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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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repartie.
    — Triple buse, imbécile, lançait-elle, laisse-moi passer ! Regardez cet animal ! Crois-tu que j’aie crevé mon cheval afin d’arriver ici au triple galop pour me heurter à un crétin comme toi, alors que chaque instant est précieux ? Comment faut-il te le dire ? Laisse-moi passer ! Je dois voir à l’instant l’un de tes chefs.
    — Pas question !
    Doremus s’approcha et demanda :
    — Qu’y a-t-il ?
    — De quoi te mêles-tu, toi ! lui lança la cavalière.
    — Je crois que je peux t’aider : je suis l’un des assistants des missi dominici.
    La jeune fille le dévisagea.
    — Si tu es qui tu dis, mène-moi à eux ! Je suis Clotilde, fille d’Isembard. Ce qui se prépare peut tourner au pire. Je te prie.
    — Inutile de me prier : suis-moi !
    Le comte Childebrand, qui se trouvait en compagnie de Timothée, les reçut immédiatement. Clotilde s’inclina profondément pour un salut respectueux. Son bonnet tomba, laissant ruisseler une chevelure de jais. Elle se releva avec un mouvement vif de la tête pour rejeter ses cheveux en arrière.
    — Quand j’ai quitté Luchy, seigneur…
    — C’est la résidence des Gérold, rappela le Grec. Elle est fille d’Isembard et s’appelle Clotilde.
    — Continue ! dit le comte.
    — Oui, quand j’ai quitté la villa de mon père, poursuivit-elle, mon frère Badfred rassemblait une vingtaine d’hommes d’armes dans l’intention de se rendre à Escamps, la résidence de Frébald, pour venger par le glaive et la flèche le meurtre de Wadalde.
    — Combien de temps de cela ? demanda Childebrand très alarmé.
    — Le temps de venir ici au galop : une bonne heure et demie.
    — Et de Luchy jusqu’à Escamps, combien ?
    — En passant par Pourrain, pas loin de deux.
    Le comte se dressa.
     
    — Appelle Hermant, lança-t-il à Timothée. Qu’il mobilise deux douzaines de gardes ! Tenue de combat ! Toi-même, pars immédiatement pour la résidence des Nibelung ! Donne l’alerte ! Toi, Doremus, va prévenir l’ami Erwin et frère Antoine ! Ils prendront les mesures qu’ils estimeront nécessaires.
    Childebrand se tourna vers Clotilde.
    — Je pense que nous pourrons intervenir à temps, assura-t-il. Cela dit, pourquoi est-ce toi qui as accouru jusqu’ici pour donner l’alerte ? Pourquoi pas ton père ?
    — Il n’était pas à Luchy. Il n’y avait pas de temps à perdre.
    — Si ce que tu nous as annoncé est exact…
    — C’est exact !
    — Si donc c’est exact, en effet, pas de temps à perdre !
    Childebrand adressa un sourire à la jeune fille.
    — Tu as mérité repos et réconfort, dit-il. Marie-Flore, notre intendante, va prendre soin de toi. Aie confiance, Clotilde !
    — Comment n’aurais-je pas confiance en un missus dominicus comme toi ! affirma-t-elle en s’inclinant.
    Le comte ceignit son glaive, l’air satisfait.
    — Allons ! lança-t-il.

CHAPITRE III
     
    Le comte Childebrand avait estimé qu’il ne pourrait parvenir à intercepter Badfred et sa troupe avant qu’ils n’arrivent à la résidence des Nibelung. Aussi les gardes de la mission conduits par Hermant s’y étaient-ils rendus par le chemin le plus court et en éperonnant leurs montures. Quand ils arrivèrent en vue du hameau que constituait la villa de Frébald avec ses dépendances, le fils d’Isembard et les siens y étaient déjà parvenus. Ils formaient une ligne menaçante à environ trois cents pieds des premières demeures. Devant celles-ci, lui faisant face, les Nibelung s’étaient mis en défense : une vingtaine de cavaliers qui portaient broigne, écu et glaive et, entre eux, une trentaine de fantassins et d’archers protégés par de grands boucliers.
    — Merci, Seigneur, s’écria le missus dominicus, ils n’ont pas commencé à s’étriper.
    Dans un silence inquiétant que troublaient seulement les ébrouements de chevaux, une voix lointaine s’éleva. Childebrand s’approcha. Entre les deux alignements hostiles, un cavalier, seul, à mi-distance des uns et des autres, était tourné vers les Gérold. Hermant, qui progressait à côté de son maître, lui glissa :
    — C’est Isembard. Dois-je placer les nôtres, à sa hauteur, en ligne d’interception ?
    — Pas encore ! répondit le missus. Que les gardes se tiennent prêts à intervenir, glaive au clair ! A mon signal seulement.
    Quand les cavaliers de la mission impériale étaient apparus, tous, ceux des Gérold comme

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