Le grand voyage
étaient
remarquables, fruits d’une longue expérience et d’années de dressage spontané.
Les signaux qu’elle adressait à sa monture étaient comme des extensions de son
propre corps et non comme des ordres. Il lui suffisait de penser à la direction
à prendre pour que la jument comprît. Si grande était leur complicité qu’Ayla
ne se rendait pas compte que ses pensées s’accompagnaient de mouvements
subtils, immédiatement enregistrés par l’intelligente Whinney.
Au moment même où Ayla armait son lancer, Loup avait rattrapé la
vache. Celle-ci, un instant distraite par ce prédateur familier, dévia
légèrement sa trajectoire et ralentit. Le loup bondit sur l’énorme aurochs qui
lui fit face pour le menacer de ses cornes massives. Le loup recula, puis s’élança
de nouveau, et, cherchant un point vulnérable, planta ses crocs acérés de toute
la force de ses puissantes mâchoires dans le museau fragile de la vache. L’énorme
bête redressa la tête en soulevant Loup, et le secoua pour lui faire lâcher
prise. Ballotté comme un vulgaire sac de fourrure, l’intrépide canin tint bon.
Dès que Jondalar eut remarqué le ralentissement de la vache, il
s’apprêta à en tirer parti. Lancé au triple galop, il propulsa de toutes ses
forces la sagaie à bout portant. La pointe effilée perça le flanc de l’aurochs,
pénétra profondément entre les côtes et atteignit des organes vitaux. Ayla
arrivait juste derrière, et sa sagaie s’enfonça sous la cage thoracique, dans
le flanc opposé. Loup resta accroché au museau jusqu’à ce que la vache s’écroule.
Tirée par le poids du loup, elle s’abattit sur le côté, brisant la sagaie de
Jondalar.
— Mais enfin, Jondalar, il nous a aidés ! s’écria
Ayla. Il a empêché la vache d’atteindre les fourrés.
Dans la mare de sang qui s’écoulait de la gorge de l’aurochs par
l’entaille qu’avait pratiquée Jondalar, ils bataillaient pour retourner l’aurochs
et exposer son ventre.
— Oui, mais s’il ne s’était pas précipité sur elle comme il
l’a fait, on l’aurait peut-être tuée avant qu’elle ait eu le temps de s’enfuir,
répliqua Jondalar.
Il ramassa sa hampe brisée et la jeta au sol, râlant contre le
sort, se disant qu’il aurait pu la récupérer si le loup ne s’était pas pendu au
museau de la vache. Une bonne sagaie exigeait beaucoup de travail.
— Ça, tu n’en sais rien, protesta Ayla. Elle nous a bien
esquivés, et elle était rapide.
— Les aurochs ne nous avaient pas sentis avant que Loup ne
se montre. J’ai essayé de te prévenir pour que tu l’arrêtes, mais je n’osais
pas crier pour ne pas les effrayer.
— Je ne comprenais pas ce que tu voulais. Pourquoi n’as-tu
pas utilisé le langage du Clan ? Je t’ai fait signe mais tu ne regardais
pas de mon côté.
Les signes du Clan ? pensa Jondalar. Cela ne lui était pas
venu à l’esprit. Et pourtant, quel bon moyen de communiquer pendant les
chasses !
— De toute façon, ça n’aurait rien changé, maugréa-t-il. Il
ne t’aurait pas écoutée.
— Je n’en sais rien, mais je t’assure qu’il peut nous être
utile. Il m’a déjà aidée à lever des petites proies. Bébé avait appris à
chasser avec moi. C’était un excellent partenaire. Ce qu’un lion des cavernes
peut faire, un loup en est capable aussi, affirma Ayla, volant au secours de
son louveteau.
Après tout, ils avaient tué l’aurochs et Loup les y avait aidés.
Jondalar pensait qu’Ayla était trop indulgente mais il jugeait
inutile de discuter. Elle traitait l’animal comme un enfant, et s’entêterait à
le défendre.
— Allons, nous ferions bien d’étriper cette vache avant qu’elle
n’enfle, dit Jondalar. Il faudra aussi la dépouiller et la découper sur place
pour pouvoir la rapporter au Camp. Ah, j’oubliais ! Il y a Loup.
— Loup ? Quel est le problème ?
— Si nous découpons l’aurochs, il va manger les morceaux
qui restent ici pendant que nous transporterons les autres au Camp ! s’écria
Jondalar avec colère. Et quand nous reviendrons chercher d’autres morceaux, il
ira manger ceux que nous aurons laissés au Camp. Il faut que l’un de nous reste
ici, et l’autre là-bas. Mais alors qui transportera la viande ? Nous
allons être obligés de planter la tente ici pendant que la viande séchera, nous
ne pourrons pas dormir au Camp. Et tout ça, à cause de Loup !
Exaspéré par Loup, il n’était plus à
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