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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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Il engagea l’extrémité creuse de la hampe sur un crochet fiché dans une
cavité à l’arrière de l’engin, introduisit ses doigts dans la double boucle
située à la tête du propulseur, à mi-longueur. L’opération était rapide et se
faisait sans à-coup. Jondalar, les genoux légèrement fléchis, se mit aux
aguets. De son côté, Ayla avait chargé sa fronde et regrettait de ne pas avoir
emporté son propre propulseur.
    Loup se déplaçait furtivement dans les broussailles clairsemées,
et bondit soudain vers un arbre. Un froissement agita les faînes, et une petite
boule de fourrure escalada à toute vitesse le tronc lisse d’un hêtre. Debout
sur ses pattes postérieures, Loup aboya après la créature.
    Soudain, un bruit de feuilles attira leur regard vers le sommet
de l’arbre. Ils entrevirent la fourrure dorée et la longue forme sinueuse d’une
martre qui poursuivait l’écureuil couinant de peur, et qui croyait avoir
échappé au danger en se réfugiant dans l’arbre. Ainsi, Loup n’était pas seul à
trouver l’écureuil digne d’intérêt, mais l’espèce de grosse belette d’une
cinquantaine de centimètres, et dont la queue touffue doublait encore la
taille, avait plus de chances de réussir. La martre grimpait aux plus hautes
branches avec autant de vivacité et de souplesse que sa proie.
    — On dirait que cet écureuil est tombé dans les braises en
voulant échapper à la cuisson, remarqua Jondalar en spectateur intéressé.
    — Il peut s’en tirer, pronostiqua Ayla.
    — Oh, ça m’étonnerait. Je ne parierais pas un silex sur
lui. L’écureuil faisait entendre des petits cris de plus en plus aigus. Le
jacassement rauque d’un geai excité augmenta le vacarme, et une mésange s’annonça
en zinzinulant. Loup n’y tint plus. La tête levée vers le ciel, il hurla
longuement. Le petit écureuil fila à l’extrémité d’une branche, et sous les
regards ébahis des humains, il sauta dans le vide. Membres écartés, les replis
de sa peau tendus comme une toile joignant les quatre pattes, il fendit les
airs.
    Ayla retint son souffle, médusée par l’habileté de l’écureuil à
éviter les obstacles. Sa queue touffue lui servait de gouvernail. En changeant
la position de ses pattes et de sa queue, il modifia la tension de la membrane
pour diriger sa descente en vol plané. Il décrivit ainsi une large courbe jusqu’à
un arbre préalablement visé, et en l’approchant, redressa son corps et sa queue
pour se poser vers le bas du tronc, qu’il s’empressa d’escalader. Arrivé aux
branches hautes, le petit animal de fourrure contourna le tronc et redescendit,
tête la première, ses griffes arrière bien plantées dans l’écorce pour lui
donner un point d’ancrage. Il scruta les environs, et disparut dans un trou.
Son envol spectaculaire lui avait permis d’échapper à son prédateur, mais cette
prouesse stupéfiante ne réussissait pas toujours.
    Debout sur ses pattes arrière, Loup examinait le feuillage à la
recherche de l’écureuil qui l’avait si facilement semé. Il retomba sur ses
pattes et se mit à renifler les broussailles. Attiré par une autre odeur, il se
rua vers sa nouvelle proie.
    — Ça alors ! s’exclama Ayla avec un sourire
émerveillé. Je ne savais pas que les écureuils volaient.
    — Eh bien, j’aurais dû parier finalement. J’en avais déjà
entendu parler, mais je n’y croyais pas vraiment. Des gens m’avaient raconté qu’ils
avaient vu des écureuils voler la nuit, mais je pensais qu’ils les avaient
confondus avec des chauves-souris. En tout cas, c’était bien un écureuil, cette
fois-ci. Voilà, ajouta Jondalar avec une mimique désabusée, maintenant je serai
celui qu’on ne croit pas quand il raconte ses histoires d’écureuils volants.
    — Heureusement, ce n’était qu’un écureuil ! souffla
Ayla, soulagée. Elle fut prise d’un frisson. Elle leva la tête et constata qu’un
nuage cachait le soleil. Mais le froid n’était pas l’unique cause de son
frisson.
    — Je me demandais bien ce que Loup avait encore débusqué,
reprit-elle.
    Légèrement honteux de sa réaction intempestive à un danger
imaginaire, Jondalar relâcha sa prise sur son propulseur, mais garda l’engin en
main.
    — J’ai cru qu’il pouvait s’agir d’un ours, se
justifia-t-il. Surtout dans un bois aussi dense.
    — Il y a toujours des arbres aux abords des rivières, mais
je n’en ai pas vu de cette espèce depuis que

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