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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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mari, Nicolas, était scribe à la cathédrale. Elle-même était la fille du sage médecin Isaac et, comme chacun le savait, elle avait été rejetée par sa famille après avoir épousé un chrétien. Toutefois les voisines avaient souvent vu le médecin entrer dans la demeure de maîtresse Rebecca quand il passait dans le quartier, mais elles n’en parlaient pas.
    — Ils cherchent des preuves en vue du procès, dit-elle, mais peut-être qu’ils passent prendre des affaires pour le détenu. D’ailleurs… regardez, ils portent un ballot. Maîtresse Regina les accompagne et elle aussi porte quelque chose. Le procès a été retardé, il a besoin de linge propre, vous comprenez, expliqua-t-elle avec toute la conviction d’une femme dont le mari assiste souvent aux procès épiscopaux.
    — C’est plutôt lourd, son paquet, non ? fit remarquer une femme.
    — Oh, je ne crois pas ! lui répondit Rebecca. Quand on l’a arrêté, il n’avait sur lui que la vieille tunique qu’il portait pour aider Romeu. Il doit y avoir là une tunique neuve, des bottes et une chemise ou deux.
    Les femmes acquiescèrent. Les gardes avaient à peine disparu qu’elles étaient persuadées que l’enfant de neuf ans transporté par les gardes dans une couverture n’était en fait qu’un paquet de vêtements et des bottes.
    Carles, le fils de Rebecca, réclama à manger. Elle sourit à ses voisines et, transpirant sous les efforts qu’elle venait de fournir, rentra chez elle.
     
    Accompagné de Raquel, Isaac rencontra au palais épiscopal le groupe de six personnes, soit les quatre gardes, Regina et Tomás.
    — Il devrait être en sécurité ici, dit Bernat qui avait veillé à ce qu’il fût bien installé.
    — Sauf que la ville tout entière doit maintenant savoir où il est, dit Berenguer. On ne peut porter un enfant dans les rues sans que cela se remarque.
    — Il est possible qu’on n’ait rien remarqué, intervint Isaac. J’ai organisé une légère diversion. Il vaut mieux que la personne qui a frappé l’enfant le croie tombé dans la rivière et emporté vers la mer.
    — Quelle forme de diversion ?
    — Ce garçon a été enveloppé dans une grosse couverture et ma fille Rebecca attendait près de la porte. Elle avait pour instructions de convaincre les curieux que les gardes venaient chercher des habits destinés à maître Lucà.
    — Elle a réussi son coup, maître Isaac, messire, dit l’un des gardes. Je l’ai jeté sur mon épaule comme un paquet de linge sale, mais j’ai tout de même fait attention de ne pas lui cogner la tête.

Cinquième partie LE PROCÈS

XVIII
Una sabor d’agre e dolç amor llança Un goût d’amour doux-amer se répand
    Les bruits de la maison tirèrent Daniel du sommeil. Un bébé pleurait ; une voix semonçait quelqu’un, peut-être une servante qui n’avait pas fait son travail. Il cligna des yeux, les ouvrit. En dépit de cette activité apparente, le monde qui l’entourait était encore plongé dans l’obscurité. Il s’assit avec difficulté, se débattit avec des vêtements qui ne lui étaient pas familiers et fut un instant pris de panique. Rien n’avait de sens, hormis cette voix qui ne lui était pas inconnue…
    — Ne vous inquiétez pas, maman, dit une voix qui ne lui était en rien étrangère. Je vais m’en occuper.
    La porte s’ouvrit. La lumière et les souvenirs inondèrent la pièce.
    — Raquel, dit-il, mais que fais-je ici ?
    — Vous êtes au calme, tout simplement, murmura-t-elle en ouvrant les lourds volets. Je vous ai apporté votre déjeuner. Il y a de l’eau pour votre toilette et votre linge de rechange est posé sur la table de papa. Je reviens dans un instant. C’est jour de ménage aujourd’hui et nul ne doit savoir que vous êtes ici.
     
    — Il faudra le demander à papa, dit Raquel quand elle revint. Je lui ai parlé un instant ce matin : il a bien précisé que vous ne deviez vous montrer à personne, même pas à maman, aux jumeaux ou aux serviteurs. Même à Naomi. Ensuite, il est parti précipitamment voir l’évêque.
    — J’ai du mal à comprendre. Pourquoi dois-je me cacher ? Et durant combien de temps ?
    — Je suis certaine que papa vous expliquera tout mieux que moi, répéta Raquel, mi-exaspérée, mi-perplexe.
    — Je ne puis rester dans le noir dans le cabinet de votre père, je vais devenir fou.
    — Rassurez-vous, je vous tiendrai compagnie, et vous ne serez dans le noir que la

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