Le Japon
bâtiments de la flotte du Pacifique : 6 à 8 cuirassés, 2 ou 3 porte-avions, des croiseurs, des destroyers, des sous-marins, des mouilleurs de mines, des navires auxiliaires et, pour entretenir cette flotte, des réservoirs de pétrole, des cales sèches, des ateliers.
Contre les mauvaises surprises, la flotte est protégée par 25 000 hommes, des avions de l’Armée de terre et de l’Aéronavale. Rien à voir avec le légendaire Fort Alamo. Le général Short, qui commande les forces terrestres, exprime sa satisfaction le 7 avril 1941 : « Ici, à Hawaï, dit-il, nous vivons tous dans une citadelle ou dans une île terriblement fortifiée. » D’ailleurs les experts sont formels. Si une force ennemie, japonaise sans doute, voulaits’emparer d’Oahu, elle se heurterait à une invincible résistance. La DCA, les canons de la défense côtière, l’artillerie, les 35 forteresses volantes B17, les bombardiers en tous genres lui infligeraient de lourdes pertes. Reste la menace des saboteurs et des sous-marins. Une menace négligeable si les précautions élémentaires sont prises. La flotte du Pacifique n’a donc rien à craindre.
Tous les militaires ne partagent pas cet enthousiasme. Des marins regrettent que la flotte du Pacifique ne soit plus stationnée à San Diego (Californie), qu’elle ait été affaiblie au profit de la flotte de l’Atlantique, qu’elle ait la mission de faire peur aux Japonais sans en avoir les moyens. La flotte du Pacifique se sent mal aimée. Mais, ébréchée par la nouvelle stratégie des États-Unis, sa puissance lui donne, malgré tout, un formidable sentiment de sécurité.
Un sentiment qui vole en éclat, le dimanche 7 décembre 1941. Un peu avant 8 heures (heure locale, soit 13 h 30 heure de Washington), une vague de bombardiers déferle sur la base. Effet de surprise total. La base s’éveillait lentement. C’était le moment le plus calme de la semaine, celui où il ne se passe jamais rien. Les Américains commencent par ne pas comprendre. Le contre-amiral Furlong, à bord du mouilleur de mines Oglala , attendait son petit déjeuner lorsqu’une bombe explose à quelques mètres de son bâtiment. Réaction de Furlong : « Quel est ce pilote stupide qui a mal fixé son dispositif de bombardement ? » Car il croit que la bombe est tombée accidentellement d’un appareil américain. Sur l’ Oklahoma , l’alarme est donnée par le système des hauts-parleurs. Un des électriciens du cuirassé se rend à petits pas à son poste de combat. Bah ! soupire-t-il, encore un exercice ! Mêmes réactions de la part de Short qui pense que la Marine ne l’a pas informé de cesmanœuvres. L’amiral Kimmel, qui commande la flotte du Pacifique, prévenu par téléphone, se précipite dehors, tout en boutonnant sa vareuse. Sa voisine l’a observé : « Il n’arrivait pas à y croire. Il était complètement abasourdi. Son visage était aussi blanc que son uniforme. »
Partout, dans les premières minutes, l’incrédulité, l’impossibilité de se convaincre que ce sont bien les Japonais qui attaquent. Au milieu des explosions, des balles qui sifflent, du bruit assourdissant des moteurs d’avions, de la fumée et des incendies, les scènes de panique se succèdent. L’ Oklahoma chavire, quille en l’air. L’ Arizona subit une terrible explosion qui fait 1 000 morts. Sur le Vestal , amarré bord à bord avec l’ Arizona , le feu provoque des dégâts considérables et une centaine d’hommes sont projetés par-dessus le bastingage. Sur le pont, dit un témoin, on voyait des tonnes de débris, « des parties du navire, des jambes, des bras, des têtes ». Un peu plus loin, le West Virginia est torpillé. La base aérienne, toute proche, subit un assaut comparable. C’est de là que part, à 7 h 58, le premier message : « Raid aérien, Pearl Harbor. Ce n’est pas un exercice. » Quelques instants plus tard, message identique de Kimmel à Washington. À 8 h 12, Kimmel télégraphie à toutes les unités de la flotte du Pacifique et à l’amiral Stark, chef des Opérations navales : « Les hostilités avec le Japon viennent de commencer par un raid aérien sur Pearl Harbor. » À 8 h 17, il s’adresse à l’escadrille de patrouille : « Localisez la force ennemie. » Ce n’est pas l’hystérie, rapporte un témoin, c’est « l’effroi maîtrisé ». Tirer à la mitrailleuse sur les avions japonais, c’est bien, encore que
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