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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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taxi, conduit par un Tunisien, le déposa sur la pittoresque Piazza Trinità dei Monti, à l’hôtel Hassler, qui donnait sur les Escaliers d’Espagne. Une chambre avec une vue superbe sur la ville avait été réservée à son nom.
    Après s’être rafraîchi et attardé quelques minutes à admirer la perspective sur les toits de la ville, Anicet décida de se rendre à pied au café Aragno, proche de la Piazza Colonna. C’est là, et non dans le café degli Inglesi ou dans le café del Buon Gusto, où tout le monde connaissait tout le monde, qu’il avait pris rendez-vous, dans la plus absolue discrétion.
    Il était d’ailleurs déjà attendu lorsqu’il arriva au café Aragno. John Duca, directeur de l’IOR, vêtu comme à son habitude de flanelle grise, semblait en colère. Le bonjour qu’ils échangèrent manquait de cordialité. Rien d’étonnant à cela puisque que les deux hommes n’étaient pas véritablement des amis. Ils ne s’accordaient que sur un seul point : leur ennemi commun. Ce qui était, Dieu merci, suffisant.
    — Que prendrez-vous ? demanda John Duca avec courtoisie.
    — Un café, répondit Anicet sèchement.
    Duca passa commande et engagea la conversation :
    — Vous permettez que je vous appelle Anicet ?
    Anicet acquiesça, l’air renfrogné.
    — Je vous en prie. Puisque c’est le nom que je porte depuis que j’ai raccroché ma mitre au portemanteau. Allons droit au fait.
    — Vous avez fait une allusion au téléphone.
    — Parfaitement. Il s’agit du suaire de Turin.
    — Allons donc !
    Cette remarque eut le don d’énerver Anicet.
    — Vous n’allez pas rire longtemps. Voici les faits : il y a quelques jours encore, ma confrérie était persuadée qu’elle détenait le suaire de Jésus de Nazareth.
    — Ah oui ? répondit Duca avec affectation. Je me vois dans l’obligation de vous décevoir, Anicet. Autant que je sache, le suaire est conservé, depuis peu de temps, dans les archives secrètes du Vatican. À l’initiative du cardinal Moro, on lui a substitué une copie. Cela signifie qu’à l’heure qu’il est, la copie se trouve à Turin, et l’original au Vatican.
    Anicet prit un air grave :
    — Ça, c’est ce que vous croyez !
    — Qu’entendez-vous par là ?
    — Le coffre dans lequel se trouvait le linceul au Vatican est vide.
    — Anicet, vous me pardonnerez de vous demander ce qui vous permet d’en être aussi sûr !
    — Ce linceul est entre les mains de la confrérie des Fideles Fidei Flagrantes .
    — C’est absolument impossible.
    Anicet eut un rire arrogant
    — Et pour couronner le tout, sachez que c’est le cardinal secrétaire d’État en personne qui est venu nous remettre cette relique, pour ainsi dire de son propre chef.
    — Gonzaga ?
    — C’est bien le nom de son Éminence, n’est-ce pas ?
    — Une minute ! l’interrompit Duca. Nous combattons tous les deux le même adversaire. Je suis d’avis que nous devrions jouer cartes sur table sans essayer de nous tromper mutuellement. Donc, je récapitule : vous prétendez que Gonzaga vous a livré, ou plutôt a livré à votre confrérie le linceul. C’est complètement absurde !
    — Je n’ose pas vous contredire ! Mais toute cette histoire est d’autant plus absurde que le suaire conservé dans les archives secrètes du Vatican, celui qui est actuellement en notre possession, n’est pas l’original, mais une copie diablement bien faite.
    — Mais alors, cela voudrait dire que le linceul conservé à Turin est bien l’original !
    — C’est une des possibilités.
    — Et quelles sont les autres ?
    Anicet pinça les lèvres.
    — J’aimerais l’entendre de votre bouche !
    — Vous suggérez qu’il y aurait une autre copie en circulation ?
    — Mon cher John, cette hypothèse serait déraisonnable, car vous multiplieriez par cent le risque que la supercherie soit découverte. Non, je ne pense pas que Gonzaga soit assez bête pour monter un coup pareil. Il semble que nous soyons confrontés à une situation qui échappe à toute explication logique.
    Désemparé, John Duca remuait sa cuillère dans sa tasse de café. Au bout d’un moment, il leva les yeux et regarda autour de lui pour s’assurer que personne ne les observait. Il avait l’habitude de ce genre de rencontres. Ce type particulier d’affaires ne se négociait jamais dans de bons restaurants, ni à l’intérieur du Vatican où les longs couloirs avaient des milliers

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