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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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droit de pénétrer dans la chambre de Mordecai ni même dans la partie de la maison où elle se trouvait. La nouvelle se répandit très vite, dans le Call puis dans la ville, qu’il était gravement malade pour ne pas dire au seuil de la mort.
    Son médecin n’avait rien pu faire. Après une nouvelle journée à se lamenter et à se tordre les mains, la gouvernante avait enfin accepté d’appeler le jeune maître Lucà.
     
    Le lendemain matin, dès que l’heure lui parut raisonnable, Daniel se rendit une fois encore au Call afin d’y rechercher le jeune homme qui avait eu bien du mal à instruire Rubèn.
    — Oh, oui, ce fut un problème pour nous tous ! dit cet homme. Il n’était ni difficile ni grossier, seulement…
    Il parut chercher l’expression exacte.
    — Peut-être que les cours ne l’intéressaient pas ? suggéra Daniel. J’ai connu bien des enfants dans ce cas.
    — C’est possible, mais il se peut aussi qu’il ait eu l’esprit lent. Quel que soit le sujet, les autres garçons apprenaient plus vite que lui. En vérité, il était trop âgé pour fréquenter encore l’école. Il avait bien trois ou quatre ans de plus que la plupart de ses condisciples. À treize ou quatorze ans, cela fait une grande différence, vous savez.
    Daniel acquiesça, non sans se demander quelle sorte d’enfant pourrait patiemment accepter d’avoir des camarades de classe aussi jeunes.
    — Il a alors commencé à faire l’école buissonnière. Un jour, il ne venait pas, le lendemain, il partait avant la fin du cours.
    — Où allait-il ?
    — Je l’ignore, mais quelqu’un m’a dit l’avoir aperçu dans la ville basse, près des remparts ; pour un autre, c’était au-delà des tanneries – un quartier peu respectable, je dois le reconnaître. On y trouve beaucoup de catins, de voleurs et de gens du commun. Mais pour ma part je ne l’y ai jamais vu.
    Daniel le remercia longuement et lui donna une petite somme, sans préciser si c’était pour lui-même ou pour l’entretien de son école. L’homme l’accepta avec plaisir et, à en juger d’après l’état de sa tunique, il y avait bien des chances que cet argent ne revienne qu’à lui.
    Daniel remonta lentement vers la porte du Call. Il réfléchissait à ce qu’il ferait ensuite. Il pouvait demander conseil à maître Maimó, mais il lui parut indélicat de tout raconter à une personne connaissant si bien Perla et Mordecai. Si ce dernier avait voulu mettre son ami au courant, il lui aurait écrit, tout simplement. Un mot, discrétion, s’imposa à lui. Voilà ce qu’il devait être, discret.
    Il traversait la place quand on tira sur sa manche.
    — Je peux vous emmener quelque part aujourd’hui ? dit une voix pleine d’espoir.
    —  ¡  Hola ! Miquel. C’est possible, oui. Viens t’asseoir avec moi un instant.
    Ils prirent place à l’ombre d’un arbre où ils pouvaient jouir d’une certaine tranquillité.
    — Dis-moi, Miquel, as-tu entendu parler d’un garçon nommé Rubèn ? Il vivait au Call, mais je crois qu’il passait un bon bout de temps loin d’ici, seul ou avec des amis.
    — Quel âge ? demanda Miquel.
    — Il aurait quinze ans aujourd’hui.
    Miquel compara avec son âge à lui, dans la mesure où il pouvait le connaître.
    — De quoi il avait l’air ?
    — Grand, mince, le teint comme cet homme que tu vois là-bas, dit Daniel en désignant discrètement un individu dont la couleur de peau ressemblait à celle décrite par Perla. Des yeux verts aussi.
    — Comme un arbre ?
    — Non, un vert tirant plutôt sur le gris ou sur le brun.
    — Oui, d’accord. Je le connaissais, mais je n’ai jamais su son nom. D’ailleurs je savais jamais leur nom. Il parlait d’une drôle de façon, un peu comme vous, mais en plus accentué. Il y en a qui disent qu’il est mort.
    — En effet, à la fin de l’été dernier. Je crois que nous parlons bien de la même personne. Tu peux me renseigner sur ses amis ?
    — Eh bien… ils étaient plus vieux, beaucoup plus vieux que moi, maître. Ils ne m’ont jamais adressé la parole. Lui, si, mais eux ils se croyaient trop importants.
    — L’un d’eux vit près des tanneries ?
    — Ah oui, sa mère est une catin, c’est pour ça qu’il habite par là.
    — Et l’autre près des remparts extérieurs ?
    — Possible. Je les ai suivis une fois, je sais dans quelle rue ils sont allés, mais pas dans quelle maison.
    — Tu m’y

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