Le grand voyage
croupe de Whinney pour une promenade, sous le regard
envieux des adultes. Ayla le leur aurait volontiers proposé aussi, mais elle
pensa finalement qu’il était trop tôt pour ce genre d’expérience.
Avec des pelles taillées dans de grands andouillers, Ayla et
Jondalar commencèrent à déblayer la neige autour de la caverne pour que les
chevaux pussent brouter. Ils furent bientôt rejoints par quelques Losadunaï et
le pré fut vite nettoyé. Mais l’exercice rappela à Jondalar les inquiétudes qui
l’avaient tourmenté ces derniers temps. Comment trouveraient-ils de la
nourriture, du fourrage, et surtout de l’eau potable pour eux-mêmes, Loup et
les deux chevaux, dans leur traversée de l’immense étendue de glace ?
Un peu plus tard, ce même soir, tout le monde se réunit dans
le large espace de cérémonie pour le récit des aventures d’Ayla et Jondalar.
Les animaux intriguaient tout particulièrement les Losadunaï. Solandia avait
déjà confié à Loup la charge de distraire les enfants et le spectacle du fauve
jouant avec les petits fascinait les adultes qui avaient du mal à en croire
leurs yeux. Ayla n’entra pas dans les détails de sa vie avec le Clan, et n’insista
pas sur la Malédiction qu’on lui avait lancée bien qu’elle fit part de quelques
divergences qui l’avaient opposée à ceux du Clan.
Les Losadunaï pensèrent simplement que le Clan était une
peuplade de l’est, mais lorsqu’Ayla tenta d’expliquer comment habituer les
animaux à vivre avec les humains et qu’elle prétendit ne pas avoir eu recours à
des forces surnaturelles pour les dresser, personne ne la crut. L’idée que n’importe
qui pût apprivoiser un loup ou un cheval était impossible à accepter. La
plupart se dirent que l’époque où Ayla vivait seule dans sa vallée
correspondait à une période d’épreuve imposée à ceux qui voulaient Servir la
Mère, et ils considéraient que sa compétence particulière avec les animaux
prouvait la justesse de son Vœu. Si elle n’était pas encore une Femme Qui Sert
la Mère, ce n’était plus qu’une question de temps.
Les Losadunaï furent très peinés d’apprendre que les deux
Voyageurs avaient eu des difficultés avec Attaroa et les S’Armunaï.
— Je comprends pourquoi si peu de visiteurs sont venus de l’est
ces dernières années, fit Laduni. Et vous dites qu’un de leurs prisonniers
était un Losadunaï ?
— Oui, j’ignore sous quel nom vous le connaissiez, mais
là-bas on l’appelait Ardemun. Il était resté invalide à la suite d’une
blessure. Il marchait en boitant, et comme il ne pouvait pas courir, Attaroa le
laissait aller et venir dans le Camp. C’est lui qui a libéré les hommes.
— Je me souviens d’un jeune homme qui avait entrepris le
Voyage, dit une vieille femme. J’ai su son nom... Comment était-ce déjà ?
Il avait un surnom... Ardemun... Ardi... non, Mardi. C’est ça, il se faisait
appeler Mardi !
— Ah, tu veux dire Menardi ? intervint quelqu’un. Je l’ai
rencontré dans une Réunion d’Été. On l’appelait Mardi et c’est vrai qu’il a
fait le Voyage. C’est donc ce qui lui est arrivé ! Son frère serait
content de le savoir encore en vie.
— Tant mieux qu’on puisse de nouveau voyager par là-bas,
déclara Laduni. Tu as eu de la chance de les éviter à l’aller, Jondalar.
— Thonolan était pressé d’arriver au bout de la Grande
Rivière Mère, expliqua Jondalar. Il ne voulait pas s’arrêter, et nous sommes
restés sur ce côté-ci du fleuve. Nous avons eu de la chance, c’est certain.
Après la soirée, Ayla fut contente de retrouver une couche
chaude dans un endroit sec à l’abri du vent. Elle s’endormit sur-le-champ.
Ayla adressa un sourire à Solandia qui nourrissait Micheri.
Elle s’était levée de bon matin et cherchait la pile de bois ou d’excréments qu’on
rangeait d’habitude près du foyer, mais ne vit qu’un tas de pierres brunâtres.
— J’aimerais faire une infusion, dit-elle à Solandia. Qu’est-ce
que vous utilisez pour le feu ? Dis-moi où c’est et j’irai le chercher.
— Pas la peine, il y en a plein ici.
Ayla regarda autour d’elle mais ne vit aucun combustible, et se
demanda si elle avait bien compris.
Devant son air déconcerté, Solandia ne put réprimer un sourire.
Elle étendit le bras et ramassa une des pierres brunes.
— Nous utilisons ça, expliqua-t-elle. Des pierres qui
brûlent.
Ayla prit la pierre et
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