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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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fabriquer des poisons ainsi que leurs antidotes, mais aucun ne s’appelle ainsi, à ma connaissance.
    — Dans ce cas, Cristià ? Joan Cristià ?
    — Ce n’est pas un empoisonneur, Votre Excellence. Ah non, pas Joan. Peu importe ce qu’on raconte. C’est un herboriste habile dans son art, voilà ce qu’il est. Quelques-unes de ses potions contiennent d’infimes quantités de poisons, Votre Excellence, il l’admet volontiers, mais elles sont tellement diluées que le poison en question soigne et renforce l’organisme au lieu de le détruire. Il maîtrise au mieux son art, je vous l’assure.
    — Quel rapport avez-vous avec lui ?
    — Je l’ai rencontré lors de mon apprentissage. Je l’admirais beaucoup et son talent m’éblouissait, Votre Excellence. Ce qu’il réalisait me paraissait si important que je voulais à tout prix en faire autant, mais je crois que j’étais déjà trop vieux quand j’ai débuté. J’ai appris de lui un certain nombre de choses et j’ai voyagé à ses côtés pendant quelque temps parce qu’il n’avait ni assistant ni apprenti à l’époque. Je l’aidais en cueillant des plantes, je m’efforçais d’apprendre leurs noms et leurs propriétés. Mais ma lenteur lui déplut et nous nous séparâmes. Je suis revenu dans cette ville parce que l’une de ses relations m’avait confié que maître Isaac était un grand herboriste.
    — Pourquoi avoir déclaré que vous étiez parent avec maître Mordecai ? lui demanda Isaac.
    — Je pensais que cela me faciliterait l’entrée dans la communauté, maître Isaac. J’étais trop maladroit et trop ignorant pour comprendre ce que mon mensonge avait d’insensé.
    — Quand êtes-vous rentré en Catalogne ? lui demanda Bernat à brûle-pourpoint.
    — Au printemps, mon père. Avant la guerre. Car je savais qu’elle allait éclater…
    — Vous étiez en Sardaigne, dit l’évêque.
    — Oui, Votre Excellence, nous y étions. À Alghero. Joan Cristià affirmait que nous nous rendions à Gênes, mais il changea d’idée et nous sommes allés à Alghero.
    — Je vois. Comment saviez-vous qu’il y aurait la guerre ?
    — Tout le monde le savait, Votre Excellence. Il y avait des préparatifs, des rumeurs circulaient et les gens prenaient parti. Joan Cristià prétendait qu’avec tous ces événements, je serais plus un fardeau qu’une aide, alors je m’en suis allé.
    — Comment avez-vous quitté l’île ?
    — Je me suis engagé sur un navire à destination de Valence. De là, j’ai marché et j’ai trouvé du travail tout au long de mon chemin. J’ai rencontré des gens intéressants, des bons et des mauvais, et aussi beaucoup de gentillesse et de générosité. Il m’a fallu près d’un an pour arriver. Et regardez où j’en suis, ajouta-t-il tristement. Non que je me plaigne, Votre Excellence. Dieu nous envoie des épreuves pour nous punir de nos mauvaises actions, même si les hommes se fourvoient sur les raisons de ce châtiment.
    — Vous n’avez donc pas empoisonné maître Narcís Bellfont ?
    — Non, Votre Excellence.
    — Ni maîtresse Magdalena ?
    — Non plus.
    — Et vous n’avez pas tenté d’empoisonner maître Mordecai ?
    — Certainement pas, Votre Excellence. Comment aurais-je pu vouloir nuire à ces gens-là ? Ils ont tous été bons envers moi et m’ont traité en ami. Et je jure que le remède que je leur ai donné est l’un de ceux dont Joan Cristià m’a enseigné la préparation et qu’il sert à apaiser douleurs et crampes. Il disait que c’était l’un des plus utiles qu’il connaissait et qu’il ferait ma fortune. Chaque fois, je l’ai essayé sur moi-même pour m’assurer que ce n’était pas trop fort. Je ne pouvais commettre d’erreur : j’aurais été le premier à en mourir, pas le dernier.
    — L’enfant vous a identifié à votre voix.
    — Quel enfant, Votre Excellence ? demanda Lucà.
    — Celui du pont.
    — Il y a beaucoup d’enfants qui se retrouvent aux abords des ponts, Votre Excellence. Il est vrai que certains me connaissent, mais je ne comprends pas le sens de votre question.
    — Nous en discuterons plus tard. C’est tout pour maintenant. Votre témoignage sera présenté lors de votre procès et vous aurez la possibilité de dire ce que vous voudrez pour votre défense ou pour adoucir votre peine.
    Sur un signe de tête de Berenguer, Lucà fut reconduit dans sa cellule.
    Berenguer s’était à peine attelé à

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