Le grand voyage
troublant pour le malheureux
traqueur ! s’exclama Jondalar.
— Ah, les voilà ! s’écria Ayla en apercevant les
hautes plantes aux fleurs rose pâle et aux feuilles pointues qu’elle avait déjà
repérées plus tôt.
A l’aide de son bâton à fouir, elle extirpa vivement quelques
racines. Sur le chemin du retour, Ayla se mit à la recherche d’une pierre ou d’un
morceau de bois plat, et d’une pierre ronde pour broyer les racines et en
extraire la saponine qui donnerait une mousse purifiante. En amont, dans une
courbe de la rivière près de leur campement, le courant avait creusé une
cuvette d’un mètre de profondeur où l’eau était fraîche. Après s’être lavés,
ils explorèrent la rivière au fond rocheux, tantôt à la nage, tantôt en
marchant à contre-courant, jusqu’à une chute d’eau où le lit se rétrécissait et
les berges s’encaissaient.
L’endroit, avec l’eau bouillonnante, rappela à Ayla la petite
rivière de sa vallée, bien que le reste du paysage lui fît plutôt penser aux
pentes escarpées qui entouraient la caverne où elle avait grandi. Elle se
souvenait aussi d’une chute d’eau, moins abrupte, plus moussue, qui l’avait
conduite à la petite grotte qu’elle s’était ensuite appropriée, et qui lui avait
plus d’une fois servi de refuge.
Ils revinrent en se laissant porter par le courant, s’éclaboussant
en riant. Ayla adorait le rire de Jondalar. Il n’était pas avare de sourires,
cependant, plutôt enclin à la réserve et au sérieux, il riait rarement. Quand c’était
le cas, son rire exubérant et chaleureux éclatait de manière inattendue.
Lorsqu’ils sortirent et se séchèrent, il faisait encore doux.
Les gros nuages sombres au-dessus d’eux avaient disparu et le soleil couchant n’était
plus qu’une triste boule sombre, soulignée par des flots de lumière déchiquetés
qui se dispersaient dans toutes les directions. Une fois que la boule de feu
basculerait à l’horizon derrière les nuages noirs qui s’accumulaient à l’ouest,
le froid gagnerait rapidement. Ayla vit paître les chevaux dans une prairie à
flanc de colline, à portée de sifflet du campement. Loup n’était pas en vue.
Elle se dit qu’il chassait toujours quelque part en aval.
Elle prit le peigne à longues dents d’ivoire et une brosse en
poils de mammouth que Deegie lui avait offerts, tira sa fourrure de couchage
hors de la tente pour s’asseoir dessus et commença à se peigner les cheveux.
Assis à côté d’elle, Jondalar démêlait ses cheveux en broussaille avec un
peigne à trois dents.
— Laisse-moi t’aider, Jondalar, dit-elle, a genoux
derrière-lui.
Elle démêla les nœuds de ses longs cheveux blonds et raides,
tout en admirant leur couleur plus claire que les siens. Petite, ses cheveux
étaient presque blancs. Ils avaient foncé avec l’âge et étaient devenus d’un
jaune cendré proche de la teinte de la robe de Whinney.
Pendant qu’Ayla le coiffait, Jondalar ferma les yeux, profitant
de la chaude présence de la jeune femme dont la peau effleurait la sienne, et
avant qu’elle eût terminé une chaleur ne devant rien au soleil irradiait son
corps.
— A moi maintenant, déclara-t-il en se levant.
Elle n’en avait pas besoin et faillit refuser. Il ne lui devait
rien, ce n’était pas parce qu’elle l’avait peigné qu’il devait se sentir
obligé... mais comme il soulevait sa chevelure, lui dégageant la nuque,
caressant ses cheveux, elle se laissa convaincre.
Les cheveux d’Ayla avaient tendance à boucler et à s’emmêler,
mais il s’attela à la tâche avec patience et douceur, libérant chaque nœud à
petits coups. Ensuite, il la brossa jusqu’à ce que ses cheveux fussent soyeux
et secs. Elle ferma les yeux, envahie d’une étrange sensation, frémissante de
plaisir. Iza la peignait souvent quand elle était petite, démêlant ses boucles
avec une infinie douceur, mais aucun homme encore ne l’avait coiffée. Le
sentiment d’être aimée et choyée était délicieux.
De son côté, Jondalar prenait plaisir à cet exercice. La couleur
dorée lui rappelait l’herbe mûre, et quelques mèches décolorées par le soleil
étaient presque blanches. La chevelure étaient si brillante, si douce et si
belle, que la toucher échauffait ses sens et excitait son désir. Lorsqu’il eut
terminé, il reposa la brosse, dégagea le cou d’Ayla en soulevant les mèches
encore humides, et déposa des baisers sur ses
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