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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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du fromage et remonta en silence l’escalier qui menait au grenier et au toit. Elle s’avança à pas feutrés entre les râteliers servant au séchage des provisions, ouvrit les volets et passa la tête par une petite fenêtre. De là, elle pouvait voir la ville et Daniel qui, sur sa mule, disparaissait dans la lumière argentée du jour naissant. Bien après, elle resta là à réfléchir, jusqu’à ce que deux silhouettes à flanc de colline attirent son regard.
    Deux personnages récoltaient des plantes. L’un d’eux, elle ne pouvait en douter, était Yusuf. Ce corps mince, ces cheveux bruns, ces mouvements empreints de souplesse ne pouvaient être que les siens. Et puis, près des arbres, elle vit une jument baie. C’était bien Yusuf. Le second personnage semblait ramasser des herbes ou peut-être des champignons.
    Il s’approcha de Yusuf. Grand, large d’épaules, il n’avait rien d’un apprenti envoyé par son maître. En fait, se dit Raquel, c’était probablement Lucà. Yusuf ne s’était-il pas plaint qu’il le suivait partout ? Après quelques instants de ce qui ressemblait à une conversation, Yusuf fouilla dans son panier et tendit quelque chose au nouveau venu.
    Raquel sourit. Elle s’imaginait déjà en train d’interroger le jeune garçon. Elle réfléchissait à ce qu’elle lui dirait quand son attention fut attirée par la silhouette d’un individu parmi les arbres. Il observait Yusuf et Lucà. Quand ils descendirent le long de la colline, il ramassa un petit paquet et se déplaça latéralement pour continuer à les voir. À cet instant, les premiers rayons du soleil frappèrent à l’oblique le flanc de la colline et changèrent les cheveux clairs de l’étranger en un halo de feu.
    Il s’assit dans l’herbe, son paquet à côté de lui, les bras autour des jambes, et observa les deux cueilleurs avec le plus grand intérêt. Raquel secoua la tête et quitta le grenier, étonnée de ce qu’elle avait vu.
     
    Mardi 7 avril
     
    Portant la demi-miche de pain fourrée de fromage qui devait lui servir de déjeuner, Daniel grimpa sur la mule placide fournie par maître Mordecai et prit la direction de la grand-route. La lune décroissante éclairait le sud-ouest de sa lueur pâle.
    — Pourquoi partir d’aussi bon matin ? demanda-t-il à Salomó Vidal. Je croyais que le bateau n’appareillait pas avant demain matin. Nous ne sommes pas si loin que ça de Barcelone.
    Salomó était le marchand qui avait accepté que Daniel l’accompagnât, lui et ses deux robustes serviteurs, à l’unique condition qu’il ne leur pose aucun problème.
    Il éperonna sa mule et fit signe à Daniel de le rattraper.
    — Je connais le capitaine, dit-il. La cargaison sera mise en cale ce matin. Si le vent est favorable, nous quitterons aussitôt le port. Si nous nous trouvons là, il nous emmènera, mais si nous tardons trop, il n’hésitera pas à nous laisser à quai. Il faut donc se hâter, mon garçon.
    — Mais il n’y a aucun vent ! protesta Daniel.
    — Il y en aura. Pas question de vous endormir sur votre bête. Si le vent souffle du nord, il donnera de la voile avant midi. Je n’aimerais pas le rater.
    — Et moi, je serai heureux de faire l’aller et retour le plus vite possible.
    — Tant mieux. Je dois tout de même vous prévenir de ne compter sur rien. On ne sait jamais, avec les vents printaniers.
    — Seraient-ils plus fiables le reste de l’année ? demanda Daniel en toute innocence.
    Le marchand éclata de rire, un rire sonore venu du fond du cœur, si fort que les chiens alentour se mirent à aboyer.
    — Ah, vous m’avez eu, dit-il. Oui, vous avez raison. On ne sait jamais ce que l’on va affronter.
     
    Ils arrivèrent à Barcelone une demi-heure après tierce. Serviteurs et maîtresses se bousculaient dans la rue pour acheter volailles, poissons, viandes et fruits. Quand le soleil serait haut, le marché se viderait, et les produits invendus trouveraient preneurs auprès des paresseux et des personnes qui manquaient d’organisation. Ils mirent les mules à l’écurie à l’extérieur des murailles de la ville. Les deux serviteurs portant les bagages, ils descendirent vers la grève où des canots circulaient en tous sens pour livrer leur cargaison aux navires qui avaient prudemment jeté l’ancre loin du rivage.
    — Le voilà, dit Salomó. Le pirate à la mine patibulaire que l’on voit là-bas.
    — J’espère qu’il est plus affable qu’il en a

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