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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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matrones et se lança à sa poursuite.
    — Voilà, c’est là, dit l’enfant en se retournant pour s’assurer qu’il n’avait pas semé son client. Juste derrière ce vieux portail. Vous voulez que je frappe ?
    — Non, ça ira. Attends que j’aie vérifié qu’il s’agit bien de la bonne maison.
    Un lourd portail de bois dissimulait une grande partie de la bâtisse, mais le peu que Daniel voyait en levant les yeux était imposant de par sa taille et sa décoration. Deux séries de larges fenêtres donnaient sur la rue, ainsi que quelques-unes de plus petites dimensions ; des pierres sculptées ornaient chacune d’elles. Il actionna la cloche et, mû par la curiosité, colla son œil à une fissure entre le portail et le mur. Il vit une partie d’un escalier et un arbre dans la cour, puis il se releva brusquement en entendant quelqu’un marmonner et des pas claquer sur le pavage. Il recula juste à temps et le portail s’ouvrit.
    — Je cherche maître Maimó, annonça Daniel.
    — Le maître n’est pas là, répondit le serviteur d’un air revêche, prêt à lui refermer la porte au nez.
    — Veux-tu lui donner ceci ? dit Daniel en lui tendant une lettre scellée. Il m’attend, je crois.
    — Je vais voir. Restez là.
    — Hé, je vous ai dit que c’était bien cette maison, dit l’enfant avec beaucoup de sérieux.
    — Merci pour ton aide. Comment t’appelles-tu, si j’ai besoin de trouver d’autres endroits ?
    — Miquel.
    Daniel lui tendit la pièce et en ajouta une autre.
    Le gamin partit en courant.
    — Je suis toujours sur la place, lança-t-il par-dessus son épaule. C’est là que je travaille.
    Daniel le regarda partir puis il s’adossa au portail et observa la rue. C’est alors qu’il le vit enfin. Sans s’en rendre compte, il avait marché jusqu’à mi-hauteur d’une colline couronnée par un palais tout droit sorti des contes de son enfance avec ses tours orgueilleuses et ses hautes voûtes. Derrière ses murs, songea-t-il, se trouvaient de merveilleux jardins, des fontaines et des arbres donnant tous les fruits dont il avait connaissance. Le soleil inondait la rue, plutôt paisible à cette heure, et sa lumière aveuglante se reflétait sur le marbre et les tuiles des maisons.
    — C’est beau, n’est-ce pas ? dit derrière lui une voix agréable. C’est notre palais royal, l’Almudaina. Et vous devez être maître Daniel. Je suis Maimó. Mais entrez, je vous en prie.
    Daniel se retourna et resta un instant sans voix devant le spectacle qui s’offrait à lui. Le maître de maison avait ouvert tout grand le portail et le jeune homme se trouvait à présent à l’entrée d’une cour digne d’un palais royal. Des dalles aux riches couleurs formaient au sol des motifs complexes ; l’escalier menant aux appartements privés était le plus grand qu’il eût jamais vu dans une demeure privée. Tout autour de lui, des carreaux multicolores couvraient les murs. La chaleur du soleil était tempérée par le feuillage d’une paire d’arbres et une abondance d’arbustes en fleurs. À côté d’une telle richesse, la tunique de soie brun foncé de Maimó paraissait de la plus grande simplicité.
    — Je regrette que l’on vous ait fait attendre dans la rue, poursuivit Maimó. Je vous demande de bien vouloir pardonner à mon fidèle chien de garde. Notre ville ressemble au paradis, mais on y trouve parfois des êtres aussi étranges qu’hostiles. De plus, à cette époque de l’année, nous nous devons de redoubler de prudence. Désormais, il vous traitera avec la plus grande courtoisie, à moins qu’il ne vous voie vous précipiter sur moi, l’épée à la main !
    Il rit et Daniel en fit autant, non sans gêne.
     
    — Qu’est-ce qui vous amène dans notre charmante cité ? lui demanda Maimó, une fois qu’ils furent assis dans la cour et qu’on leur eut apporté gourmandises et rafraîchissements pour les faire patienter jusqu’au souper. Vous n’êtes pas là pour des gants, je suppose, même si nous avons ici des cuirs de toute beauté. Quand le vent soufflera d’une certaine direction, vous comprendrez où se situe le quartier des tanneurs, ajouta-t-il en tendant la main en direction du sud-est.
    — Ce doit être assez…
    — Ce n’est rien. Chaque ville a ses vents et ses odeurs. Ce qui pourrait davantage vous intéresser, ce sont les bateaux de tous les pays qui mouillent ici afin d’y faire commerce. Pour l’heure, plusieurs

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