Le Huitième Péché
retour au téléphone. Elle avait déjà craint le pire après toutes ces semaines sans nouvelles de lui.
Le chauffeur de taxi se faufilait adroitement entre les files de voitures pour arriver au plus vite à l’aéroport de Fiumicino. Malberg ne put s’empêcher de vérifier qu’il n’était pas suivi.
Il n’arrivait pas à se débarrasser des habitudes qu’il avait prises ces derniers temps. Quarante minutes plus tard, il était à destination, en dépit d’une circulation matinale très dense.
Le chauffeur de taxi s’était démené pour rien : le vol AZ 0432 d’Alitalia, départ 9 h 45, arrivée 11 h 25 à Munich, avait du retard. Le mot Delayed clignotait sur les panneaux d’affichage dans le hall de départ.
Une hôtesse rousse pria les passagers d’excuser ce retard d’une heure dû à un changement de pneus sur l’appareil, et elle distribua des bons donnant droit à un petit-déjeuner copieux dans un café.
Ce petit-déjeuner convenait fort bien à Malberg, qui avait quitté l’appartement de Barbieri sans même prendre un café, et encore moins des œufs brouillés au bacon ou l’une des délicieuses tentations qui s’offraient maintenant à lui.
Il était fermement décidé à quitter l’appartement de Barbieri dès son retour, deux jours plus tard, pour s’installer dans une chambre d’hôtel correcte.
Entre les œufs brouillés et le petit pain tartiné de gelée de groseilles, Caterina l’appela sur son portable pour lui dire qu’elle l’aimait.
Il n’y avait rien de plus agréable que de recevoir une déclaration d’amour dès le matin.
Pendant qu’ils échangeaient des banalités, Malberg observait les va-et-vient incessants dans le hall de l’aéroport. Ses yeux s’arrêtèrent sur un pilote en uniforme clinquant, entouré de quatre hôtesses. Leurs regards se croisèrent au moment où le petit groupe se rapprochait de lui, et Malberg fronça les sourcils.
Le pilote s’immobilisa.
— Lukas ? demanda-t-il en hésitant.
— Max ? répondit Malberg, incrédule, tout en terminant sa communication avec Caterina.
Max Sydow. Un camarade de classe dont il avait gardé un tout autre souvenir. Lors de leur dernière rencontre, il était en jean et en veste de cuir, ce qui avait déplu à certains porteurs de costumes.
Et voilà qu’il arborait aujourd’hui un uniforme qui lui allait comme un gant, avec quatre galons, une chemise blanche et une cravate bleu foncé.
— Comme le monde est petit ! s’exclama Sydow en lui tombant dans les bras. Qu’est-ce que tu fais à Rome ?
— Oh, ce serait trop long à raconter.
— C’est le genre de question stupide. Que peut bien faire un homme cultivé comme toi à Rome !
Sydow jeta un coup d’œil à sa montre et dit aux hôtesses qu’il allait les rejoindre dans cinq minutes.
— J’embarque dans quelques minutes pour Le Caire, raconta Sydow, l’Airbus A320 est en préparation. Et toi, tu retournes à Munich ?
— J’y vais juste pour voir si tout se passe bien là-bas, opina Malberg. Je rentre après-demain à Rome.
— Tu vis ici ? Je t’envie. Moi, j’habite à Francfort.
— Non, non, ce n’est pas exactement ça, expliqua Malberg. Je suis venu à Rome pour affaires et j’y suis resté, un peu contre mon gré, et du fait de circonstances particulières.
— Je vois. Lukas Malberg, le solitaire, celui qui a toujours mieux su parler aux livres qu’aux femmes, est tombé amoureux d’une Romaine au sang chaud. Félicitations, elle s’appelle comment ? Je la connais ?
Malberg sourit. Sydow n’y allait pas par quatre chemins. Il n’avait pas changé. En matière de femmes, Max en connaissait un rayon…
— Caterina, elle s’appelle Caterina et elle est journaliste. Et si jamais tu as eu quoi que ce soit à faire avec elle, je ne me priverai pas de te mettre mon poing dans la figure.
Les deux hommes éclatèrent de rire.
— Pour parler sérieusement, reprit Malberg, ce n’est pas à cause de Caterina que je suis à Rome depuis dix semaines déjà. C’est à cause de Marlène.
— Marlène Ammer ? Ne me dis pas que tu étais tombé amoureux d’elle. Voyez-vous cela : Lukas, à qui tous auraient donné le bon Dieu sans confession, fricotant avec deux femmes à la fois. Mais je dois dire que c’est incroyable ce que Marlène a pu changer. Elle n’était pas comme ça, autrefois ! Tu te souviens des horribles pulls tricotés à la main qu’elle portait pour venir
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