pas à
surmonter sa difficulté à prononcer certains sons. Mais personne ne semblait en
faire grand cas, ce qui la rassura.
Les jours suivants, Ayla se lia avec le groupe de Losadunaï qui
habitait près du Puits Chaud. Chaque groupe constituait une Caverne, même s’il
ne vivait pas dans une grotte. Elle appréciait particulièrement ceux avec qui
elle partageait
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